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Église et État (politique & socièté).

Publié le 20/05/2013

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Église et État (politique & socièté). 1 PRÉSENTATION Église et État, relations entre les instances religieuses et les gouvernements politiques. Potentiellement présente dans toute société, la structure de double pouvoir -- religieux et politique -- joua un rôle déterminant dans l'histoire des nations chrétiennes occidentales. Le problème du pouvoir respectif de l'Église et de l'État, qui se posa avec une grande acuité tout au long de l'histoire du christianisme occidental, resurgit à l'époque contemporaine lors de débats sur la procréation, l'école ou le travail le dimanche. Il réapparaît également dans la confrontation entre la tradition islamique et la modernité, notamment au sein des sociétés occidentales. 2 LE DOUBLE POUVOIR 2.1 Conflit structurel Il existe trois types de rapports historiques entre l'Église et l'État : la théocratie, dans laquelle le gouvernement est confessionnel ; le gallicanisme, dans lequel l'État tente d'assujettir l'Église nationale ; la laïcité, dans laquelle les autorités sont indépendantes et se tolèrent mutuellement. Dans la théocratie, comme dans le gallicanisme, les rapports entre l'Église et l'État sont conflictuels, dans la mesure où l'un des pouvoirs est asservi à l'autre et tente par conséquent de s'en affranchir. L'un des plus anciens exemples de cette lutte entre les pouvoirs religieux et politique remonte à l'Égypte ancienne, lorsque le pharaon Akhenaton, instaura le culte du dieu solaire Aton, à la place de celui d'Amon. Rompant avec les références de l'ancienne divinité centrale, il développa la première forme du monothéisme et, échappant à la tutelle des prêtres d'Amon, il forma une nouvelle religion d'État dont il fut le maître. Après la mort d'Akhenaton, les prêtres d'Amon, un temps évincés, retrouvèrent leur influence. Tout au long de l'histoire, jusqu'au concordat de 1801, qui obligea les évêques à prêter serment de fidélité au gouvernement, le conflit entre le politique et le religieux se poursuivit, souvent avec des armes. Alors que le gallicanisme se réfère au pouvoir légal du chef de l'État, le pouvoir théocratique ne repose jamais sur un homme. Lorsqu'elle est soumise à la juridiction de l'État, l'Église n'a d'autre ressource en cas de conflit que de se constituer en groupe de pression, en faisant appel à la mobilisation des fidèles et en les incitant à combattre le régime. Ainsi, le pouvoir religieux peut tour à tour jouer le rôle de gardien des valeurs ou de force de sédition. Il est à la fois garant et concurrent du pouvoir politique. L'Église catholique illustre cette dualité, notamment en Amérique latine, où elle suscita en son sein des mouvements opposés comme l'Opus Dei, dont les orientations sont conservatrices, et la théologie de la libération, qui s'inspire en partie de l'idéologie marxiste. La solution au conflit toujours renouvelé entre les instances religieuses et politiques fut trouvée avec la définition de la laïcité, c'est-à-dire avec la séparation des domaines religieux et politiques. Se plaçant entre les tenants d'un pouvoir politique de...

« 3.3 L’Occident médiéval Andrea da Firenze, l'Église militante et triomphanteDatant du xiv e siècle, cette fresque d'Andrea da Firenze, d'inspiration théologique, illustre la hiérarchie entre les pouvoirs temporel etspirituel : l'Église militante et triomphante est représentée devant un édifice sacré, symbole de l'Église romaine — sans nul doute est-ce la cathédrale de Florence, alors en construction ; la coupole, dont on aperçoit une vision anticipée (Andrea da Firenze auraitparticipé à sa conception), n'a été construite qu'au siècle suivant par Filippo Brunelleschi.Au centre de la composition trône leSouverain Pontife (sous les traits de Benoit XI, pape de 1303 à 1304) avec, à sa gauche, l'empereur germanique (Charles IV deLuxembourg), le roi de France (Philippe le Bel ou Charles V le Sage) et un troisième dignitaire laïque.

À la droite du pape se tiennentdes représentants du haut clergé : le cardinal Niccolò Albertini di Prato, dominicain de Santa Maria Novella, et un évêque.

Un autreévêque, également dominicain, est debout devant le cardinal.

À ses côtés, les représentants des ordres religieux, monastiques etmendiants.

Les fidèles se tiennent pour leur part devant les souverains temporels.Aux pieds du Souverain Pontife, cinq brebissemblent être protégées par deux chiens blanc et noir — symbolisant la protection dominicaine des fidèles ; domini canes, « chiens duSeigneur », ayant donné le nom de dominicains.

À l'extrémité droite de la fresque, saint Dominique lance sa meute contre les loups etles renards (symboles de l'hérésie).Le message pictural se poursuit au-dessus de la scène principale : saint Dominique lui-mêmeconduit les âmes purifiées vers le Salut et le paradis dont on distingue l'une des colonnes de la porte.

Derrière siège un chœur debienheureux.Andrea da Firenze (dit aussi Andrea Bonaiuto), détail de la fresque l'Église militante et triomphante, mur est de la sallecapitulaire dite Chapelle des Espagnols, 1367.

