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ABONDANCE, Société d' (Affluent society)

Publié le 03/04/2015

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ABONDANCE, Société d' (Affluent society)

Concept peu défini qui se rapporte à une société (présente ou future) où la rareté économique aurait disparu, où l'état des forces productives serait tel que la satisfaction des besoins de ses membres serait complète ; on peut inclure le chômage au nombre des maux dont la société d'abondance se serait libérées.

La société de consommation, dans laquelle des masses de plus en plus larges ont accès aux biens et aux services dont la production va sans cesse augmentant, serait une étape vers la société d'abon­dance. On parle aussi de société des loisirs, afin de souligner que le travail humain, qui jusqu'ici reste le fondement des sociétés en lutte contre la rareté, cessera de conditionner la vie des individus. Ces trois termes s'appliquent à des aspects (partiels ou à venir) de la société industrielle, déterminée dans la majorité de ses activités par la révolution scientifique et technique de la seconde moitié du XX' siècle, l'expansion, la rationalisation économique et la transformation progressive des secteurs traditionnels de l'agricul­ture, de l'artisanat et des petites entreprises. Tous ces concepts, à forte composante idéologique, sont utilisés par les théoriciens de la croissance des sociétés occidentales développées.

Prospective. La société d'abondance est encore, dans l'état actuel, un idéal, même si l'on pense aux Etats-Unis ou à l'U.R.S.S. Car, aux Etats-Unis, la répartition de la production, si elle permet à des groupes sociaux de plus en plus nombreux de parvenir à l'abondance, n'empêche pas certains groupes (Noirs, Portoricains) de vivre dans un véritable dénuement. En U.R.S.S., si la marche vers la société d'abondance est moins déséquilibrée, elle est aussi plus lente.

La prospective présente la société d'abondance comme un idéal

1. J.K. Galbraith : The Affluent Society (H. Hamilton, Londres) : trad. française : l'Ere de l'opulence (Calmann-Lévy, Paris, 1961).

qui n'est plus tellement éloigné de nous2. Mais on peut se demander si, loin d'être un idéal, elle n'est pas une utopie.. L'illusion d'une telle société tient au fait qu'on croit possible une satisfaction des besoins. Mais à partir du moment où les besoins ne peuvent plus être tenus pour constants et où ils se multiplient, comme le montre l'action de la publicité, leur satisfaction est renvoyée à l'infini. D'autre part, le modèle. d'une société d'abon­dance est contradictoire. Une telle société ne verrait-elle pas l'offre l'emporter sur la demande, se développer la surproduction, apparaître la crise économique, le chômage et ses séquelles ? Dès lors, la société d'abondance où les besoins sont satisfaits et où la sécurité est assurée n'est-elle pas celle de l'âge d'or évoqué par Platon3?

 

Ouvrages de référence : Raymond Aron : Dix-huit Leçons sur la société industrielle (coll. « Idées «, Gallimard, Paris, 1964) ; Raymond Aron : la Lutte des classes (coll. « Idées «, Gallimard, Paris, 1964); D.M. Fox : The Discovery of Abundance (Cornell University Press, Etats-Unis); A. Touraine : la Civilisation indus­trielle, Histoire générale du travail, tome IV (Nouvelle Librairie de France, Paris, 1962) ; Groupe 1985: Réflexions pour 1985 (la Documentation française, Paris, 1955) ; J. Dumazedier : Vers la civilisation du loisir (Seuil, Paris, 1962); J.K. Galbraith : The Affluent Society (H. Hamilton, Londres), trad. française : L'Ere de l'opulence (Calmann-Lévy, Paris, 1961).

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