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Abd el-Kader

Publié le 16/02/2013

Extrait du document

1   PRÉSENTATION

Abd el-Kader (1808-1883), émir et religieux algérien, fondateur du premier État algérien, héros de la résistance contre le colonialisme français.

2   UN MUSULMAN PIEUX ET CHARISMATIQUE

Né près de Mascara (Algérie), Abd el-Kader — en arabe Abd al-Qadir Nasr-Ed-Din — est le quatrième fils du chef d’une confrérie soufie, descendant d’une famille chérifienne. Destiné à succéder à son père, il reçoit une éducation approfondie, apprend la théologie, la philosophie, la littérature arabe et gagne très tôt la réputation d’être un homme pieux et cultivé. Entre 1826 et 1828, il effectue avec son père le pèlerinage (le hadj) à La Mecque, qu’il complète par des séjours à Damas, Bagdad, Jérusalem et en Égypte, où il rencontre le vice-roi Méhémet Ali. Abd el-Kader et son père rentrent en Algérie en 1829.

Le 5 juillet 1830, les Français s’emparent d’Alger — alors sous domination de l’Empire ottoman — et entament la colonisation de l’Algérie (voir expédition d’Alger).

3   L’INCARNATION DE LA RÉSISTANCE À LA COLONISATION
3.1   Le premier djihad d’Abd el-Kader (1832-1837)

En novembre 1832, Abd el-Kader est présenté par son père à plusieurs tribus amies ; le jeune homme de 24 ans est élu émir par ses pairs, et lance la première guerre sainte (le premier djihad) contre les forces françaises d’invasion. Le 26 février 1834, Abd el-Kader obtient une première victoire diplomatique en signant avec le général français Desmichels, gouverneur d’Oran, un traité polémique (appelé le traité Desmichels) qui reconnaît — dans sa version arabe — son autorité sur l’Oranais.

Cependant, après le désaveu du gouverneur par la France, Abd el-Kader reprend le combat, défait les forces du général Trezel au défilé de La Macta (26 juin 1835), ne peut éviter le pillage de Mascara (décembre 1835), perd Tlemcen (janvier 1836) et est vaincu à la bataille de la Sikkak (6 juillet 1836). Par le traité de la Tafna (30 mai 1837), il obtient toutefois de la France — que représente alors le général Bugeaud — la reconnaissance de sa souveraineté sur la plus grande partie de l’Oranais et de l’Algérois, en contrepartie de sa soumission au roi Louis-Philippe.

Ces différentes victoires militaires et diplomatiques permettent à Abd el-Kader d’étendre et de consolider son territoire, jusqu’à former un véritable État. Celui-ci est doté d’une capitale (Tagdempt), d’une monnaie (le boudiou), mais aussi d’une bureaucratie et d’une armée rétribuées et efficaces. Il impose un régime autocratique, exigeant une totale loyauté des tribus du Sahara, taxant uniformément tous ses sujets (égalité devant la dîme). Profondément imprégné d’islam, il recrute au sein de l’aristocratie religieuse, mais n’hésite pas à faire appel à des fonctionnaires européens et à des non musulmans.

3.2   Le second djihad d’Abd el-Kader (1839-1847)

En novembre 1839, jugeant le traité de la Tafna violé, Abd el-Kader reprend la lutte et lance un second djihad contre les Français. Le général Bugeaud, qui reçoit le gouvernement de l’Algérie en 1840, combat la résistance algérienne en pratiquant, à partir de 1841, la tactique de la terre brûlée. L’émir est alors contraint au nomadisme. Le 16 mai 1843, la smala d’Abd el-Kader est prise par les troupes du duc d’Aumale, et l’émir se réfugie au Maroc. Les Français contraignent le sultan marocain à le chasser (traité de Tanger, septembre 1844) ; Abd el-Kader rentre en Algérie et rouvre les hostilités en 1846.

Ayant de nouveau cherché refuge au Maroc (juillet 1846), Abd el-Kader est pourchassé par le sultan et doit regagner l’Algérie, où il se rend au général Lamoricière, le 23 décembre 1847. Malgré la promesse qui lui est faite de le conduire (ainsi que sa famille) à Alexandrie ou à Saint-Jean d’Acre, il est emmené avec sa suite en France où, la situation politique ayant changé, il est retenu durant quatre ans. L’émir est libéré en octobre 1852, à la suite du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte. Ce dernier — avec lequel se crée une amitié fidèle — lui annonce personnellement la fin de sa captivité.

4   L’EXIL D’UN MAÎTRE SPIRITUEL

En échange de son retrait de la vie politique, Abd el-Kader reçoit une pension substantielle de la France et, après un séjour de deux ans en Turquie (à Brousse, aujourd’hui Bursa), il obtient le droit de s’installer en terre arabe, à Damas (aujourd’hui en Syrie).

Ayant abandonné les armes, il fait désormais la guerre contre les passions (le grand djihad) et enseigne les voies de l’islam. Il se consacre ainsi pendant trente ans à l’étude et à l’écriture, devenant une sorte de maître spirituel prônant la tolérance religieuse (comme en témoigne son ouvrage majeur, Kitâb al-mawâqif ou Livre des haltes, des stases, des états et des étapes). Pour avoir protégé les maronites de Damas lors des émeutes antichrétiennes de 1860, il reçoit l’éloge unanime du monde occidental et obtient du gouvernement français la Légion d’honneur. En 1863-1864, il effectue son second pèlerinage à La Mecque. C’est durant ce voyage qu’il est approché par la franc-maçonnerie et est initié par une loge d’Alexandrie. En novembre 1869, il est invité par le gouvernement français à l’inauguration du canal de Suez (Égypte).

Abd el-Kader meurt le 26 mai 1883 et est inhumé dans une mosquée de Damas ; en 1966, ses cendres ont été rapatriées à Alger. Aujourd’hui encore, il est considéré comme un héros national en Algérie.

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