Cloître vert, église Santa Maria Novella, Florence.Scala/Art Resource, NY En raison du déclin de l’autorité impériale occidentale, qui se termina par la chute de Rome au Ve siècle, l’Église devint une autorité relativement indépendante en Occident, sur le plan temporel aussi bien que spirituel.

Par conséquent, il se créa, dans la tradition chrétienne occidentale, une structure ecclésiale qui allait connaître des relationsd’une grande diversité avec l’État — ou avec les différentes structures politiques de chaque époque — durant toute l’histoire européenne. Au début de cette période, le pape Gélase I er avait énoncé la doctrine des « deux glaives » (le pouvoir temporel et l’autorité spirituelle).

La querelle des Investitures marqua la reprise des conflits entre les deux pouvoirs.

Au XIIIe siècle, le pape Innocent III déclara que le saint empereur romain, dont le pouvoir temporel portait sur les personnes physiques, était subordonné au pape, lequel était doté d’un pouvoir sur les âmes et disposait donc d’une autorité supérieure.

Peu après cette revendication de l’Église,plusieurs empereurs et rois parvinrent cependant à prendre le dessus sur la papauté.

En effet, dans l’histoire du christianisme occidental, les positions théoriques adoptéestant par l’Église que par les États ne reflétèrent pas nécessairement les relations réelles entre les pouvoirs ( voir Papauté en Avignon). Le déclin de l’autorité impériale centralisée dans la société européenne occidentale fut lié à l’apparition, dès le XVIe siècle, d’États-nations, qui revendiquaient une indépendance politique au sein puis hors du Saint Empire romain germanique.

Dans ce processus, des querelles répétées opposèrent des intérêts nationaux auxrevendications de l’Église catholique romaine. 3.4 La Réforme Les bouleversements religieux issus de la Réforme protestante durant tout le XVIe siècle reflétaient les tensions politiques entre les groupes nationaux naissants et l’autorité impériale centrale, ainsi qu’entre les nombreuses forces économiques et sociales.

En général, suivant l’adage Cujus regio, ejus religio (« Telle la religion du prince, telle celle du pays »), les groupes religieux protestants, en particulier les luthériens et les calvinistes, s’alignèrent sur les autorités politiques nationales et locales d’Europe duNord, encourageant ainsi le développement de communautés nationales modernes.

Ainsi, les difficultés entre l’Église et l’État apparues dans les querelles entre le pape etl’empereur se reportèrent au niveau des communautés nationales. La paix d’Augsbourg (1555) résolut temporairement le conflit religieux en stipulant que chaque entité politique devait instituer le luthéranisme ou le catholicisme romain en« monopole religieux ».

Les Églises ainsi constituées n’avaient pas, bien entendu, à être d’accord d’une juridiction nationale à une autre.

D’importants groupes de chrétiensfurent tenus par les États tant protestants que catholiques pour quantité négligeable, notamment les groupes anabaptistes tels que les mennonites, adeptes de MennoSimmons, qui s’opposèrent, au nom de la vraie foi, à la corrélation entre la religion et la géographie politique. En France, la révocation par Louis XIV, en 1685, de l’édit de Nantes (1598), qui instaurait une tolérance à l’égard des protestants, fut un exemple particulièrementdramatique du conflit entre pouvoir politique et autorité religieuse. 3.5 De la Révolution française à la séparation de l'Église et de l'État La Révolution française tenta d’asservir l’Église à l’État par la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790), qui obligeait les prêtres à prêter serment à l’État.

Les biens duclergé furent confisqués, les religieux invités à quitter leurs couvents.

Incitant à la déchristianisation, la Révolution se montra d’abord fidèle au principe de l’Étatconfessionnel, en imposant — sous l’impulsion de Robespierre — le culte de la Raison et de l’Être suprême.

Elle établit la séparation complète des cultes et de l’État (loi du21 janvier 1795).

La religion catholique fut néanmoins reconnue comme religion principale des Français par le Concordat de 1801 signé entre Joseph Bonaparte et Pie VII. Ce concordat resta en vigueur jusqu’en 1905, date à laquelle il fut remplacé par la loi sur la séparation de l’Église et de l’État.

Il est encore appliqué dans deux régions deFrance, l’Alsace et la Moselle, qui étaient en 1905 annexées par l’Allemagne et conservèrent l’ancienne législation lors de leur retour à la France en 1918. 4 LA SITUATION ACTUELLE Les Constitutions de 1945 et de 1958 ont confirmé la laïcité de l’État français.

En revanche, la révolution islamique en Iran au début des années 1980, la guerre civile enIrlande ou la montée du fondamentalisme religieux dans le monde ont posé à nouveau la question de l’indépendance des pouvoirs temporels à l’égard des autoritésspirituelles.

Les problèmes liés à l’imposition des propriétés et des bénéfices des institutions religieuses, à l’autorisation de l’observance de traditions religieuses dans lesécoles ou à l’influence des groupes religieux dans la vie publique remettent constamment sur le devant de la scène les rapports entre l’Église et l’État.. »

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