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Aimer quelqu'un, c'est accepter de vieillir avec lui, Camus, Caligula.

Publié le 21/07/2010

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En guise d’introduction de ma dissertation, je vais commencer par replacer cette phrase dans son contexte. Suite à la mort de Drusilla, Caligula ne croit plus véritablement à l’amour. Mais il va prononcer cette phrase lorsqu’il se rend compte de la tendresse qu’il éprouve pour Caesonia et pour la vieille femme qu’elle va devenir. Mais il comprend aussi qu’il est incapable d’un tel amour. Car en effet, le simple amour n’est pas suffisant, la condition nécessaire pour pouvoir véritablement dire que l’on aime quelqu’un, c’est accepter de vieillir avec lui.  Mais quels arguments vont être pertinents pour comprendre cet énoncé ? Et quels liens pouvons-nous faire entre ceux-ci et l’histoire de Caligula ?    Tout d’abord, Caligula dit à Caesonia que le seul sentiment pur que sa vie lui ait donné est le fait « qu’il ne peut se défendre d’une sorte de tendresse honteuse pour la vieille femme qu’elle va être «. Pourquoi parle-t-on ici de sentiment pur ? Une possibilité de réponse que nous pourrions développer aujourd’hui est le fait que le vieillissement n’est pas un inconvénient si on aime réellement la personne, au contraire. Cela reflète en effet une certaine pureté car accepter de vieillir avec l’autre montre qu’on est prêt à tout partager avec lui jusqu’aux derniers instants. On peut aussi parler de sentiment purificateur car vieillir ensemble, c’est « profiter « des petites imperfections de la vieillesse à deux, les transformer ensemble pour qu’elles ne soient plus des inconvénients mais des moments partagés. Je ne dis pas que ces moments deviennent synonymes de joie mais au moins, le couple les a traversés uni et a réussi à les surmonter grâce à l’amour.    Ensuite, Caesonia dit à Caligula qu’ « il doit faire servir son pouvoir à mieux aimer ce qui peut l’être encore «. Suite à cette phrase, nous pouvons faire la réflexion suivante : quand on perd l’être cher, on ressent naturellement un énorme chagrin, on est désemparé, on ne sait plus quoi faire. Mais une chose à laquelle il est intéressant de réfléchir et au fait que cet être aimé perdu n’aurait jamais voulu nous voir dans un tel état de tristesse. Au contraire, tout ce que désire l’être qui nous aime plus que tout, c’est qu’on ait une vie heureuse et qu’on continue malgré son absence à avancer et à avoir une vie heureuse. La mort d’un être cher nous donne une force énorme mais on ne s’en rend pas toujours compte. Alors justement, pourquoi ne pas utiliser cette force nouvelle à bon escient en essayant non pas de remplacer l’être perdu mais de continuer sa vie en acceptant de prendre un nouveau chemin ?    Pour poursuivre, Caligula nous dit qu’il n’est pas capable d’un tel amour. À première vue, nous pourrions nous dire que pourtant cela ne doit pas être si difficile d’aimer l’être cher durant toute sa vie et d’accepter de traverser la vieillesse avec lui. Mais pourtant si. Aujourd’hui, nous pouvons trouver plusieurs raisons qui font que prendre un tel engagement n’est pas une chose si aisée. Pour en citer quelques unes, nous pouvons par exemple dire que vieillir, c’est accepter que soi-même et l’autre vieillissent. Cela n’est pas facile car cela implique qu’il faut accepter de voir l’autre changer et de se voir changer aussi. Il faut aussi se préparer au fait que la vie a une fin et qu’un des deux partenaires devra accepter de voir son compagnon de vie décéder. C’est entre autres pour cela qu’aujourd’hui, certaines personnes âgées préfèrent s’isoler pour ne pas que l’autre ait à connaitre la souffrance de son décès. Accepter de vieillir avec l’autre, c’est accepter que la personne change moralement et physiquement. Enfin, voir l’autre vieillir, c’est accepter de vieillir aussi.  Maintenant, pour passer à des considérations plus générales, nous pouvons dire que cette phrase était peut-être fort d’actualité chez nos grands-parents mais qu’aujourd’hui, beaucoup d’éléments nous poussent à croire que des gens peuvent sincèrement aimer une personne mais sans penser au futur lointain de leur couple. Par cela, je veux bien sûr faire référence aux nombreux cas de divorce que la société connait aujourd’hui. Il est tout à fait vrai que deux personnes puissent réellement s’aimer mais dans de nombreux cas, elles ne réalisent pas ce que signifient réellement « vivre ensemble « et « vieillir ensemble «. Lors des mariages, le prêtre dit aux époux qu’ils sont mariés pour le meilleur et pour le pire. L’image de la société nous donne l’impression que cette phrase perd de plus en plus de sa consistance car en effet beaucoup se marient juste pour le meilleur et se séparent à la première petite crise.    Par ailleurs, accepter de vieillir avec l’autre, c’est, comme je l’ai déjà mentionné précédemment, accepter de traverser les moments de joie et les moments de peine. Pour se pencher un peu plus sur ses moments de peine, nous pouvons réfléchir comme suit. La plus grande peine qu’un être puisse connaître est la perte de l’être aimé. Mais un des deux partenaires devra tôt ou tard voir son conjoint mourir. C’est au moment de ce décès que l’amour se manifestera en entier. En effet, s’occuper d’une personne très chère en sachant qu’elle va bientôt mourir est une chose horrible mais que l’on fait malgré tout en se disant que l’on veut rendre les derniers moments de cette personne le plus beaux possible. On sacrifie une partie de soi pour aider l’autre en prenant sur soi l’immense tristesse dont on est atteint et en essayant de ne pas trop la faire transparaitre pour permettre à l’être aimé de connaitre une fin heureuse. Connaître la plus grande tristesse imaginable tout en restant toujours là pour l’être aimé est selon moi, la plus belle preuve d’amour qui soit.    Enfin, pour faire une petite extension, nous pourrions introduire l’idée que le mot « accepter « de la citation aurait dû plutôt être « vouloir « ou « choisir «. En effet, « accepter « fait ressentir une sorte de contrainte. Alors que quand on est prêt à aimer une personne jusqu’au bout, on ne doit pas le faire en pensant aux contraintes mais par pur amour. Aimer l’autre ne devrait pas être accepter de vieillir avec lui mais vouloir vieillir avec lui.    En conclusion, dans « Aimer un être, c’est accepter de vieillir avec lui «, le mot vieillir doit être vu comme vieillir en beauté, vieillir avec son cœur. Il faut être heureux de partager ce passage de la vie avec l’autre, il faut en profiter et se dire qu’être avec l’être qu’on aime jusqu’à la fin est la plus belle chose qui puisse nous arriver.  Il faut également savoir vieillir en amour, c'est-à-dire savoir donner sans rien attendre en retour.  Caligula ne croyait plus vraiment à l’amour suite à la mort de Drusilla, il voyait cela comme « le signe d’une vérité qui rend la lune nécessaire « et comme une vérité difficile à découvrir et lourde à porter. Mais lorsqu’il observe Caesonia, il comprend que le véritable amour c’est « Aimer un être, c’est accepter de vieillir avec lui «.

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