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La liberté et les déterminismes psychologique selon Henri Laborit

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

 H.L.. Dans cette seconde situation, la porte de communication entre les deux compartiments est fermée. Le rat ne peut pas fuir. Il va donc être soumis à la punition à laquelle il ne peut pas échapper. Cette punition va provoquer chez lui un comportement d’inhibition. Il apprend que tout action est inefficace, qu’il ne peut ni fuir, ni lutter. Il s’inhibe, et cette inhibition, qui s’accompagne d’ailleurs chez l’homme de ce qu’on appelle l’angoisse, s’accompagne aussi dans son organisme de perturbations biologiques extrêmement profondes. Si bien que si un microbe passe dans les environs, s’il en porte même sur lui-même, alors que normalement il aurait pu les faire disparaître, là, ne pouvant pas, il va faire un infection. S’il y a une cellule cancéreuse qu’il aurait détruite, il va faire une évolution cancéreuse. Et puis ses troubles biologiques aboutissent à tout ce qu’on appelle les maladies de civilisations, ou psychosomatiques, les ulcères de l’estomac, les hypertensions artérielles, ils aboutissent à l’insomnie, à la fatigue, au mal-être.   H.L.. Dans cette troisième situation, le rat ne peut pas fuir. Il va donc recevoir toutes les punitions, mais il sera en face d’un autre rat, qui lui servira d’adversaire, et dans ce cas il va lutter. Cette lutte est absolument inefficace, elle ne lui permet pas d’éviter la punition, mais il agit. Un système nerveux, ça ne sert qu’à agir. Ce rat ne fera aucun accident pathologique, de ceux que nous avions rencontrés dans le cas précédent. Il va être en très bon état et pourtant il aura subi toutes les punitions. Or, chez l’homme, les lois sociales interdisent généralement cette violence défensive. L’ouvrier qui voit tous les jours son chef de chantier dont la tête ne lui revient pas, il ne peut pas aller lui casser la figure parce qu’on lui enverrait les agents... il ne peut pas fuir parce qu’il serait au chômage, et tous les jours de la semaine, toutes les semaines du mois, tous les mois de l’année, toutes les années quelquefois, qui se succèdent, il est en inhibition de l’action. L’homme a plusieurs façons de lutter contre cette inhibition de l’action. Il peut le faire par l’agressivité. L’agressivité n’est jamais gratuite.

« - Sur le plan biologique, il existe quatre types de comportements fondamentaux : - deux sont innés : - comportements de consommation : boire, manger, copuler; ils répondent à un stimulus interne.

- comportements de lutte ou de fuite : ils répondent à un stimulus externe.

- deux sont acquis : - l'un est celui de l'action récompensée ou permettant d'éviter la punition et capable de renforcement.

- l'autre est un comportement d'inhibition résultant de l'action punie et non récompensée." Le système nerveux vierge de l'enfant, abandonné en dehors de tout contact humain, ne deviendra jamais un système nerveux humain.

Il ne lui suffit pas d'enposséder la structure initiale, il faut encore que celle-ci soit façonnée par le contact avec les autres, et que ceux-ci, grâce à la mémoire que nous en gardons, pénètrenten nous et que leur humanité forme la nôtre. Et pour se déplacer dans un espace, il faut un système nerveux, et ce système nerveux va agir, va permettre d'agir sur l'environnement et dans l'environnement.

Ettoujours pour la même raison: pour assurer la survie.

Si l'action est efficace, il va en résulter une sensation de plaisir.Ainsi une pulsion pousse les êtres vivants à maintenir leur équilibre biologique, leur structure vivante, à se maintenir en vie.

Et cette pulsion va s'exprimer dansquatre comportements de base: un comportement de consommation, c'est le plus simple, le plus banal, il assouvit un besoin fondamental, boire, manger, copuler.

Uncomportement de fuite, un comportement de lutte et un comportement d'inhibitionL'évolution, l'évolution des espèces est conservatrice et dans le cerveau des animaux on trouve des formes très primitives que Mac Lean a appelé le cerveau reptilien.C'est celui des reptiles, en effet, et qui déclenche des comportements de survie immédiates sans quoi l'animal ne pourrait pas survivre: boire, manger, qui luipermettent de maintenir sa structure, et copuler qui lui permet de se reproduire.

