Devoir de Philosophie

La revanche d'Ion Iliescu

Publié le 11/07/2019

Extrait du document

10 décembre 2000 L'homme qui semblait devoir porter l'étiquette de néo-communiste jusqu'à la fin de ses jours apparaît aujourd'hui comme le dernier rempart de la démocratie en Roumanie. Ion Iliescu, ex-président de 1990 à 1996, est de retour. Suspecté d'autoritarisme par l'opposition anticommuniste, il devient garant de la démocratie en Roumanie, menacée par une poussée nationaliste. « Ion Iliescu est injustement traité de néo-communiste, affirme Eugen Mihaescu, chargé de veiller à son image. Dans le contexte de la dictature communiste, il était plutôt un social-démocrate. » Né en 1930 à Oltenita, petite ville du sud de la Roumanie, élevé par ses grands-parents, il fut marqué par le mythe de son père, un militant communiste employé des chemins de fer, emprisonné et torturé pour ses idées. A dix-neuf ans, Ion Iliescu rejoint l'Union de la jeunesse ouvrière avant de partir pour Moscou faire ses études, de 1950 à 1955, à l'Institut énergétique. De retour en Roumanie, il décroche le poste de secrétaire général du Parti communiste, d'où il est chassé, en 1971, par le dictateur Nicolae Ceausescu pour s'être opposé à sa « révolution culturelle ». A l'époque, il fait figure de social-démocrate récalcitrant. Il fait tomber Ceausescu en décembre 1989, au moment où s'effondre le bloc communiste. Président jusqu'en 1996, sa légitimité est constamment contestée par l'opposition anticommuniste, les étudiants et les intellectuels. Accusé d'avoir été l'artisan d'une révolution largement médiatique, d'avoir appelé les mineurs à Bucarest pour réprimer les manifestations anticommunistes des étudiants, il s'est forgé une image de néo-communiste autoritaire. Aujourd'hui, avec un sourire qui se veut rassurant, il prend sa revanche. Ses plus farouches adversaires ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route à l'ultra-nationaliste Vadim Tudor. « Ça m'attriste, déclare-t-il. Ces gens-là manquent de colonne vertébrale. » Mais sa victoire ne signifie pas que la guerre contre l'extrémisme soit gagnée. La vraie bataille, où se joue le destin européen de la Roumanie, ne fait que commencer. MIREL BRAN

Liens utiles