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LA DIMENSION PSYCHIQUE ET LE CONFLIT

Publié le 14/08/2014

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La psychanalyse peut

Le recherche du sens • être conçue comme une démarche visant à établir un sens là où il semble man­quer, ou à le rechercher là où l'on ne songerait pas qu'il pût exister. Les premiers ouvrages publiés par Freud concernent des phénomènes qui apparaissaient alors dénués de sens : les rêves, les oublis, les lapsus, les actes manqués. Et lorsque, quelque quinze ans plus tard, il prononce une série de conférences, réunies ensuite en volume sous le titre Introduction à la psychanalyse, c'est à ces mêmes phénomènes qu'il a recours pour initier l'auditeur à la découverte psychanalytique et pour le préparer à admettre que le symptôme névrotique, centre véritable de ses préoccupations, recèle lui aussi un sens, dissimulé sous son obscurité ou son absurdité. Dans tous les cas où semble régner l'arbitraire, le hasard, ou l'in­cohérence, la psychanalyse affirme qu'un sens existe, et qu'il peut être découvert. Elle montre aussi pourquoi, et par quels stratagèmes, ce sens reste méconnu et se camoufle derrière une apparence de non-sens.

L'attribution d'un sens n'est pas superposable à l'at­tribution d'une cause, à la manière où cela s'entend dans le domaine des sciences physiques. Une mauvaise diges­tion, l'envie d'uriner, la sonnerie du réveil pourront être invoquées parmi les causes d'un rêve, ou la fatigue parmi les causes d'un lapsus ; elles n'en révèlent pas le sens. Le sens d'un phénomène ou d'une conduite n'émane pas des processus physico-chimiques, mécaniques ou physio­logiques qui les sens-tendent. Il est en rapport avec l'intention qui les supporte, il est cette intention même. Et postuler qu'il existe un sens là où il semble d'abord manquer, c'est affirmer qu'une intention existe où on ne songerait pas à la soupçonner ; c'est en même temps refuser qu'il existe des conduites humaines — motrices, verbales, imaginaires — qui ne soient mues par une intention, autrement dit, par un désir.

S'il en est ainsi, deux questions aussitôt se posent à nous :

— Comment se fait-il que le sens paraisse manquer et ne se laisse pas immédiatement appréhender ? Qu'est-ce qui, dans leur structure, rend un rêve ou un symptôme névrotique si rebelles au dévoilement de leur sens ?

— Pour quelles raisons en est-il ainsi ? A quoi sert la dissimulation du sens ?

Les réponses à ces deux questions sont présentes dès les premiers écrits de Freud et, pour l'essentiel, elles ne varieront jamais.

Si le rêve et le symptôme paraissent indéchiffrables, c'est qu'un certain nombre de représentations ou de pensées, dont la présence serait nécessaire à l'appréhen­sion du sens, font défaut. Tout se passe comme si le texte où nous essayons vainement de découvrir un sens avait été mutilé ou falsifié ; des mots, des phrases entiè­res sont effacés, de sorte que nous ne comprenons pas, ou bien nous comprenons autre chose que ce que le texte complet nous donnerait à comprendre. Il peut se faire aussi qu'aux éléments manquants d'autres soient substitués, de sorte qu'un sens apparaisse, mais un sens qui nous égare.

Cette hypothèse, qui est une hypothèse fondamentale de la psychanalyse, ne sera vérifiée que si les éléments supposés manquants peuvent être remis à leur place et si, alors, un sens apparaît, tel que le sujet ne puisse s'y dérober et qu'il le reconnaisse comme l'expression de son désir. Un tel critère ne répond pas aux exigences des sciences exactes. Il est douteux cependant qu'il en existe d'autres à moins que, négligeant la souffrance et le malaise subjectifs du patient, on veuille ne définir la névrose que par des troubles du comportement et de l'adaptation, dont l'amélioration serait objectivement constatable, voire chiffrable.

Bien entendu, le rétablissement des termes man­quants implique, pour être possible, que ceux-ci n'aient pas été irrémédiablement détruits et qu'ils sont, dans leur exil, soumis à un certain sort et un certain statut. Ou bien ils sont pour ainsi dire enfermés en quelque lieu inaccessible, ou bien ils demeurent au grand jour, mais sournoisement déplacés dans des contextes où l'on ne songe ni à les rechercher ni à les reconnaître. La tâche de la psychanalyse sera dès lors de retracer l'histoire de ces lacunes et falsifications, et de découvrir par quels procédés, et quand, elles se sont formées ; de préciser le sort des éléments disparus ; d'inventer et d'utiliser une technique visant à combler les lacunes et à redresser les falsifications de sorte que puisse être reconstitué, dans la mesure du possible, un texte authentique et inté­gral, où chacun pourrait lire la vérité jusque-là mécon­nue de ses intentions et de ses désirs.

