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Alberto Fujimori a été élu pour un troisième mandat consécutif à la présidence du Pérou

Publié le 17/01/2022

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28 mai 2000 Le gagnant du scrutin présidentiel du dimanche 28 mai, le président Alberto Fujimori, était attendu pour fêter sa victoire dans un quartier populaire de la capitale. Il n'est pas venu, se tait et se terre. Il ne s'est plus montré en public depuis les volées de pierres qui ont perturbé son meeting à Arequipa dans le sud, lundi. Il n'a pas tenu de réunion de clôture jeudi. Il attend que la vague retombe et n'a fait aucune déclaration pour commenter ou expliquer sa victoire, annoncée après le refus de son rival Alejandro Toledo de participer à ce scrutin, en raison des irrégularités qui ont marqué le premier tour et qui ont pesé sur l'organisation du second. Pour le secrétaire général de Pérou possible, Luis Solari, le parti qui soutient la candidature d'Alejandro Toledo, \"le gouvernement s'est fait hara kiri\" avec ce scrutin, une manière spontanée de souligner que l'heure des difficultés est arrivée pour M. Fujimori. Les proches du gouvernement, eux, n'ont pas cessé tout au long de la journée de se rire du retrait de l'ensemble des observateurs internationaux et nationaux, justifié \"par l'absence de garanties quant au caractère de régularité et de transparence requises pour une consultation démocratique\". Ils étalent leur fierté d'appartenir à ce Pérou qui a gagné contre l'intervention étrangère. \"Nous ne voulons pas d'une démocratie ligotée comme en Colombie et en Equateur\", prétendent-ils. L'absence de légitimité est pourtant criante et les plus de 50 % attribués à M. Fujimori n'ont pas impressionné les milliers de manifestants qui se sont retrouvés dans toutes les villes du pays pour hurler leur rage. Ils ont perdu et ils veulent montrer qu'ils n'acceptent pas qu'il en soit ainsi \"pour cinq années encore\". \"Il y a trois jours, le gouvernement a enlevé son masque et a tué la démocratie\", a expliqué Alejandro Toledo à ses supporters. \"J'irai jusqu'à la fin pour restaurer la démocratie dans le pays quoi que cela me coûte\", lance-t-il. Il rend responsable Alberto Fujimori de tout ce qui peut arriver dans le pays, de l'isolement international qui va s'ensuivre. \"Nous avons demandé une élection régulière et ils nous ont tendu une embuscade\", explique-t-il une fois encore, pour justifier son refus de participer à ce second tour. Il serre contre lui fortement deux micros, à pleines mains, il ne veut pas rompre cet instant qui sera le dernier d'une longue campagne. Derrière lui, ses proches tiennent pieusement une bougie allumée. \"LA DICTATURE VA TOMBER\" M. Toledo s'adresse à M. Fujimori, lui assure que \"la communauté internationale ne reconnaîtra pas cette élection, parce qu'elle ne reconnaît pas la volonté du peuple\" et déclare qu'à compter de ce jour, il prend la tête d'un mouvement d'unité nationale auquel participeront toutes les forces de l'opposition. Comme beaucoup de Péruviens, il pense au précédent de la République dominicaine, dont la frauduleuse élection de 1984 fut annulée à la suite de la pression de l'Organisation des Etats américains. Il ne voit pas d'autre alternative que la démission de M. Fujimori et l'organisation de nouvelles élections. Alors que des nouvelles parviennent des différentes villes du pays - Huancayo, à l'est de Lima, est en quasi en état de siège après le déchaînement de plus trente mille personnes -, la foule scande \"la dictature va tomber\". M. Toledo promet qu'ils lutteront ensemble. \"Il est possible que commence une phase de répression dans le pays, mais nous n'avons pas peur de M. Fujimori\", prévient-il. Ces manifestations dans les rues d'un Pérou encore traumatisé par le terrorisme constituent un véritable tournant, ainsi que le prouvent ces milliers d'étudiants qui - pour la première fois depuis dix ans - sont sortis de leurs universités pour investir les rues. ALAIN ABELLARD Le Monde du 30 mai 2000

Fujimori Alberto Homme d'État péruvien

 

* 28.7.1938, Lima

 

Ingénieur agronome issu d'une famille d'origine japonaise, ce candidat du parti Cambio 90 est élu à la présidence du pays en 1990. Sa politique de mesures drastiques pour combattre l'inflation (suppression de subventions, hausse des prix des denrées de base) déclenche de graves troubles dans le pays. En 1992, il décide de dissoudre illégalement le parlement lors d'un \"coup d'État civil\", déclare caduque la Constitution et compose un \"gouvernement d'urgence pour la reconstruction nationale\", sans pour autant parvenir à lutter contre l'aggravation de la pauvreté de la moitié de la population. La capture d'Abimaël Guzman, chef du \"Sentier lumineux\", organisation terroriste de gauche, est un premier succès contre la guérilla, qui conduit à la victoire de son parti d'alliance, Nueva Mayoria-Cambio 90, aux élections parlementaires de 1992. L'année suivante, la révision de la constitution qu'il propose par référendum est un succès (55% des suffrages). Elle lui permet néanmoins de se représenter immédiatement pour un nouveau mandat de cinq ans. Et sa victoire aux élections présidentielles de 1995, face à son principal rival Javier Pérez de Cuellar, ancien secrétaire général de l'ONU, confirme sa popularité. Mais la dramatique prise d'otages par un commando du Mouvement révolutionnaire \"Tupac-Amaru\" à l'ambassade du Japon à Lima en 1996 provoque une crise politique, et révèle des dysfonctionnements à la tête de l'État. Depuis l'\"autoputsch\" de 1992, le Pérou était gouverné par un triumvirat avec, à sa tête, Fujimori encadré par Vladimiro Montesinos, responsable des services secrets (SIN) et le général Hermoza, chef des armées. Le limogeage de ce dernier en août 1998 et son remplacement par le général Villanueva permet un contrôle total de l'armée... de quoi briguer en 2000 un troisième mandat tout aussi inconstitutionnel.

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