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Les techniques de la religion. Le sacrifice. Religion et magie

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Du sacrifice du dieu il convient sans doute de rapprocher une coutume dont on retrouve les traces depuis la Méditerranée préhistorique jusqu'à l'Afrique actuelle : le meurtre rituel du roi. Dans mainte société de l'Afrique centrale et méridionale, le souverain ne devait pas mourir de sa mort naturelle; lorsque ses forces faiblissaient - l'impuissance sexuelle était la preuve de cet affaiblissement - il était tué. Cet homicide obligatoire du roi était fondé sur l'idée d'une communion entre le souverain et la communauté : la puissance du roi est....

« ligion devient alors l'équivalent d'une chose que l'homme veut faire sienne.

Et la religion se confond avec ce qu'on .·nomme la magie.

Dialogue, c'est-à-dire échange, d'une part, appropriation d'autre part, sont les deux pôles de l'attitude religieuse.

Entre ces deux extrêmes s'inscrit toute la vie reli­ gieuse de l'homme.

Le sacrifice Si le rite exprime le rapport de l'homme avec l'objet de la religion, le sacrifice · est l'acte central du rituel religieux.

Sacrifice, étymologiquement, signifie l'action par la­ quelle on fait le sacré.

Il apparait, dès lors; comme la teèhnique religieuse essentielle, la technique qui permet à l'homme l'acces­ sion au sacré, c'est-à-dire au domaine reli­ gieux par excellence.

La diversité des techniques sacrificielles ne doit pas nous dérouter.

De la diversité des formes, il conviendra d'abord de déga­ ger l'unité profonde d'intention.

Dans ses formes élaborées, le sacrifice postule la distinction entre le profane et le sacré.

La distance, quelquefois verti­ gineuse, entre ces deux portions de l'uni­ vers religieux est comblée par la victime (humaine, animale, végétale ••• ) et grâce au traitement qu'elle subit.

Tout le rituel sa­ crificiel consiste à obtenir le contact, sous certaines conditions, entre le profane et le sacré, par l'intermédiaire de la victime dé­ truite, en tout ou partie, au cours du sa­ crifice.

A ce niveau d'élaboration de l'uni­ vers religieux, la définition du sacrifice que donnent Hubert et Mauss (Essai sur la na­ ture et .la fonction sociale du sacrifice, Mé­ langes d'Histoire des Religions, Paris, Al­ can, 1929) est valable : « Le sacrifiee est un acte religieu:x: qui, par la consécration d'une victime, modifie l'état de la personne morale qui l'accom­ plit ou de ee~tains objets au:x:quels elle s'intéresse.

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Mais une telle définition ne s'applique pas aisément à certaines formes humbles; concentrées, délicates à l'analyse, du rituel religieux, qui n'en sont pas moins des « sa­ crifices » avant la lettre .

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Ces formes nous renvoient à un univers religieux où la dis· tinction fondamentale entre le profane et le sacré n'est pas encore formellement explicitée.

Le rapprochement des formes sa­ crificfelles hautement élaborées, comme le sacrifice animal védique de l'Inde ancienne qu'analysent Hubert et Mauss (ouvr.

cité), et des formes humbles et indifférenciées, comme des populations très archalques nous en fournissent l'exemple, permettra de mieux comprendre la signification profonde des « techniques ~ de la religion - Le don et le sacrifice.

La réflexion sur le Don éclaire le pro · blème du rapport de l'homme avec l'autre et le problème connexe de la technique sa­ crificielle.

A propos des manifestations ar­ chalques de la vie économique (fasc.

4810) nous nous sommes aperçus que tout un en­ semble de comportements et toute une orga­ nisation sociale, étranges pour une cons­ cience occidentale, étaient liés à un sys ­ tème de dons réciproques, forme première des échanges sociaux.

A cette idée de don , il nous est apparu qu'il ne convenait pas d'attribuer une notion comptable, non plus, d'ailleurs, qu'une notion de gratuité, qui en serait l'opposé.

Selon Maurice Leenhardt, dont on ne saurait ici se passer du témoi­ gnage éminent, donner est )raduit par les Canaques : aimer, ce qui sil(nifie, chez eux, donner-sa-vie.

Mais donner sa vie exige qu'en retour l'autre vous donne de sa pro­ pre vie, afin que l'intégrité des termeJ en relation dans le don soit conservée.

· La no­ tion .de don est ici inséparable de celle de réciprocité: Non pas qu'on arrive à formu­ ler cette réciprocité selon l'adage « do ut des ~.

comme le voudrait Salomon Reinach (Mythes, Cultes et Religions, Paris, 1909), en d'autres iermes, selon une perspective purement comptable.

Pour cet auteur, l'of­ frande, dans le sacrifice, serait d'abord in­ téressée (je te donne afin que tu me don­ nes) pour parvenir, en fin d'évolution, à exprimer l'idée d'une communion.

Pour Ty­ lor (ouvr.

cité), l'offrande à Dieu serait cal­ quée, à l'origine, sur l'offrande au chef : intéressée d'abord, elle prendrait, ultérieu­ rement, .

la signification d'un don gratuit et, finalement, d'un renoncement du sujet.

En fait, la réciprocité arehalque du don pour­ rait être exprimée par la formule « do ut possis dare :., « je te donne afin que tu puisses donner ~- Là réside le secret du vé­ ritable échange com~uniel qui aboutit à renforcer les deux parties en présence dans. »

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