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La nature humaine chez Freud ou l'anthropologie freudienne

Publié le 17/09/2006

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D'un bout à l'autre de sa vie active, il n'est pas rare que Freud ait été étonné de ses propres déductions et conclusions; mais bien qu'au début il ait pu se trouver déconcerté par elles, jamais en fin de compte il ne recula devant elles, ni ne manqua de les mener le plus loin possible sur la voie de leur aboutissement logique. Freud avait commencé par souhaiter devenir un penseur, un valeureux meneur de la société humaine. En un sens purement théorique, il y réussit au delà de ses rêves les plus fous. Ce chapitre traitera des opinions qu'il exprima sur le passé et l'avenir de l'humanité, opinions qui, bien qu'elles donnent matière à controverses, reposaient sur l'attention portée par leur auteur en personne à la condition humaine. Les ouvrages qui forment la base de ce chapitre sont, respectivement, Totem et Tabou, l'Avenir d'une illusion, et le Malaise de la civilisation. A la fin de sa vie, Freud écrivit encore un livre appartenant à ce courant de pensée : Moise et le Monothéisme. Toutes ces oeuvres contribueront à notre étude.

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« culpabilité, toute l'appréhension de la tribu, qui sont finalement éloignées en faisant sortir du village l'animal ou leprisonnier, ou bien en les chassant et les tuant, ce qui leur fait expier le sentiment collectif du châtiment imminent.Tandis qu'il soulignait ces ressemblances, Freud observait aussi la différence essentielle entre totem et tabou d'unepart, névroses d'autre part.

La névrose, disait Freud, est à la fois désapprouvée par la société, et liée à l'angoissesexuelle de l'individu.

Le tabou se trouve approuvé par la société, et lié à la prohibition sexuelle publique.Le troisième essai porte le titre d'Animisme, magie et toute-puissance des idées.

Ici, Freud adoptait une théorieconsidérée en ce temps-là comme exposant l'évolution des idées humaines au sujet de l'univers.

Venait d'abord unephase animiste, ensuite une phase religieuse, et finalement une phase scientifique.

Freud expliquait ces phases enfonction de la toute-puissance des idées, rencontrée déjà dans ses analyses de patients obsessionnels, enparticulier de l'Homme aux rats.

Cette toute-puissance des idées se distingue dans les fantasmes de l'enfance : sivous pensez à quelque chose, cette chose aura plus de chances de se produire que si vous n'y pensez pas.

Nepoint penser aux choses les rend moins à même de se produire.On sait que cela fait partie de la philosophie des tribus primitives.

Les êtres les plus primitifs considèrent les penséescomme équivalant à des actions ou bien à des faits.

Plus tard, ils transfèrent ce pouvoir effrayant d'eux-mêmes àleurs dieux; mais cela leur permet de conserver la notion de toute-puissance, par intercession.

Finalement la toute-puissance doit céder la place à l'étude objective, scientifique, des probabilités.

Les hommes traitent avec la réalité;ils renoncent à leur foi dans la magie, dans le pouvoir de leurs idées, pour influer sur le monde réel.

La toute-puissance ne survit que dans les contes de fées, dans l'enfance, dans la névrose et dans les rêves.

Aux yeux deFreud, donc, la religion n'était que la survivance d'une névrose tribale.Le dernier essai de la série avait pour titre le Retour infantile du totémisme.

Ces pages exposaient la théorie quisouleva la plupart des critiques des anthropologistes sur la tentative freudienne de contribuer à ce genre deconnaissances, bien que l'essai reposât en réalité sur des sources parfaitement respectables à l'époque où lesutilisait Freud.Darwin en personne avait émis l'hypothèse que l'homme primitif; pareil aux singes supérieurs, avait vécu en hordes,dans lesquelles un mâle était le père de la tribu, avec de nombreuses femmes et une très grande quantité d'enfants.Les jeunes mâles se voyaient chassés de la tribu pour trouver des compagnes, et les jeunes femelles ne pouvaientespérer d'autre compagnon que le chef de la horde.

Situation manifestement désagréable aussi bien pour les jeunesfemmes que pour les jeunes hommes de la tribu.

Freud suggéra que les jeunes hommes s'étaient soulevés en masseafin d'assassiner leur père et de prendre possession de ses femmes.

