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Y a-t-il des images sans modèles ?

Publié le 06/01/2006

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Or, on peut supposer que l'image peut tout aussi bien être présentation tout court. Telle est ce que souligne Gaston Bachelard dans L'air et les songes. : « par l'imagination, nous abandonnons le cours ordinaire des choses. [...] Imaginer, c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle ». En ce sens, l'imagination est donc un instrument de libération : le réel n'a plus aucune emprise sur l'imaginaire ; et par les images ainsi produites, nous pénétrons dans un « ailleurs » sans modèle, sans référent. Pour Bachelard, l'endroit où ce mouvement de libération trouve son expression la plus flagrante est l'image littéraire.   c)      L'image littéraire Les images littéraires se distinguent des images en repos qui sont issues de l'imagination reproductrice : elles ont un mode propre de vie et de mobilité en ce qu'elles ne prennent modèle sur rien. En effet, « signifier autre chose et faire rêver autrement, telle est la double fonction de l'image littéraire ». Ainsi Rimbaud peut-il inventer la couleur des voyelles et Baudelaire parler de l'éclat d'une sombre flamme. Ici, les images ne reproduisent aucune structure ou cohérence qui lui préexiste : elle produit elle-même l'univers qu'elle explore (un univers où les voyelles sont colorées et la lumière peut obscurcir).
  • Remarques sur l'intitulé du sujet :

·        Le sujet invite à s'interroger sur une réalité (« y a-t-il … ? «)

·        La réalité en question = images sans modèles, c'est-à-dire des images qui n'auraient aucun référent, qui ne renverraient à rien d'autres qu'à elles-mêmes.

·        La difficulté tient à ce que de telles images, si elles existent, semblent ne plus être des images ; en effet, le propre de l'image, à première vue, consiste précisément à produire une copie ou un reflet du réel plus ou moins conformes et fidèles à cette réalité décalquée.

·        Toutefois, si la question se pose, c'est bien que certaines images semblent ne pas toujours se poser comme des doubles, semblent n'avoir aucun modèle. Exemple : l'image d'un être fantastique ou d'une cité parfaite… Ces images, que l'on peut trouver en couvertures de livres de Science-fiction ou sur un écran de cinéma n'ont aucun équivalent dans la réalité : leur modèles n'existe pas. Mais une fois de plus, qu'est-ce qui fait que ces « images « sont bien des images (et non des fantasmes par exemple) ?

·        Pour résoudre la difficulté, il conviendra de donner plusieurs sens au concept d'image et en particulier, il faudra bien déterminer les activités productrice d'images : celles-ci sont-elles toutes réductibles à la Mimesis (action de produire une image au moyen d'un modèle idéal ou réel) ? Il s'agira de savoir dans quelle mesure on peut accorder une part de créativité à l'imagination : est-elle nécessairement reproductrice ou peut-elle produire du nouveau (des images sans modèles) ?

·         On pourra aussi opérer une distinction au sein des images elles-mêmes : les images mentales (celles qui ne sont observables que d'un point de vue individuel, subjectif) et les images mondaines (celles qui existent en dehors de ma perception)

  • Problématique : On admet volontiers que la production d'images est mimétique. En ce sens, il n'y aurait pas d'images sans modèles. Pourtant, on admet aussi que l'imaginaire, et en particulier les images littéraires qui y sont produites, ne prennent modèles sur rien : elles sont à elles seules leur propre référent. On peut cependant se demander dans quelle mesure l'imagination est-elle capable de produire de la nouveauté, comment parvient-elle à s'abstraire de la réalité donnée pour constituer un univers (mental ou empirique) à part entière ? Y a-t-il des images sans modèles ou bien l'imagination est-elle toujours redevable d'une part d'imitation ?

 

« a) Qu'est-ce qu'une image sans modèle ? Nous avons vu que le modèle était ce sans quoi aucune image ne saurait être produite : parce que celle-ci renvoie à l'absence de son modèle – telle est sa fonction – elle doit donc, pour exister être comme un signe ou unsymbole, c'est-à-dire qu'elle doit être lue à la lumière de ce qu'elle n'est pas.

Exemple : panneau rouge et rondmarqué d'un trait blanc = image représentant l'énoncé absent « interdiction de circuler » ; de même, une feuille ouest dessiné un triangle de telle dimension = image donnant à voir le Triangle absent, triangle en soi. Ainsi, une image sans modèle serait une image autonome, une image qui n'a besoin que d'elle-même pour émerger .

