Aceh

1  PRÉSENTATION 

Aceh (anciennement Atjeh), province de la république d’Indonésie située dans l’extrémité nord de l’île de Sumatra.

2  GÉOGRAPHIE 

Aceh, la plus septentrionale des provinces indonésiennes, couvre environ 12 p. 100 du territoire de Sumatra, soit une superficie de 55 392 km2. Région montagneuse, elle culmine au mont Leuser (3 466 m d’altitude). Elle recèle d’importantes réserves pétrolières et gazières, exploitées dans le centre industriel de Lhokseumawe (sur la côte nord-est). La province connaît cependant un relatif sous-développement économique par rapport au reste du pays, imputable aux prélèvements et à l’inertie du gouvernement central de Jakarta. Elle exporte du poivre, des clous de girofle, du caoutchouc et du bois.

Aceh comptait environ 4 millions d’habitants en 2000, dont 300 000 dans sa capitale, Banda Aceh, située à la pointe nord-ouest de Sumatra. Avec plus de 98 p. 100 de musulmans, Aceh est la province la plus islamisée de l’archipel indonésien et son plus ancien foyer d’expansion de l’islam.

3  HISTOIRE 

Bouddhiste à l’origine, Aceh est convertie à l’islam au xiiie siècle et devient un foyer islamique important, visité par les commerçants arabes, indiens et chinois. D’abord incorporée à l’État voisin de Pedir, elle ne devient un sultanat indépendant qu’au cours du premier quart du xvie siècle ; elle est au sommet de sa puissance entre 1607 et 1636, sous le sultanat d’Iskandar Muda. Grande productrice d’épices, elle procure à l’Europe la moitié de son poivre et contrôle la route commerciale entre l’océan Indien et l’Asie du Sud-Est. Les rivalités coloniales entre le Portugal, l’Angleterre et les Pays-Bas dominent son histoire pendant le reste du xviie siècle. En 1819, le gouvernement britannique acquiert le privilège exclusif du commerce avec le sultanat, mais un accord anglo-hollandais (1824) fait d’Aceh un protectorat des Pays-Bas. La résistance locale au pouvoir colonial des Pays-Bas provoque un long conflit (1873-1908). Pendant cette période, les Hollandais ne parviennent à contrôler que les régions côtières. 

Après la Seconde Guerre mondiale, Aceh est intégrée à la république d’Indonésie mais, dès 1953, elle décrète son indépendance et devient un État islamique. La guerre avec le gouvernement indonésien ne prend fin qu’en 1962 lorsque la province se voit accorder un statut spécial et conférer des pouvoirs en matière de religion, de justice et d’éducation. En 1976, un mouvement séparatiste, nationaliste et islamiste, le Mouvement Aceh libre (Gerakan Aceh Merdeka, GAM), déclare l’indépendance de la province avant de se lancer dans la guérilla. Alors que le gouvernement central décrète la province « zone d’opérations militaires «, l’armée indonésienne y mène une répression sanglante. En dépit des tentatives de négociations de paix et de cessez-le-feu, le conflit se poursuit jusqu’au début des années 2000, provoquant environ 15 000 morts. 

Une loi d’autonomie spéciale, en vigueur à partir de janvier 2002, qui permet l’application de la loi islamique (la charia) et accorde à la province 70 p. 100 des revenus issus des ressources naturelles, ne parvient pas à faire taire les armes. En mai 2003, l’armée indonésienne place la province sous la loi martiale et interdit son entrée aux journalistes et organisations humanitaires en raison d’un état « d’urgence civile «. Le 26 décembre 2004, Aceh est le théâtre d’un tsunami de très grande ampleur, qui dévaste sa côte ouest (entre les villes de Banda Aceh et de Meulaboh) et fait entre 170 000 et 190 000 victimes. Gouvernement et rebelles indépendantistes parviennent à négocier une pacification indispensable à la reconstruction. Le 15 août 2005, un accord de paix est signé à Helsinki (Finlande), qui prévoit le retrait partiel de l’armée indonésienne et le désarmement des rebelles. Ces derniers renoncent en outre à l’indépendance en contrepartie de l’octroi d’une autonomie locale et de la constitution de partis politiques locaux. 

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