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Maître et disciple Toutes écoles confondues, le bouddhisme fourmille d'anecdotes pour en témoigner : choisir son maître n'est pas une mince affaire.

Publié le 05/04/2015

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Maître et disciple Toutes écoles confondues, le bouddhisme fourmille d'anecdotes pour en témoigner : choisir son maître n'est pas une mince affaire. Déjà du temps de çakyamûni, quand l'Éveillé s'apprêtait à quitter ses proches pour le nirvana et que ses disciples se lamentaient de perdre leur guide spirituel, le Bouddha les enjoignit d'être à eux-mêmes " leur propre flambeau ". Plus encore peut-être que dans les autres pays, au Tibet comme dans les écoles du ch'an et du zen, le gurû joue un rôle cardinal : c'est à lui qu'incombe la tâche de mener l'élève sur le sentier qui lui convient, jusqu'au seuil de la connaissance, de la sagesse ou de l'Éveil. En même temps, le candidat à l'aventure spirituelle ne peut se permettre de prendre n'importe qui pour le diriger sur cette voie étroite. D'ailleurs, nombre de maîtres réputés ont multiplié les mises en garde contre trop de hâte à s'attacher aux basques de quiconque. Rien n'illustre mieux cette quête et cette relation que la célèbre histoire de Marpa et de Milarêpa, le lama aux exigences impitoyables qui fera payer cher à son élève ses incartades de jeunesse avant de lui accorder les clefs qui feront de lui non seulement un ascète de renom, mais aussi un poète dont les chants enchantent aujourd'hui encore lecteurs

« suprême que le bouddhisme tibétain donne d’un maître perçu en pleine lumière.

Quitte à oublier parfois qu’il est aussi un être humain. La relation Marpa-Milarêpa est aussi tumultueuse parce que, à son arrivée chez le maître, le chercheur est porteur d’un lourd passé. Orphelin de père dès son enfance, le futur ascète devient expert en magie noire pour venger sa mère des humiliations subies en raison de la cupidité d’un oncle.

Prenant ensuite conscience de la vilenie de ses actions, il cherche à se racheter et s’adresse à Rôngtôn, un maître nyingma réputé, qui l’envoie à Marpa.

Proche de la quarantaine, Mila se met humblement à son service et subit caprices et avanies presque sans broncher, quitte à se retrouver un jour au bord du suicide par désespoir.

Bien entendu, il n’accomplit pas le geste fatal, et Marpa accepte enfin, après cette purification drastique du passé, de l’initier aux arcanes de la connaissance suprême.

Il lui enseigne les exercices les plus rudes, dont celui du toumo, soit la chaleur interne, que Mila pratique des années durant dans la solitude des grottes du haut Himalaya, en particulier au pied de la montagne sacrée du Kaïlash.

Il y gagne son surnom de rêpa, “ celui qui porte la robe de coton des ascètes ”, et de nombreux disciples qui l’entourent fidèlement une fois qu’il accepte de se rapprocher des hommes.

C’est son disciple Réchungpa qui a consigné ses exploits et raconté sa vie, pour le plus grand bénéfice des bardes et conteurs ambulants qui l’ont transmise de génération en génération. Exemple du parfait yogin ayant accompli le dur parcours des méfaits d’une jeunesse turbulente aux épreuves les plus exigeantes, Mila composa “ Les Cent Mille Chants ”, qui sont l’un des fleurons de la littérature bouddhique.

Il est souvent représenté assis sur une peau de gazelle posée sur un lotus, vêtu en ermite, la main droite à l’oreille, à l’écoute du silence.

Son maître et lui sont considérés comme les créateurs de l’école Kagyu-pa, fondée sur les enseignements du Mahamûdra, ou “ Grand Sceau ” et des “ Six doctrines de Nâropa ”, ramenés d’Inde par Marpa.

Pour révélatrice que soit l’histoire de cette relation hors du commun de par la personnalité de ses principaux protagonistes et la lumière qu’elle jette sur le lien singulier qui se forge de maître à disciple, elle ne saurait faire oublier ces paroles du Bouddha, non moins clairvoyantes dès lors qu’il s’agit de s’en remettre à un gurû pour s’engager sur le sentier de la connaissance : “ Ne crois rien parce qu’un sage l’a dit, parce que généralement on le croit, parce que c’est écrit, parce que c’est présenté comme étant d’essence divine, ou parce qu’un autre le croit.

Ne crois que ce que tu juges toi-même être vrai, après avoir été éprouvé à la flamme de l’expérience.

”. »

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