Comment peut-elle être encore une image ? Comment peut-elle se défaire de sa relation au modèle (que celui-ci soit un objet absent ou passé) ? b) Il y a, outre les représentations reproductrices, des représentations imaginaires L'image n'a de modèle que dans la mesure où elle est produite comme « re-présentation ».

Or, on peut supposer que l'image peut tout aussi bien être présentation tout court.

Telle est ce que souligne Gaston Bachelard dans L'air et les songes .

: « par l'imagination, nous abandonnons le cours ordinaire des choses .

[…] Imaginer, c'est s'absenter, c'est s'élancer vers une vie nouvelle ».

En ce sens, l'imagination est donc un instrument de libération : le réel n'a plus aucune emprise sur l'imaginaire ; et par les images ainsi produites, nous pénétrons dans un « ailleurs » sans modèle, sans référent .

Pour Bachelard, l'endroit où ce mouvement de libération trouve son expression la plus flagrante est l'image littéraire.

c) L'image littéraire Les images littéraires se distinguent des images en repos qui sont issues de l'imagination reproductrice : elles ont un mode propre de vi e et de mobilité en ce qu'elles ne prennent modèle sur rien.

En effet, « signifier autre chose et faire rêver autrement, telle est la double fonction de l'image littéraire ».

Ainsi Rimbaud peut-il inventer la couleur desvoyelles et Baudelaire parler de l'éclat d'une sombre flamme.

Ici, les images ne reproduisent aucune structure oucohérence qui lui préexiste : elle produit elle-même l'univers qu'elle explore (un univers où les voyelles sont coloréeset la lumière peut obscurcir).

Transition :· Il peut y avoir des images sans modèles dans la mesure où l'imagination, qui en est la source, n'est pas seulement reproductive : l'imaginaire désigne cette sphère de la subjectivité où l'imagination se déprend de toutce qui n'est pas elle (= définition de l'imaginaire comme domaine des images autonome).

On a alors affaire à unmouvement de libération où l'image qui en résulte n'a plus besoin d'aucun modèle pour exister.· Finalement, nous sommes face à deux cas correspondant à deux usages de l'imagination : Ø s'il y a des images sans modèles, c'est que l'imagination : 1) est libre 2) liée au désir Ø au contraire, lorsque l'image n'est pas sans modèle, c'est que l'imagination : 1) peut être articulée à une expérience 2) est une faculté cognitive 3- IL FAUT DISTINGUER USAGE SYMBOLIQUE ET USAGE SCHÉMATIQUE DE L 'IMAGINATION Kant distingue au sein de l'imagination, ce qu'il appelle le schématisme et le symbolisme .

Le premier désigne la capacité qu'a l'imagination de produire des schèmes, c'est-à-dire une méthode ou une règle permettant de procurerà un concept son image.

Le schématisme est une opération a priori, c'est-à-dire qui est antérieur à l'expérience car il la rend possible.

Exemple : « .

.

.

.

. » = image du nombre 5 à partir du moment où subjectivement est effectuée un lien entre ces X (pris isolément, ceux-ci ne forment pas une image) ; ce lien = le schématisme = « .

.

.

.

. » .

L'image ne peut donc pas dans ce cas être sans modèle, et cela, non pas parce qu'elle seraittoujours mimétique, c'est-à-dire représentative, mais au sens où touteimage produite ou empirique, c'est-à-dire résultant a posteriori de l'imagination, n'est possible que conformément aux règles du schématisme . Dans le second cas, en revanche, il n'est question d'aucun concept : domaine privilégie du plaisir esthétique, l'usage symbolique de l'imaginationdésigne la capacité qu'a l'imagination de produire des « idées esthétiques » ou symboles.

Ici, l'image n'a pas de modèle au sens où elle est produite librement, affranchie des règles propre au schématisme puisquel'enjeu n'est pas de connaître mais de manifester un au-delà del'expérience – un « ailleurs » comme le dit Bachelard.

Cet usage est pour Kant le propre du « génie », c'est-à-dire la capacité de l'imagination àproduire du Beau. Finalement, il faut donc d'abord déterminer la perspective où se situe l'image avant de se demander si elle a ou non un modèle, puisque l'imagination qui a présidé a sa production peut, ou bien, être mise au service de laconnaissance, ou bien, au contraire, outre-passer les limites de l'expérience (en cherchant à rendre sensibles desIdées).. »

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