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DE NOUVEAUX Acteurs sociaux de 1995 à 1999 : Histoire

Publié le 24/12/2018

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histoire

Novembre 1995 : un mouvement de grève inattendu paralyse la France pendant six semaines. Novembre 1999 : une mobilisation tout aussi surprenante émerge dans le pays contre l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui doit lancer un nouveau round de négociations au sommet de Seattle, aux États-Unis. Il convient de voir là un appel qui prolonge une vague de protestations née du refus opposé par une partie de la société française à la politique économique libérale mise en place par les gouvernements de droite comme de gauche. Défense de la Sécurité sociale par les fonctionnaires, revendications des sans-papiers, pétitions d'intellectuels, occupations des agences Assedic par les chômeurs, rejet de l’agriculture industrielle par les paysans, réveil du militantisme associatif... : ces cinq dernières années

 

ont été marquées par l’apparition dans les champs politique et médiatique de nouveaux acteurs, parties prenantes d’une nouvelle agitation politique qui ne relève plus de la grève mais du « mouvement social ».

 

De nouveaux modes daction

 

Les termes de « grève » ou de « conflit » tendent en effet à disparaître du vocabulaire courant. Caractéristiques d’une époque où les syndicats « classiques » (CGT, CFDT, FO, FEN) menaient l’offensive au seul niveau de l’entreprise et monopolisaient avec les partis de gauche (PS et PC) la fonction protestataire, ces termes ont été remplacés par celui de « mouvement social », au sens plus large, désignant à la fois de nouvelles formes de protestation, parfois désespérées - occupations, réquisitions, grèves de la faim - et de nouveaux acteurs sociaux, représentés par des syndicats plus récents (SUD, FSU) ou longtemps marginalisés dans leur secteur (Confédération paysanne), ainsi que par des associations défendant une cause spécifique, la lutte contre le chômage ou le droit au logement par exemple. Ces acteurs s’entremêlent, fonctionnent en réseaux et s’épaulent les uns les autres. Ils entendent agir non plus sur le seul terrain de l’entreprise mais au sein de la société dans son ensemble, dénonçant ainsi la suprématie de l’économie sur le politique, les dégâts occasionnés par l'ultralibé-ralisme, qui assujettit le monde politique, la défection de l’État, accusé de laisser dépérir les services publics garants d’une égalité de traitement entre classes sociales. Cette contestation révèle la quête d’une nouvelle démocratie qui prenne en compte les difficultés de vie et les aspirations des populations marginalisées par la crise économique et le chômage. Et ce à une échelle aujourd’hui planétaire. Ce mouvement revendicatif est confronté à de multiples difficultés : la méfiance et l'ostracisme dont il fait l'objet de la part des interlocuteurs syndicaux traditionnels et du pouvoir, d’une part, le manque de perspectives politiques, d’autre part. Car, dix ans après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme, une nouvelle manière d'agir en politique s’impose. Il est désormais nécessaire de tenir compte d’une réalité sociale multiforme dont les acteurs refusent, en partie, de faire allégeance à une organisation politique - notamment par peur d’être récupérés - et se méfient des partis traditionnels, perçus comme des machines électorales peu fiables et non comme des relais de la contestation. C’est dans ce contexte qu’apparaissent de nouvelles luttes dont le but est d’alerter l'opinion publique et la classe politique et d’agir sur des problèmes précis. Ou peut dater des mois de novembre et décembre

histoire

« DE NOUVEAUX ACTEURS SOCIAUX.

Les chômeurs ne veulem plus être les laissés pour compte des partis politiques et des syndicats.

Désormais, ils s'organisent, se syn dicali sent et manifestent.

Leurs revendications portent non s e ul ement sur l'augmentation des min ima sociaux mais également sur la création d'une Europe sociale, comme l'a montré la marche à destination d'Amsterdam, d'avril à juin 1997, qui rassembla des manifestants venus de toute /'UE.

© Robert King-Sygma DE NOUVEAUX ACTEURS SOCIAUX.

Des paysans français manifestent devallt tm restaurant McDonald's.

Après une année plutôt calme, 1999 s'achève par l'irruption de la fronde anti-OMC.

José Bové, de la Confédération paysanne, prend la tête d'un mouvement de protestation dom certa in es revendications som inédites.

Le refus de la • mal­ bouffe » rejoim des thèmes plus politiques tels que DE NOUVEAUX ACTEURS SOCIAUX.

C'est l'économiste ttméricain James Tobin qu i, à l'origine, proposa de wxer les transactions financières in temationale s, dans le dessein de limiter les Jlttr spéculatifs.

En France, le débat Sltr cett e question a été renouvelé avec la fondation de l'association AITAC (à l'initiative du Monde diplomatique), qui regroupe de nombreuses associations, parties prenantes de ce n ouvea.

u mouvement social né dans le sillage des grandes manifestations de 1995.

la fracture Nord-Sud ou l'hégémonie économique des États-Unis.

La présence de José Bové à Seattle, twx côtés de nombreux manifestants pour contrer le sommet de l'Organisation mondiale du commerce sera largement médiatisée, © D.

Lepetigaland-Le Progrès-MaxPPP!P.

iard-LMT­ MaxPPP © C.

