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Les armes de la foi

Publié le 17/01/2022

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Un long débat oppose les chrétiens à certains aspects de la politique militaire de la France. Ils s'en prennent aussi bien à l'arme atomique, comme l'ont fait nombre d'évêques, durant les mois d'été, qu'au commerce des armes, que l'épiscopat catholique et la Fédération protestante ont condamné. Les Eglises se sont toujours défendues de faire de la politique, mais, dans les circonstances actuelles, elles n'ont pas supporté de garder le silence. Le débat a pris parfois des proportions assez dramatiques.

« C'est pour répondre aux attaques dont l'arme nucléaire est l'objet que des officiers chré­ tiens ont publié, dans le numéro d'octobre de la revue « Défense nationale », une longue étude sur le problème de l'armée et sur les rapports de la guerre moderne et de la conscience chré­ tienne.

Le problème est posé de la façon suivante, avec toutes ses contradictions : « L'attitude des alliés à Munich, en 1938, face à Hitler n'aurait-elle pas été plus efficace si elle avait été plus ferme et moins veule ? La bombe d'Hiroshima a-t-elle provoqué plus de souf­ frances et de morts qu'elle n'a permis d'en éviter en provoquant la reddition du Japon ? La torture, qui permet parfois d'obtenir des ren­ seignements opérationnels importants, est-elle efficace si son emploi dégrade l'image que les hésitants peuvent se faire des valeurs que nous défendrons, au point de les rejeter progressi­ vement dans le camp de l'adversaire ? ».

« La recherche de l'efficacité ne saurait être pour suivie à tout prix.

La définition de cette limite est claire pour un chrétien : lorsque le respect des valeurs évangéliques est mis en péril par la mise en œuvre des moyens , il faut savoir s'opposer et éventuellement se démettre.

« En fin de compte, il s'agit de déterminer chacun, .

face à sa propre conscience et éclairé par la lumière de l'Esprit saint, non seulement les limites à partir desquelle s on estime que les voies et les moyens de notre action cessent d'être un « moindre mal » pour devenir un mal inacceptable , mais encore l'attitude d'en­ semble qu'on adopte vis-à-vis de chacun des aspects de la défense ».

Ainsi, que penser de la bombe atomique ? « Un moyen qui permet ou semble permettre le maintien de la paix ne saurait être considéré aujourd'hui comme un mal inacceptable .

Mais remarquons aussi que la terreur comme moyen de maintenir la paix ne saurait être considérée comme un bien.

On peut donc au mieux se ré­ soudre à tolérer la dissuasion fondée sur l'arme nucléaire comme un moindre mal.

Il faut d'ail­ leurs noter que le concile, s'il n'approuve évi­ demment pas l'arme nucléaire, paraît bien prendre acte de l'intention de dissuasion...

».

Au sujet de la torture, le texte note : « La fin ne justifie pas les moyens.

Tout acte de guerre ne peut être considéré que comme un moindre mal.

Ainsi, un interrogatoire de force est un acte qu'on ne peut absolument pas jus­ tifier.

Une telle pratique, malheureusement assez fréquente, nous paraît à la fois immorale et peu efficace.

Les moyens employés pour faire pression ne doivent jamais provoquer la destruc­ tion ni la dégradation de la personnalité ».

En conclusion, les rédacteurs du texte écri­ vent : « En ce qui nous concerne, nous avons choisi d'être de ceux à qui échoit la tâche de défendre, par les armes s'il le faut, ce bien commun dont la valeur la plus précieuse est sans doute la possibilité d'évolution qu'il recèle et qui doit permettre aux hommes de le faire évoluer jusqu'à l'avènement total du règne de Dieu.. »

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