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1998 : La gauche plurielle en quête d'un nouvel équilibre

Publié le 05/12/2018

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LES EXIGENCES DES VERTS

 

Dès le lendemain de l’élection de Gerhard Schröder le 27 septembre, Dominique Voynet félicitait le nouveau chancelier pour une «victoire qui ouvre la porte à une majorité plurielle à l’allemande». L’accord de coalition signé le 20 octobre entre le SPD et les Grünen, dont le chef Joshka Fischer entrait au gouvernement avec 2 ministres et 5 secrétaires d’Etat écologistes, justifiera l’enthousiasme de la dirigeante des écologistes français. Galvanisés par les succès des Grünen, qui ont obtenu un renoncement à terme au nucléaire, les Verts veulent rouvrir le débat en France. Et pour faire entendre leur voix, ils comptent sur les européennes : tête de liste des Verts, Daniel Cohn-Bendit annonce la couleur, déclarant que l'«un des enjeux de ce scrutin, c’est de revoir le rapport de forces entre les composantes de la gauche plurielle»...

La gauche plurielle semble avoir surmonté avec un certain succès les embûches d’un pouvoir qui a pourtant mis à rude épreuve le consensus liant ses cinq composantes depuis juin 1997. Mais la bataille pour les européennes de juin 1999 pourrait bien mettre à mal la cohésion de la majorité, en accentuant les rivalités entre ses membres, soucieux de faire entendre leur différence au sein du gouvernement.

singulièrement le PC et les Verts, n’entendent pas sacrifier leur identité sur l’autel d’un pouvoir certes grisant. Tiraillées entre la discipline ministérielle et la nécessité de rendre des comptes à une base récalcitrante, fouettées par la perspective des élections européennes de juin 1999, les directions écologiste et communiste doivent prouver que la gauche plurielle n’est pas soluble dans le gouvernement, qui fait face à des pressions accrues. Le projet de budget 1999 donnera lieu aux passes d’armes les plus rudes entre le PS et le PC, dont le président du groupe parlementaire, Alain Bocquet, reproche le «manque d’ambition sociale», dénonçant les «gages» donnés à F «ultralibéralisme». M. Bocquet reviendra à la charge en accusant M. Jospin de privilégier une «stratégie présidentielle» et de recentrer sa politique pour se préparer un avenir élyséen. Devant les parlementaires socialistes à Tours, le 29 septembre, le Premier ministre répond qu’il «prépare l’avenir» dans le strict cadre de la législature et dans le respect des engagements passés avec ses alliés de gauche. Mais l’acte manqué du Pacte civil de solidarité (PACS), rejeté une première fois le 9 octobre à l’Assemblée par l’opposition faute d’une mobilisation socialiste, aiguise les soupçons concernant cette «politique timorée» d’un PS prêt à brader ses engagements à sa gauche pour ménager de lointaines échéances électorales.

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