Aliev, Ilham

Aliev, Ilham (1961- ), homme politique azerbaïdjanais, président de la république d’Azerbaïdjan depuis le 31 octobre 2003.

Né à Bakou, Ilham Aliev est le fils de Gueïdar Aliev, ancien apparatchik soviétique devenu président de la république d’Azerbaïdjan indépendante. Diplômé de l’Institut des relations internationales de Moscou en 1982, il y enseigne de 1985 à 1990. L’élection de son père à la présidence de la République en 1993 lui permet d’accéder à de plus hautes responsabilités. Nommé vice-président de la compagnie pétrolière nationale en 1994, il préside aussi le Comité national olympique d’Azerbaïdjan à partir de 1997 et siège à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) de 2001 à 2003.

En 1995 il est élu au Parlement sous l’étiquette du parti présidentiel, Nouvel Azerbaïdjan (le Yéni). En 2000, il en est la tête de liste lors des élections législatives. Le Yéni recueille environ 70 p. 100 des voix lors de ce scrutin, déclaré non conforme aux normes internationales par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et contesté par l’opposition.

Le référendum sur la révision de la Constitution qui a lieu en août 2002 est également contesté par l’opposition et les observateurs étrangers. À l’issue de cette consultation, 97 p. 100 des électeurs approuvent la proposition du président Aliev d’accroître les pouvoirs du Premier ministre et de lui permettre de gouverner si le président en est empêché. Âgé, Gueïdar Aliev prépare ainsi sa succession. Nommé Premier ministre en août 2003, Ilham Aliev est élu à la présidence de la République en octobre de la même année avec 76,3 p. 100 des suffrages, deux mois avant la mort de son père. Une fois encore, ce scrutin est entaché de nombreuses irrégularités aussi bien durant la campagne (non-respect de l’égalité entre les candidats, intimidation des électeurs) que lors du décompte des voix. Les manifestations de l’opposition faisant suite à son élection sont durement réprimées, et les violents heurts entre police et manifestants font un mort et des dizaines de blessés. Plusieurs centaines d’opposants sont arrêtés à cette occasion, parmi lesquels des responsables politiques et des journalistes.

Cette victoire, synonyme de continuité, rassure incontestablement les investisseurs pétroliers qui jouent un rôle moteur dans le développement du pays. Ilham Aliev est cependant perçu, aussi bien en Azerbaïdjan que sur la scène internationale, comme relativement inexpérimenté au niveau politique. Parmi les défis qu’il lui faut relever, l’un des plus ardus est le conflit non résolu du Haut-Karabagh, territoire revendiqué par l’Arménie. Sur le plan intérieur, il doit stabiliser l’Azerbaïdjan, un pays pauvre dont la transition démocratique est récente et largement inachevée. Il lui faut pour cela mener des réformes sur les plans économique et politique en tenant compte des clans rivaux aux intérêts divergents qui s’affrontent au sein de sa majorité et contrôlent la police, l’armée et d’importants monopoles commerciaux, tandis que l’opposition cherche à tirer parti de ces tensions. Pour mener à bien ces tâches, Ilham Aliev bénéficie du soutien du président russe Vladimir Poutine. Comme c’est le cas pour toutes les républiques de l’ex-URSS, ce soutien est équivoque puisqu’il s’agit également pour Moscou d’assurer son emprise sur l’Azerbaïdjan. S’il est parvenu à stabiliser l’économie de son pays, la situation des droits de l’homme en Azerbaïdjan ne s’est pas améliorée sous la présidence d’Ilham Aliev. Sa longévité à ce poste n’est pas acquise, et certains analystes politiques voient en lui une figure de transition destinée à préparer l’arrivée à la tête de l’État d’un nouvel homme fort issu du clan au pouvoir.