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La religion au coeur de l'expérience humaine

Publié le 17/01/2022

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  INTRODUCTION
La mort est sans aucun doute, une des premières questions de l'humanité, voire même la plus grande. Les pensées qui découlent de notre conscience nous permettent de connaître les limites de notre propre existence. Ici, je parle bien de notre finitude en tant qu'être humain. C'est notamment cette connaissance de notre finitude qui nous distingue de la faune et de la flore. De plus, lorsqu'un être humain fait l'expérience du deuil d'un être cher, il peut appréhender le moment de sa propre mort d'une manière différente. Quoi qu'il en soit, la mort est une nécessité dans la nature puisque tous les êtres vivants sont appelés à disparaître, que cela nous plaise ou non. De ce fait, nombreux sont les individus qui sont effrayés par l'idée de la mort et elle continue à se propager dans nos sociétés: Tous les rites funéraires, les croyances religieuses ou superstitions visent en effet à diminuer les appréhensions des hommes et à adoucir le deuil avec la perspective rassurante d'une vie après la mort ou d'une survie de l'esprit. Si nous raisonnons de manière anthropologique, le besoin de donner un sens à la mort, ainsi qu'aux autres phénomènes de la nature desquels l'être humain ne comprenait pas, donna un élan à la formation de mythes culturels. Les mythes premiers donnèrent un sens à l'influence directe des phénomènes de la vie. La transmission des mythes sous la forme de
récits, de génération en génération, avec la force de la coutume, transforma les mythes en croyances. Les croyances devenaient ainsi des vérités premières auxquelles il était possible de se référer pour donner une explication de ce qui était largement dans l'inconnu. Lorsque le mythe se mue en croyance, la croyance s'installe, elle devient dans la conscience collective une vérité. Suite à cette mutation en vérité, le passage du mythe vers la religion organisée s'effectue. Ainsi, dans l'inconscient collectif, il y a cette l'idée d'une puissance supérieure qu'il faut apaiser, louer, craindre et respecter de la bonne manière. Elle est l'arrière fond mythique présent dans la représentation commune de la religion. L'idée qu'il y ait une puissance de la nature n'est pas en soi une idée fausse. En ce sens, il est possible de comprendre le but de la religion, qui est d'être une quête vers un absolu. Par contre, que cette puissance se comprenne à la manière des des hommes par colères, des attentes, des besoins, des passions et dont on se doit d'apaiser par un rituel, est tout à fait autre chose. Sur ce, il est bien plus pertinent pour moi de dire que le sacré est au coeur de l'expérience humaine plutôt que la religion. Le fondamentalisme et l'intégrisme sont des attitudes que nous savons rattacher au sursaut identitaire des religions organisées. Ils ont peu à voir avec un éveil spirituel...

« de l'existence de Dieu? Mieux veux y voir une philosophie non? À ce moment-ci, qu'est-ce que le sacré? LE SPIRITUEL OU LE SACRÉTout d'abord, il est nécessaire de faire quelques remarques sur la terminologie de la spiritualité dans son contexte contemporain.

Le mot spiritualité veut dire « Qualité de ce qui est espritou âme, concerne sa vie ou qui est du domaine des valeurs morales »[3].

Tel qu'il est aujourd'hui employé, ce terme signifie aussi la reconnaissance du fondement dans toute réalitédans le spirituel, ce qui implique le dépassement de toute vision du réel réduit au matériel.

C'est un dépassement de la négation, qui tend à réconcilier le matériel et le spirituel dans uneunité vivante.

Il signifie aussi la transformation concrète de l'existence humaine en relation avec le spirituel, ce qui implique des pratiques et un art de vivre permettant la manifestation duspirituel dans le matériel.

Maintenant, je sais qu'on peut estimer que ce terme recoupe beaucoup de confusion.

Cependant, il est nécessaire que ce terme reste flou, en accord avec cequ'il désigne.

D'autre part, comme il n'y a pas de dogmatique religieuse dans la spiritualité vivante, il est aussi indispensable de laisser à chacun le libre choix de nommer, en fonction desa propre démarche, ce qu'il désigne comme le fondement de toute réalité.

Dans ce cas, la spiritualité ne suppose pas d'organisation et cette absence d'organisation est peu propice à la formation d'un dogme.

De ce point de vue, il est possible d'admettre une grande diversité de voies d'accès vers un absolu.

Il est toutde même possible de retrouver, au sein d'une religion organisée, une spiritualité dans le sens que l'on vient de définir.

Elle se rencontre dans ce qu'on appelle la mystique.

Le mysticismereprésente un idéal d'union avec l'absolu par l'entremise d'une approche expérimentale.

