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L'Église et la politique dans la théologie médiévale (philo)

Publié le 12/02/2022

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La cité de Dieu d’après saint Augustin Car, par fait de péché originel, le droit naturel relève de la corruption, les hommes se savent dispersés. Dieu pourtant, par un acte spécial de création, rend la vie civile nécessaire afin de parer aux conséquences de la chute (égoïsme, vengeance), tout en gardant le pouvoir de bouleverser les mœurs, selon son bon plaisir, à l’instar de la destinée tragique de Sodome et Gomorrhe. Déchues, les cités, ne participant plus qu’imparfaitement de la loi étemelle — ainsi l’exhibent les fratricides qui les engendrent, selon l’exemple de Caïn, premier fondateur de cité —, sont désormais produites par les hommes, œuvres terrestres, lois artificielles donc périssables. En témoigne derechef le malheur du sac de Rome — la cité que les Romains croyaient étemelle — par le barbare Alaric (410). Cette caducité générale des cités justifie le pouvoir qu’il convient de bailler en elle à Dieu, grâce aux pères de l’Eglise. En quoi, beaucoup s’obligent à tirer une politique de l'Écriture, politique dont saint Augustin (354-430, La Cité de Dieu, rédigée entre 412 et 427), à la charnière du monde latin et du monde médiéval, se fait le chantre, dès lors qu’il récupère dans l’Église l’autorité romaine de la fondation — Romulus assassin de Rémus — par la référence au sacrifice du Christ. Le rêve d’instituer une cité parfaite ici-bas (Platon, les stoïciens) n’a aucun sens. Face à l’instabilité terrestre, la philosophie de la res publica se livre entièrement à l’opposition entre la loi divine et la loi humaine, pensée en termes de dégradation de la loi divine. Une cité parfaite ne saurait exister que dans l’Au-delà, modèle pour le pécheur. Qu’on médite sur l’ancienne loi (Alliance avec Abraham et Moïse, lisible dans la Torah, Dieu y associant l’homme à l’édification d’une cité) ou sur la nouvelle (le Christ rappelant : « On vous a dit que..., moi je vous dis que... »), la république céleste, la Jérusalem céleste seule (étemelle et invisible), énonce la vraie loi. Cette dernière fournit des prescriptions précises. Pour l’homme d’ici-bas, l’unique cité dispensatrice de liens reste la Cité de Dieu, dont l’Église se donne pour le représentant. Sauf contenu mystique exigeant de surcroît la mine des institutions humaines, la politique chrétienne latine, de l’Église en cours de politisation, s’oblige à réfléchir le rapport de la loi divine et de la loi du monde, les moyens d’une participation (communication) du monde d’en bas (corrompu) et du monde d’en haut (modèle), sans en passer par l’énoncé d’une sociabilité naturelle. Les questions de la source de la loi, des démêlées du pape (pouvoir spirituel)

« L'Église et la politique dans la théologie médiévale Dans le cadre de l'Occident chrétien, la fermeture de l'Académie-. de Platon, à Athènes (529 apr.

J.-C.), par l'empereur romain Jus­ tinien, annonce le recentrement des structures intellectuelles, de la recherche et des lectures.

Le christianisme latin, bientôt prolongé par la théologie scolastique, instaure, en philosophie politique, une nouvelle configuration qui, même méconnue, demeure de qualité. Déroulée entre la scission de l'Empire (395, Occident-Orient) puis sa chute (476) et la prise de Constantinople (la « nouvelle Rome») par les Turcs (1453), cette configuration dispose d'une base culturelle : elle se dessine en rebond par rapport à la philo­ sophie grecque (exilée au Proche-Orient et à Alexandrie), la phi­ losophie juive (vive jusqu'à l'expulsion des juifs d'Espagne, 1492) et la philosophie arabo-musulmane (l'an Ide l'Hégire correspond au VII' siècle latin).

Elle jouit notamment d'un élan conceptuel dif­ férent.

Le monde médiéval occidental privilégie la Parole de Dieu, puis la théologie, auxquelles il soumet la philosophie, instituée comme une réalité sociale depuis les Grecs. Si les conditions historiques de l'expansion du christianisme sont connues - il promet le modèle de cité (une, unifiée) dont la poli­ tique impériale a besoin pour donner sa cohésion à l'Empire (380 apr.

J.-C.) -, sa structure conceptuelle l'est moins.

Elle ne s'ins­ taure pas d'un coup, et la tension des doctrines se vivifie sans cesse grâce à des lectures différentes des Écritures, à quelques passeurs de culture, à la translation via Byzance des œuvres dei Platon, et à la transmission, via l'islam,":d'autres textes grecs dans le monde latin.

Lorsque s'établissent les universitas (universités médiévales latines, XIII" siècle), propageant le mode unifiant de pensée scolas­ tique, la demande philosophique continue à amplifier en multipliant. »

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