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La politique et les forces de l’histoire (xix° siècle): Hegel, Marx, Bakounine, Proudhon...

Publié le 12/02/2022

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La première conception achevée de l’État moderne parvient à son accomplissement dans la philosophie de G. W. F. Hegel (1770-1831). Celle-ci saisit le monde moderne à son éveil, en éprouve le devenir et tente de faire le point. Lorsqu’on prétend caricaturer le système de cet auteur, on s’efforce de le réduire-à une simple philosophie de l’histoire à peine différente d’une théorie de l’évolution. Si l’on prend la mesure du système en son entier, comme on doit le faire pour chaque philosophie, d’autres exigences se rencontrent. Notamment, au regard de la démarche politique, celle qui lie l’article, publié en 1801, portant sur Le Droit naturel et l’ouvrage ou « abrégé » de cours intitulé Les Principes de la philosophie du droit (1821). Car cette corrélation conduit conjointement de la critique de la philosophie politique'des Lumières à la philosophie de l’histoire, et du conflit droit naturel-coutume à la connaissance de l’État moderne. Les synthèses opérées au fil des pages rendent compte de la distance qui sépare le siècle de la théorie platonicienne de l’État (qui ne fait pas place à l’individualité subjective), du droit romain (qui demeure abstrait), de la théocratie comme des théories du contrat.

L’existence sociale prend, avec Hegel, la signification effective d’une architectonique organisant la liberté de tous. En confirmant l’élévation de l’histoire, de l’État et des peuples à la dignité d’objets de réflexion philosophique, en approfondissant notablement le statut de la pratique déjà promu par Rousseau et Kant, Hegel certifie que la philosophie politique n’a guère besoin de laisser supposer que toutes choses débutent à chaque fois avec elle, ou que l’on peut réinaugurer quand on le veut les affaires politiques dès le début : l’État existe depuis longtemps sous des formes différentes (cité grecque, Empire romain, etc.), même si ce n’est pas dans la plénitude de son développement conscient (coutumes, mœurs, etc.), accessible seulement dans le présent.

Cette allusion, parfaitement critique, au droit naturel et aux théories du contrat, accomplie au nom de l’histoire (dans la lignée de Montesquieu), permet d’entrevoir un moyen d’envisager la question politique — celle de l’État en particulier — à partir d’une autre façon de traiter le concept de volonté (la volonté n’est pas une faculté pure de décision abstraite, mais l’effectivité sociale même) et les « choses » en gestation (l’histoire) : l’État n’est ni affaire de contrat ni affaire de simple sécurité ou de police (§ 258), mais une affaire de culture (éducation, savoir et action), de mœurs insufflées successivement, au travers de la famille, puis des besoins dans le cadre de la « société civile », par le vouloir rationnel d’un but

« La politique et les forces de l'histoire (XIX0 siècle) Sans doute la Révolution française donne-t-elle un coup de fouet à la réflexion philosophique touchant à la politique et, simultané­ ment, à l'histoire.

Que l'on soit français ou non, cette Révolution excite en chacun la conscience aiguë d'une originalité des temps modernes.

Si, du côté pratique, l'État a besoin d'être organisé, du côté théorique, les esprits - encore éduqués dans le cadre de la philosophie des Lumières - se concentrent sur l'exigence de réa­ liser une mise en institution de la raison, sans privilégier sa compo­ sante théorique.

Au premier regard, les inquiétudes concernant la valorisation du principe moderne de la légitimité diminuent. Mais 1789, cette date symbolique (et commémorable), signale promptement que la tâche de la philosophie politique change : par­ delà les questions du droit naturel ou de la volonté générale, du fon­ dement du rapport social, des motifs de l'obéissance ou de la délé­ gation, l'attention se focalise sur la forme du gouvernement et la formation des citoyens, les mouvements et passions des foules, les vibrations du corps politique explicitement (apparemment?) unifié par la loi nouvelle. Le citoyen désormais placé au commandement des choses publiques, on s'écarte, de plus en plus fermement, de la philosophie du contrat social p� faire droit à une philosophie politique qui a vocation à tenir compte des forces contraires traversant le champ politique et l'histoire.

L'éventualité de réactions passionnées demeure.

Certaines s'effectuent dans des terreurs, des empires ou des restaurations.

D'autres rendent visibles de nouvelles ressources du corps social.

Même si, pour beaucoup, la forme de la cité parfaite. »

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