Et puis dès qu'on arrive aux mammifères, un second cerveau s'ajoute au premier et,d'habitude on dit, toujours avec Mac Lean encore, que c'est le cerveau de l'affectivité.

Je préfère dire que c'est le cerveau de la mémoire.

Sans mémoire de ce qui estagréable, de ce qui est désagréable il n'est pas question d'être heureux, triste, angoissé; il n'est pas question d'être en colère ou d'être amoureux, et on pourrait presquedire qu'un être vivant est une mémoire qui agit.

Et puis un troisième cerveau s'ajoute au deux premiers.

Qu'on appelle le cortex cérébral.

Chez l'homme il a pris undéveloppement considérable.

On l'appelle un cortex associatif.

Ce que ça veut dire, ça veut dire qu'il associe.

Il associe les voies nerveuses sous-jacentes et qui ontgardé la trace des expériences passées.

Il les associe d'une façon différente de celle ou elles ont été impressionnées par l'environnement au moment même del'expérience.

C'est-à-dire que, il va pouvoir créer, réaliser un processus imaginaire.

Dans le cerveau de l'homme, ces trois cerveaux superposés existent toujours.

Nospulsions sont toujours celles très primitives du cerveau reptilien.

H.L..

Ces trois étages du cerveau devront fonctionner ensemble et, pour ce faire, ils vont être reliés par des faisceaux.

L'un, on peut l'appeler le faisceau de larécompense.

L'autre, on peut l'appeler celui de la punition.

C'est lui qui va déboucher sur la fuite ou sur la lutte.

Un autre encore est celui qui va aboutir à l'inhibitionde l'action.

Par exemple, la caresse d'une mère à son enfant, la décoration qui va flatter le narcissisme d'un guerrier, les applaudissements qui vont accompagner latirade d'un acteur, eh bien, tout cela libère des substances chimiques dans le faisceau de la récompense et aboutira au plaisir de celui qui en est l'objet.

H.L..

Mais j'ai parlé de la mémoire.

Mais ce qu'il faur savoir, c'est que, au début de l'existence, le cerveau est encore, disons, immature (Jean fait descendre de labarque une autre jeune fille.

Ils s'avancent de dos, vers l'intérieur de l'île, marchant avec difficulté sur les galets.

Jean tient par la main et guide l'adolescente, dont lajupe flotte au vent).

Donc dans les deux ou trois premières années de la vie d'un homme, l'expérience qu'il aura du milieu qui l'entoure sera indélébile et constitueraquelque chose de considérable pour l'évolution de son comportement dans toute son existence.

Et finalement nous devons nous rendre compte que ce qui pénètre dansnotre système nerveux depuis la naissance, et peut-être avant, in utéro, les stimuli qui vont pénétrer dans notre système nerveux nous viennent essentiellement desautres, et que nous ne sommes que les autres.

Quand nous mourrons, c'est les autres que nous avons intériorisés dans notre système nerveux, qui nous ont construits,qui ont construit notre cerveau, qui l'ont rempli, qui vont mourrir.

H.L..

Ainsi nos trois cerveaux sont là.

Les deux premiers fonctionnnent de façon inconsciente, nous ne savons pas ce qu'ils nous font faire.

Pulsions, automatismesculturels? Et le troisième nous fournit un langage explicatif qui donne toujours une excuse, un alibi, au fonctionnement inconscient des deux premiers.

Je crois, qu'ilfaut se représenter l'inconscient comme une mer profonde et ce que nous appelons le conscient, comme l'écume qui naît, disparaît, renaît, à la crête des vagues; c'est lapartie très très superficielle de cet océan qui est écorchée par le vent.

H.L..

On peut donc distinguer quatre type principaux de comportements.

Le premier est le comportement de consommation qui assouvit les besoins fondamentaux.Le second est un comportement de gratification.

Quand on a l'expérience d'une action qui aboutit au plaisir, on essaie de la renouveler.

Le troisième est uncomportement qui répond à la punition, soit par la fuite qui l'évite, soit par la lutte qui détruit le sujet de l'agression.

