La situation des sans-papiers en France
Publié le 04/12/2018
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l'Assemblée nationale relatif aux fraudes et aux pratiques abusives remis au Premier ministre le 9 mai 1996 a relancé l'amalgame entre étrangers sans-papiers et travail « au noir ». Ses auteurs accusent les étrangers en situation irrégulière d'être les principaux vecteurs du travail illégal en France. Une affirmation démentie par le Haut Conseil à l'intégration, instance dépendant du Premier ministre, qui estimait en 1992 que « les étrangers en situation irrégulière ne sont que des agents tout à fait seconds de l'économie souterraine, dont ils ne constituent qu'un maillon ». Pourtant, les rapporteurs (d’obédiences UDF et RPR), qui assurent que 800 000 clandestins résident en France - tout en omettant d'expliquer quels sont les éléments qui leur permettent d’avancer un tel chiffre -, estiment aussi, sans plus de rigueur scientifique, qu’« un étranger en situation irrégulière sur deux est un travailleur ». Leur description d'une situation par définition difficile à cerner fait l'impasse sur les multiples réalités du travail « au noir » et sur la motivation des employeurs qui ont recours à la main-d'œuvre clandestine, en particulier dans les secteurs de l'agriculture, du bâtiment et de la restauration. Absentes du rapport, ces questions cèdent le pas à un discours stigmatisant les immigrés dans leur ensemble. En effet, mettre en avant le travail souterrain en le rattachant à l'immigration clandestine revient à jeter le discrédit sur les populations d’origine étrangère qui vivent en France.
Occupations de lieux publics et grèves de la faim, d'un côté, poursuites judiciaires, dysfonctionnements administratifs et expulsions, de l'autre : l'affaire des sans-papiers a défrayé la chronique sociale française au cours de l'année 1996.
L'évacuation musclée de l'église Saint-Bernard, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, le 23 août 1996, de 220 Africains en situation irrégulière en fut le point d'orgue. Prisonnier de l'option « immigration zéro », le gouvernement Juppé s'est montré intransigeant alors même qu'une majorité de Français affichaient leur sympathie pour les sans-papiers de Saint-Bernard.
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