Conscient. Préconscient. Inconscient •

Quand nous parlons de la présence ou de la dispa­rition d'un élément, c'est relativement à l'activité men­tale consciente, seule capable de rapprocher des données éparses pour en tirer un sens. Les éléments présents sont donc des éléments conscients, les éléments manquants sont inconscients, ce qui signifie qu'ils ne sont pas pré­sents à la conscience, au moment où leur présence serait nécessaire à l'apparition d'un sens.

Toutefois, les éléments inconscients sont de deux sortes. Les uns le sont temporairement, simplement parce que l'activité mentale consciente ne peut embrasser qu'un petit nombre de représentations à la fois ; ils sont néan­moins disponibles et peuvent être mis à tout moment à

la disposition de l'activité consciente. A ces éléments a été réservé le qualificatif de préconscients, afin de les distinguer d'une autre catégorie d'éléments exclus de l'activité mentale consciente, mais qui, ceux-là, ne peu­vent, en dehors de circonstances exceptionnelles, y être ramenés ni par un effort de volonté, ni de façon spon­tanée. Ce sont ces derniers seulement que l'on doit considérer comme inconscients, au sens où l'entend la psychanalyse.

 

La distinction entre éléments conscients et précons­cients est accessoire parce que momentanée. Ils forment un ensemble à l'intérieur duquel, selon les besoins, n'im­porte quel élément, à n'importe quel moment, peut passer d'un état à l'autre, non sans avoir parfois, cepen­dant, à surmonter une certaine résistance. Cet ensemble est désigné par Freud sous le nom de système pré­conscient-conscient (en abrégé : Pcs-Cs). En revanche, il existe, entre le système préconscient-conscient et le système inconscient (Ica), formé par l'ensemble des élé­ment inconscients, une frontière très difficilement fran­chissable, que Freud a désignée, dans ses premières oeu­vres, sous le nom de censure (le terme fait métaphore, et la métaphore, notons-le, s'accorde à celle du « texte mutilé «) .

« 14 tention qui les supporte, il est cette intention même.

Et postuler qu'il existe un sens là où il semble d'abord manquer, c'est affirmer qu'une intention existe où on ne songerait pas à la soupçonner; c'est en même temps refuser qu'il existe des conduites humaines - motrices, verbales, imaginaires - qui ne soient mues par une intention, autrement dit, par un désir.

S'il en est ainsi, deux questions aussitôt se posent à nous: - Comment se fait-il que le sens paraisse manquer et ne se laisse pas immédiatement appréhender? Qu'est· ce qui, dans leur structure, rend un rêve ou un symptôme névrotique si rebelles au dévoilement de leur sens ? - Pour quelles raisons en est-il ainsi ? A quoi sert la dissimulation du sens ? Les réponses à ces deux questions sont présentes dès les premiers écrits de Freud et, pour l'essentiel, elles ne varieront jamais.

Si le rêve et le symptôme paraissent indéchiffrables, c'est qu'un certain nombre de représentations ou de pensées, dont la présence serait nécessaire à l'appréhen­ sion du sens, font défaut.

Tout se passe comme si le texte où nous essayons vainement de découvrir un sens avait été mutilé ou falsifié ; des mots, des phrases entiè­ res sont effacés, de sorte que nous ne comprenons pas, ou bien nous comprenons autre chose que ce que le texte complet nous donnerait à comprendre.

Il peut se faire aussi qu'aux éléments manquants d'autres soient substitués, de sorte qu'un sens apparaisse, mais un sens qui nous égare.

Cette hypothèse, qui est une hypothèse fondamentale de la psychanalyse, ne sera vérifiée que si les éléments supposés manquants peuvent ê.tre remis à leur place et si, alors, un sens apparaît, tel que le sujet ne puisse s'y dérober et qu'il le reconnaisse comme l'expression de son désir.

Un tel critère ne répond pas aux exigences des sciences exactes.

Il est douteux cependant qu'il en existe. »

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