Le dernier est un comportement d'inhibition.

Onne bouge plus.

On attend en tension et on débouche sur l'angoisse.

L'angoisse, c'est l'impossibilité de dominer une situation.Quand on prend un rat, qu'on le met dans une cage à deux compartiments, c'est-à-dire dont l'espace est séparé par une cloison dans laquelle se trouve une porte, dontle plancher est électrifié intermittamment, et avant que le courant électrique passe dans le grillage du plancher un signal prévient l'animal qui se trouve dans la cageque 4 secondes après le courant va passer.

Mais il ne sait pas au départ.

Il s'en aperçoit vite.

Au début, il est inquiet, et très rapidement il s'aperçoit qu'il y a une porteouverte et il passe dans la pièce à côté.

La même chose va se reproduire quelques secondes après, mais il apprendra aussi très vite qu'il peut éviter la punition du petitchoc électrique dans les pattes en passant dans le compartiment de la cage où il était au début.

Cet animal, qui subit cette expérience pendant une dizaine de minutespar jour pendant 7 jours consécutifs, au bout de ces 7 jours, va être en parfait état, en parfaite santé.

Son poil est lisse, il ne fait pas d'hypertension artérielle.

Il a évitépar la fuite la punition.

Il s'est fait plaisir, il a maintenu son équilibre biologique.

H.L..

Ce qui est facile pour un rat en cage est beaucoup plus difficile pour un homme en société, en particulier certains besoins ont été créés par cette vie en société,et cela depuis son enfance, et il est rare qu'il puisse pour assouvir ses besoins, aboutir à la lutte lorsque sa fuite n'est pas efficace.

H.L..

Quand 2 individus ont des projets différents ou le même projet, et qu'ils entrent en compétition pour la réalisation de ce projet, il y a un gagnant, un perdant, ily a un établissement d'une dominance de l'un des individus par rapport à l'autre.

La recherche de la dominance, dans un espace qu'on peut appeler le territoire, est labase fondamentale de tous les comportements humains, et ceci en pleine inconscience des motivationsLe fonctionnement de notre système nerveux commence à peine à être compris.

Il y a une vingtaine ou une trentaine d'années que nous sommes capables decomprendre comment, à partie des molécules chimiques qui le constituent, qui en forment la base, s'établissent les voies nerveuses qui vont être codées, imprégnéespar l'apprentissage culturel.

Et tout cela dans un mécanisme inconscient, c'est-à-dire que nos pulsions et nos automatismes culturels seront masqués par un langage,par un discours logique.

H.L..

Le langage ne contribue ainsi qu'à cacher la cause des dominances, les mécanismes d'établissement de ces dominances, et à faire croire à l'individu qu'enoeuvrant pour l'ensemble social, il réalise son propre plaisir, alors qu'il ne fait en général que maintenir des situations hiérarchiques qui se cachent sous des alibislangagiers, des alibis fournis par le langage qui lui servent en quelque sorte d'excuse.

H.L..

Dans cette seconde situation, la porte de communication entre les deux compartiments est fermée.

Le rat ne peut pas fuir.

Il va donc être soumis à la punition àlaquelle il ne peut pas échapper.

Cette punition va provoquer chez lui un comportement d'inhibition.

Il apprend que tout action est inefficace, qu'il ne peut ni fuir, nilutter.

Il s'inhibe, et cette inhibition, qui s'accompagne d'ailleurs chez l'homme de ce qu'on appelle l'angoisse, s'accompagne aussi dans son organisme de perturbationsbiologiques extrêmement profondes.

Si bien que si un microbe passe dans les environs, s'il en porte même sur lui-même, alors que normalement il aurait pu les fairedisparaître, là, ne pouvant pas, il va faire un infection.

S'il y a une cellule cancéreuse qu'il aurait détruite, il va faire une évolution cancéreuse.

Et puis ses troublesbiologiques aboutissent à tout ce qu'on appelle les maladies de civilisations, ou psychosomatiques, les ulcères de l'estomac, les hypertensions artérielles, ilsaboutissent à l'insomnie, à la fatigue, au mal-être.. »

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