On peut donner ici des exemples de personnalités religieuses dans le christianisme, dont entreautres, Bernard de Clairveaux, Meister Eckhart.

Il y a le mouvement soufisme, tiré de l'islam et la Kabbale, tiré du judaïsme.

Il y a le mysticisme grec et oriental.

Le lien entre une religionorganisée et la mystique qui lui est rattachée est très, très vague.

Il est dans une catégorie imposée de l’extérieur par ceux qui jugent.

La mystique n’est pas dogmatique et très souventleurs propos, soit-disant orthodoxes, ont des allures franchement hérétiques.

Bergson, dans ce registre, parle de religion dynamique. De plus, il est bien possible qu'un individu puisse vivre une expérience spirituelle ou voire même mystique, en dehors de tout cadre religieux.

Michel Hulin, dans son livre Mystiquesauvage fait référence à de nombreuses personnes qui ont vécus des extases, qui sont du moins comparables à celles des figures religieuses du catholicisme, de l'islam ou de l'hindouisme et qui pourtant ne s'inscrivent dans aucun cadre religieux.

Un de ces exemples est celui de Miss Montague.

Elle à vécu une expérience dontMichel Hulin appella « la transfiguration soudaine – apparemment inexplicable – d'un environnement plus ou moins morne ou sinistre ».[4] Miss Montague fut hospitalisée pour uneopération chirurgicale.

Cet épisode se passe en mars 1915.

Elle fut amenée avec son lit roulant, dans une véranda qui donne un aperçu du jardin de l'hôpital et son récit va de suite: « D'une manière entièrement inattendue (car je n'avais jamais rêvé d'une telle chose) mes yeux s'ouvrirent et, pour la première fois de ma vie, j'eus un aperçu fugitif de la beautéextatique du réel...Je ne vis aucun chose nouvelles mais je vis toutes les choses habituelles dans une lumière nouvelle et miraculeuse, dans ce qui, je crois, est leur véritable lumière.

Jeperçus l'extravagante splendeur, la joie, défiant toute tentative de description de ma part, de la vie en sa totalité.

Chacun des êtres humains qui traversaient la véranda, chaque moineaudans son vol, chaque rameau oscillant dans le vent était partie intégrante d'un tout, comme pris dans cette folle extase de joie, de signification, de vie enivrée.

Je vis cette beauté partoutprésente.

Mon coeur fondit et m'abandonna, pour ainsi dire, dans un ravissement d'amour et de délices...Une fois au moins, milieu de la grisaille des jours de ma vie, j'aurais regardé dans le coeur de la réalité, j'aurai été témoin de la vérité.

»[5] Cette épisode ressemble énormement à la signification du terme sanskrit Brahman, souvent utilisé dans l'hindouisme qui enveloppe l'absolu et le relatif.

Chacun des termes adoptésmettent l'accent sur un aspect privilégié, d'une réalité englobante qui ne se renferme pas dans une définition rigide.

Bien des mots sont employés dans la spiritualité vivante pour désignercette réalité.

Le mot Dieu est surchargé de connotations contradictoires et compromis avec la dogmatique religieuse.

Spinoza, à employé le terme Substance ou bien Nature pourdésigner cette réalité, dans son traité théologico-politique.

Par contre, bien des auteurs contemporains évitent d'utiliser ce terme.

Très souvent, on emploie le terme Divin ou Sacréjustement pour faire mention de cette réalité.

Là où la religion oblige à croire, à défendre ses dogmes et à les imposer, la spiritualité porte son attention sur l'expérience personnelle.

C'estcette dernière qui est la pierre de touche de la spiritualité.

Elle invite chacun à devenir sa propre autorité au lieu de se soumettre à l’autorité d’un autre.

La spiritualité conduit chacun àl’autoréférence consciente.

Elle se situe en dehors du temps historique.

La connaissance que l’on tire de la religion est une connaissance de seconde main, une connaissance empruntée, qui a été répétée de génération en génération.

Elle ne s’enracine pas dans l’expérience personnelle.

Pour donner unexemple inverse, je peux faire témoignage de mon propre vécu.

Faisant partie d'une communauté de croyants, il m'est souvent arrivé de croiser des chrétiens, qui fréquente leur églisedepuis des années, mais qui n'avaient guère de vigueur spirituelle, aucun engagement sérieux et dont la religion consiste seulement dans une morale appuyé sur l'argument d'autoritédes textes sacrés.

La compréhension de la complexité de notre situation par rapport au monde, nous ramène au sens de la relation que nous avons avec elle.

Ainsi, nous pouvons doncvoir qu'il y a une différence entre la religion organisée et ce qu'on appelle le sacré.

Je dirais que nous pouvons même les opposer.