Steiner-Sygma 1995 l'apparition de ces nouveaux acteurs sociaux.

Derrière les bande­ roles de Droit au log eme nt (DAL) ou d'AC ! (Agir ensemble contre le chômage), certainement deux des organisations les plus remuantes dans leur catégorie, les « sans » - sans toit, sans travail, sans papiers, sans droits -ont commencé à se manifester.

UN RENOUVEAU CONTESTATAIRE Droit au logement possède une petite année d'a van ce sur ses confrères.

Le 18 décembre 1994, c'est sous l'égide de cette associa­ tion qu'a lieu la première réquisition de logement vide dans la capi­ tale.

L'immeuble envahi se trouve au cœur des beau x qua rti ers, dans l e VI' arrondissement de Pari s.

Vide depuis plusieurs années, apparte­ nant à une grande société immobilière, il devient brutalement et sous l'œil des caméras, un lieu bouillonnant et fébrile où se retrouvent et se mélangent militants associatifs, in te ll ectu els et victimes de la crise économique : chômeurs à la rue et familles mal logées ou sans logis.

La rue du Dragon fait son entrée dans la chronique du mouvement social.

Dans les défilés protestataires de novembre et décembre 1995, les > grossiront les cortèges de fonctionnaires opposés au plan Juppé de réforme de la Sécur it é sociale.

Durant deux mois, une contestation d'une ampleur sans précédent depuis des décennies en France -les manifestants de 1995 dépassant en nombre ceux des cor­ tèges de 1968 -monopolise l'actualité politique et sociale.

Le 15 novembre, le Premier ministre Alain Juppé présente devant 1 'A ssem blée nationale son plan de réforme de financement des comptes sociaux ayant pour but de restructurer en profondeur le sys­ tème de santé.

Parallèlement, il annonce son intention d'aligner les régimes de retraite des fonctionnaires sur celui du sec te u r privé , ce qui implique un allongement de la durée des cotisations (de 37,5 ans à 40 ans).

Les fédérations syndicales de la fonction publi que commen­ cent alors à rassembler leurs troupes.

Ce sont les cheminots qui pren­ nent la tête du mouvement en manifestant leur opposition tant au plan Juppé qu'au projet de contrat de plan État-SNCF annoncé au même moment.

Le 24 novembre, la CGT mobilise.

Moins d'une semai ne plus tard, la pro test ation touche également la RATP, La Poste, EDF et l'Éducation nationale.

Alors que Nicole Nota t, secrétaire générale de la CFDT, se déclare plutôt favorable au plan Juppé, FO et la CGT déf i­ lent côte à côte dans les manifestations.

Mais à la CFD T, une partie des militants rejette la politiq ue de la direction et mène la fronde sous la bannière « CFDT en lutte».

Un nouveau slogan fait son apparition dans les manifestations : >.

Le 12 décembre 1995, le mouvement atteint son point culminant avec plus de 2 millions de manifestants dans toute la France.

Deux jours auparavant, Alain Juppé a capitulé en annonçant 1 'abandon du projet de réfo_rme des régimes de ret rai te et en reportant sine die le contrat de plan Etat-SNCF.

LES (( SANS » SE REBIFFENT Six mois plus tard, le Premier minis t re doit affronter une nouvelle crise.

Dans le XVIII' arrondissement de Paris, l'église Saint­ Bernard est envahie pacifiquement par trois cents immigrés, majori­ tairement africains, sans titre de séj o ur .

La crise des sans-papiers démarre.

En fait, l'o ccupa tion de Sain t- B ernard avait été précédée par celle de l'église Sain t- A mbro ise (dans Je XI' arr o ndis se m en t) au mois de mars et par une grève de la faim poursuivie dans divers lieux de la cap it al e ap rès la rapide expuls io n des manifestants.

Du 28 juin au 23 août 1996, Saint-Bernard est sous les feux de l'actualité.

Les sans-papiers en grève de la faim reçoivent le sou­ tien de centaines de mili tants politiques et associatifs ainsi que de célébrités.

Leur expulsion, le 23 août à la première heure-la porte de Saint-Bernard est fracturée par les CRS à cou ps de hache -, provoque l'indignation d'une partie de l'opinion publiq ue .

Dans le u r m ajori té, en effet, les Français se déclarent dans les sond ag es favorables à une régu laris at ion des sa ns -papie rs .

Celle-ci n'interviendra, partie ll ement , que deux ans plus tard et à la suite de la victoire de la gauche .

L'intransigeance du gouvernement Juppé-en décembre 1996, le pro­ jet de loi Debré durcit la législation sur le séjour des étrangers -et la maladresse politique que constitue la remise en cause des acquis s oc iaux , sont certai nement responsables du changement de majorité qui intervient au printemps 1997.

Mais cette alternance poli tiq ue n'a aucune incidence sur l'atmos phère sociale qui règne en France.

À par­ tir de la fin novembre, la > doit en eff et affronter sa première crise, provoquée par l'irruption sur la scène poli tiq ue du mouvement des chômeurs.

LEs cHôMEURS EN MOUVEMENT Sous l' im puls io n de trois associations de chômeurs- AC !, l' APEIS (Association pour l 'i n form ation , l' em plo i et la solidarité), le MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires) -et d'un syn-. »

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