Mais cela fait, ils avaient été envahis par unterrible sentiment de culpabilité collective, et par un besoin d'expiation.

C'est pourquoi ils dotèrent le totem desqualités de l'ancien père-chef de la horde tribale, préservèrent durant toute l'année cet animal, maiscommémorèrent l'acte de libération par la consommation et le sacrifice rituels de l'animal au jour consacré du festintribal.Ici la fonction du totem serait de rappeler à l'ensemble de la tribu que l'autorité unique du père était abolie auniveau humain, mais qu'elle devait être sauvegardée au niveau religieux.

De façon similaire, afin d'éviter des guerreset compétitions au sein de la tribu pour la possession des femmes, l'inceste, c'est-à-dire le mariage au sein desfamilles appartenant à la tribu, devrait être prohibé, et l'exogamie rétablie dans une certaine mesure.

Les hommes nese trouveraient plus expulsés de la tribu; les femmes ne demeureraient plus la propriété d'un seul homme; à la place,les hommes devraient travailler ensemble, liés par leur sentiment commun de culpabilité et de responsabilité,cependant que les femmes de la famille devraient n'accepter le mariage qu'avec des hommes d'autres familles que laleur.

L'interdit contre la lutte intestine et l'inceste se trouverait donc sauvegardé par le totem et le tabou; maisdésormais ces derniers seraient refoulés dans l'inconscient individuel des membres de la tribu, imprimés en eux parleurs prêtres qui, en tant que gardiens de leurs mystères, leur rappellerait en fait une culpabilité collective et lejugement d'un surmoi universel, introjecté dans chacun d'eux et provenant du meurtre originel.

Voilà comment Freudconcevait, au bout du compte, la base commune des religions.Résumant la situation, Freud une fois de plus déclare qu'en réalité le complexe d'OEdipe est universel.

Partout leshommes doivent être empêchés de désirer leur mère et de souhaiter tuer leur père.« Je pourrais donc terminer et résumer cette rapide recherche en disant qu'on retrouve dans le complexe d' Œdipeles commencements à la fois de la religion, de la morale, de la société et de l'art, et cela en pleine conformité avecles données de la psychanalyse qui voit dans ce complexe le noyau de toutes les névroses, pour autant que nousayons réussi jusqu'à présent à pénétrer leur nature.

N'est-il pas étonnant que même ces problèmes relatifs à la viepsychique des peuples puissent être résolus, en partant d'un seul point concret : celui de l'attitude à l'égard du père? »Freud estimait-il qu'il s'agissait là d'un compte rendu historique? La réponse est à la fois oui et non.

Freud parle de lapossibilité, de la probabilité, de l'invraisemblance et en même temps de la certitude qu'il s'agissait là d'une partie del'héritage mental originel de l'espèce humaine.

En un sens, Freud ici tend à faire preuve d'ambivalence, ainsi qu'àplaider la licence poétique.

Que la chose se soit produite ou non, elle est importante, car elle correspond auxmythes et aux rêves de toute l'espèce humaine.

Si elle correspond aux mythes et aux rêves de toute l'espècehumaine, elle doit s'être produite.

Freud le créateur de mythes s'était fort éloigné de Freud l'homme de science.Publié en 1914, Totem et Tabou manqua donc la majeure partie du monde occidental, engagé dans sa lutte contrel'Allemagne et l'Autriche.

Mais même une fois que le livre eut atteint ce public, le lecteur ne s'étonnera pasd'apprendre que ce fut l'un des ouvrages les moins populaires de Freud, bien qu'il s'agisse probablement d'un de sesessais les plus originaux et les plus féconds.Dès 1927, Freud était prêt à reprendre cette thèse, dont l'importance personnelle qu'elle présentait pour lui étaitparticulièrement significative.

Il écrivit alors une petite monographie intitulée l'Avenir d'une illusion, que suivit troisans plus tard un livre plus long, le Malaise de la civilisation.

Nous pouvons lier l'un à l'autre ces deux ouvrages, etrechercher leur message fondamental.En substance, Freud rejetait l'idée de Dieu comme une illusion, créée par l'humanité pour se rassurer devant sonimpuissance une fois que ses parents ne la protégeaient plus.

Le péché originel et le sentiment de culpabilité, disait. »

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