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Y a-t-il quelque chose que le langage ne puisse dire ?

Publié le 11/02/2011

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langage

I. ANALYSE DU SUJET. CONSEILS REMARQUES DE MÉTHODE    • Ce sujet, classique, est néanmoins délicat. Il interroge, en effet, sur un au-delà du langage, dont l'expression et la définition sont évidemment difficiles. Remémorez-vous bien toutes vos connaissances sur le langage.    • N'oubliez pas de préciser soigneusement le sens des notions contenues dans le sujet :    - Le langage, faculté des hommes de s'entendre au moyen de signes vocaux. Soulignez sa capacité de création et de relation ainsi que son rapport au réel.    - « Quelque chose «, qui représente ici une réalité indéterminée. Cette expression nous dirige vers la notion d'ineffable.    - Dire : exprimer, faire connaître.   

langage

« produire et manifester.

La question est donc de savoir si les mots, les signes linguistiques, ont le pouvoir d'exprimertoute réalité, s'il n'est pas un phénomène indéterminé que les signes vocaux soient impuissants à manifester et àproduire dans sa vérité. • Cet intitulé pose problème, dans la mesure où les signes linguistiques se caractérisent précisément par leur aspectprofondément dynamique.

Le langage, cette capacité de création indéfinie, de tout dire à travers un matériel limitéde signes, semble se définir par la possibilité d'exprimer n'importe quelle chose, n'importe quel phénomène, soitextérieur, soit intérieur.

On peut dès lors se demander comment le langage, ce pouvoir et cette puissance illimités,pourrait ne pas exprimer quelque réalité indéterminée.

N'y a-t-il pas contradiction dans les termes de l'énoncé, et lethème de Yineffable, suggéré par l'intitulé du sujet, ne représente-t-il pas une illusion? 2.

Discussion A) Thèse : il existe quelque chose que le langage ne peut exprimer: Malgré cette aporie initiale, il semble néanmoins que le langage ne puisse exprimer n'importe quelle chose.

Commentpourrait-il dire, en particulier, le vécu et la sensation, traduire les aspects qualitatifs de mon expérience, évoquerdonc l'immédiateté de mon moi dans toutes ses nuances intimes? Il semble qu'il y ait un fossé entre le langage(ensemble de signes non individuels) et la réalité immédiate (sous son aspect entièrement subjectif).

En fait, lesmots du langage transposent la réalité sensible soit extérieure, soit intérieure, dans un autre domaine beaucoup plusgénéral.

Si je dis «j'ai faim», ce n'est évidemment pas mon moi individuel qui est exprimé, mais une figure abstraitedu moi.

Avec le langage, je parviens à l'idée, je dépasse l'immédiateté concrète et l'individualité.

Ces dernièresapparaissent dès lors comme un domaine que le langage ne peut ni dire ni traduire.

Ce «quelque chose» indéterminé,cet ineffable, c'est donc le vécu de ma conscience ou la réalité externe individuelle.

Comme l'écrit Brice Parain, cedont j'ai la science dans le langage « ce n'est pas du prunier qui pousse à côté de notre maison, mais du prunier engénéral et qui n'est ni mon arbre ni aucun arbre enraciné, mais une idée du prunier, le sens du mot prunier...

» (BriceParain, Recherches sur la nature et la fonction du langage, p.

27, N.R.F.).

Ainsi, quand je dis « cet arbre », quandj'énonce « ma maison », je ne produis par l'arbre ou la maison dans leur individualité. Cet incapacité pour le langage d'exprimer l'immédiat, l'individuel, la réalité concrète, d'où provient-elle exactement?Le langage est lié à l'intelligence, il est lié aux facultés intellectuelles, mais aussi pratiques, de l'homme.

Enconnexion avec ces puissances pratiques, il traduit les aspects les plus généraux et les plus banaux de l'expérience.Les philosophes de l'immédiateté (Bergson, etc.) sont donc à même de développer toute une critique du langage,incapable de dire l'immédiat dans la mesure où il est inséparable de la pratique.

Les mots (pratiques) seraientfondamentale-ment inaptes à traduire toutes les nuances de l'immédiateté et du vécu. Y a-t-il quelque autre chose que le langage ne puisse dire et quel est encore cet ineffable objet d'intuition? Peut-être ce Divin que les Mystiques appréhendent en une expérience au-delà des mots, au-delà des signes linguistiques,au-delà de tout langage. En résumé, qu'il s'agisse de la vie intérieure dans son originalité, de la réalité objective sous son aspect le plusconcret, du Divin et du Transcendant, il semble bien que « quelque chose » (de fondamental) se dérobe dans lelangage, que les mots désignent des genres et qu'ils s'insinuent entre le réel et nous, nous dérobant ce qu'il y a deplus intime, de plus personnel et de plus vrai.

Qurelque chose d'autre existe, que le langage ne saurait dire,ineffable, réalité pure, mobile, inexprimable.

Comme l'a très bien noté Bergson, en des analyses célèbres, «jusquedans notre propre individu, l'individualité nous échappe.

Nous nous mouvons parmi des généralités et des symboles,nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi ànous-mêmes» (Bergson, Le rire). B) Ce « quelque chose » est illusoire. Ainsi, il y aurait un « quelque chose » que le langage ne serait pas en mesure d'exprimer, un inconcevable ou unineffable que les mots et les signes linguistiques ne pourraient dire.

Ce « quelque chose » se présenterait sous undouble aspect, celui de la singularité sensible - cet arbre, cette jouissance immédiate, ce désir en son caractèreconcret -, mais aussi celui du mystère de la foi.

Dès lors, le « quelque chose » indicible et ineffable nous conduiraitvers un double mystère, celui de la singularité immédiate, mais également celui de l'Absolu comme objet d'une « foi», d'un savoir non médiat et non conceptuel. Néanmoins, si le thème d'un « quelque chose » inexprimable et innommable peut séduire et enchanter par momentsnotre pensée - et l'on songe ici à la fortune qu'a connue cet « inconcevable » dans la pensée romantique allemande,chez un Novalis, par exemple - il est permis de s'interroger sur la réalité et la validité de cet au-delà du langage : lepropre de ce « quelque chose » inconcevable et ineffable est, en effet, d'être rigoureusement indéterminé,d'échapper aux déterminations précises du mot et du concept, qui définissent avec précision et délimitentstrictement le contenu de pensée.

Or, le « quelque chose » indéterminé risque de se dissoudre et de se perdre,dans la mesure où il échappe à toute forme précise.

On peut le montrer à propos de la double expérience ineffableque nous avons évoquée plus haut, qu'elle se présente comme singularité ou comme Absolu objet de foi.

Commesingularité tout d'abord : si j'évoque (sans concepts) la pure singularité ou le pur immédiat, ce bleu de la sensation,ce pur vécu, l'immédiateté en tant que telle glisse hors de moi.

Je pense saisir l'être singulier immédiat sans mots niconcepts, la richesse même du vécu, mais je ne parviens qu'à la plus grande pauvreté.

La singularité immédiate,. »

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