La raison pourquoi ces deux termes sont souventconfondus, est parce que les religions organisées sont des organisations construites autour d'une idée qui prend sa source dans un mythe d'origine.

La codification du mythe estdevenue une doctrine.

Lorsque la doctrine est solidifiée, elle est devenue un dogme.

Certes que la religion peut avoir une certaine valeur spirituelle, mais cette dernière est enferméedans le passé et elle se perpétue par la tradition, espérant pouvoir recréer l'expérience du sacré.

Juddi Krishnamurti nous donne une explication beaucoup plus claire: « L'esprit religieux est radicalement différent de l'esprit de croyance à une religion.

L'esprit religieux est psychologiquement affranchi de la culture et de la société.

Il est égalementaffranchi de toute forme de croyance et n'a nul besoin de passer par l'expérience ni de s'exprimer.

Or l'homme, au fil de ses croyances, a crée au cours des siècles un concept auquel il adonné le nom de Dieu.

La croyance en ce concept de Dieu lui est devenue nécessaire face à ce constat – que la vie est faite de souffrances, d'une infinité de luttes, de conflits, detourments, avec une étincelle occasionnelle de lumière, de beauté et de joie.

»[6] En effet, « Cette croyance à un concept, à une formule, à une idée lui est devenue nécessaire, parce que la vie est si dépourvue de sens ».[7] Face à la mort imminente, l'homme à unenécessité de croire.

À ce moment ci, Krishnamurti nous donne une différence entre la quête spirituelle de l'un et la dogmatique religieuse de l'autre: « Intellectuellement, on voit bien l'absurdité de tout cela; intellectuellement, discursivement, on voit l'absurdité de toute croyance, la bêtise foncière de toute idéologie.

D'un point de vueintellectuel, l'esprit peut bien affirmer que tout cela n'est que des fadaises, et le rejeter, mais intérieurement demeure au plus profond de l'être cette quête qui s'adresse à ce qui est au-delà des rituels, des dogmes, des croyances, des Sauveurs, au-delà de tous ces systèmes qui sont, c'est l'évidence même, une invention de l'homme.

»[8] L'approche de Krishnamurti face à la croyance, est étrangement semblable à la formule provocatrice de Nietzhche « dieu est mort » dans Ainsi parlait Zarathoustra, qui est ledénudement complet de toute forme de croyance. « La croyance et le refus de croire relèvent tous deux de l’ignorance, alors que le fait de comprendre la nature temporelle de la pensée nous apporte la liberté qui seule rend ladécouverte possible.

Mais en général nous préférons croire, parce que c’est tellement plus commode : cela nous donne un sentiment de sécurité, d’appartenance au groupe.

Alors que,bien sûr, cette croyance même est un facteur de séparation : vous croyez en une chose, et moi en une autre.

La croyance agit donc comme une barrière ; elle est processus dedésintégration »[9]. Ainsi, pour se détacher de toute forme de croyances, il est nécessaire à ce que l'être humain exerce un détachement face à ses propres croyances, voire même par rapport à sa proprepensée.

À ce moment-ci, l'intelligence se trouve placé en état de découverte, de disponibilité sans choix.

Ce qui suppose un haut degré de sensibilité. « L’esprit religieux doit avoir conscience de ce sens perceptif extraordinaire, de cette sensibilité, de cette beauté extraordinaire. L’esprit religieux dont je parle est tout à fait différent de l’esprit religieux qui anime les tenant d’une orthodoxie, d’un intégrisme religieux.

L’esprit religieux de tout intégriste est aveugle à labeauté ; le tenants de l’orthodoxie n’a pas du tout conscience de l’univers dans lequel il vit – de la beauté de l’univers, de la beauté de la terre, de la beauté de la colline, d’un arbre, dusourire qui éclaire un visage harmonieux.

Pour lui la beauté n’est que tentation ; pour lui, la beauté, c’est la femme qu’il doit éviter à tout prix pour trouver Dieu.

Un tel esprit n’est pasreligieux, parce qu’il n’est pas sensible au monde qui l’entoure – à sa beauté, à sa laideur.

On ne peut pas être sensible exclusivement à la beauté ; il faut aussi être sensible à la misère,à la saleté, aux failles de l’esprit humain.

La sensibilité suppose une approche globale, qui n’ait pas d’orientation unique et exclusive »[10]. Dès lors, nous pouvons comprendre que le sacré est bien plus que le coeur de l'expérience humaine.

Le sacré est la vie elle-même dans son expérience en tant qu'être humain. CONCLUSIONIl est donc aujourd’hui nécessaire de distinguer religion et spiritualité, car elles ont cessé de se confondre depuis l'ère contemporaine.

La religion conserve encore largement sadogmatique, la spiritualité peut très bien s’en passer et c’est même ce qu’elle fait très. »

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