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ANDRÉ RIVOIRE : La vieille maison

Publié le 21/05/2011

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André Rivoire est né à Vienne (Isère), en 1872. Ses principales oeuvres sont : les Vierges (1895), le Songe de l'Amour (1900), le Chemin de l'Oubli (1904), le Plaisir des jours (1913). Poète délicat, André Rivoire s'applique à regarder dans son âme, à peindre ses joies et ses tristesses. Il sait, pour traduire les nuances les plus fines et les plus subtiles du sentiment, trouver l'expression propre, le mot juste et attendri.

La vieille maison (1904).

Au sommet du coteau, juste sur l'horizon, Nous avons une vieille et petite maison, Avec un champ mal clos de vignes ruinées.... On n'y va plus jamais; depuis bien des années, L'herbe haute a poussé sur les arbres détruits; Mais je me ressouviens toujours, au temps des fruits, Comme chaque dimanche emplissait nos corbeilles Quand nous courions gaîment, suivis par les abeilles, Peureux, mais fiers d'atteindre une branche qui pend, Et tout le long du jour, secouant ou grimpant, Nous revenions, le soir, barbouillés de cerises, Par le chemin bordé de palissades grises, Tout roses de grand air et de soleil couchant. Nous allions, nous tenant par la main, trébuchant Aux cailloux, inclinant nos têtes fatiguées.... Plus tard, c'étaient l'automne et les vendanges gaies, Les paniers de raisins qui rentraient jusqu'au soir.... Plus tard encore, c'étaient les hommes du pressoir, Qui chantaient, les bras nus, les mains toutes rougies, Dans l'ombre, à la lueur tremblante des bougies, Rythmant le rude effort qui faisait par à-coups Ruisseler dans la seille et mousser le vin doux.... Chère vieille maison, que ton âge décore, Petite chose à nous, qui rassembles encore Tous mes bonheurs d'enfance en mon coeur attendri, Que de fois, au printemps, mes regrets t'ont souri! Et quand, toujours plus las, je reviens chaque année, Que je te vois là-haut, fidèle, abandonnée, Près du grand peuplier qui se penche sur toi, Je sens mieux, brusquement, comme tu tiens à moi, Comme nous nous aimons, comme un peu de ma vie Pour toujours, même au loin, te demeure asservie, Je comprends que le monde est vide et mensonger, Et que partout ailleurs, je reste un étranger Qui cherche en vain l'appui d'une sûre tendresse, Loin du coteau paisible où ta forme se dresse, Loin du pays natal où, quand le jour décroît, Le soleil, lentement, se couche sur mon toit.

(Le Chemin de l'Oubli, Lemerre, éditeur.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Une délicate poésie, dans laquelle l'auteur évoque le souvenir de sa vieille maison familiale, aujourd'hui abandonnée. — Quels sont, dans cette poésie, les sentiments dominants? (L'amour de la vieille maison : chère vieille maison..., petite chose à nous...; — le regret de son abandon : que de fois... mes regrets t'ont souri !...); Citez les deux vers de Lamartine que vous rappelle la poésie étudiée ici (Objets inanimés, avez-vous donc une âme... ?); Quelle impression laisse en vous la lecture de cette poésie ?

II. — L'analyse de la poésie. — Donnez un titre à chacune des deux parties de la poésie; Quels sont les sujets traités par le poète dans la première partie ? a) Le tableau de la vieille maison; — b) Ses souvenirs d' enfance, — qu'évoque, nombreux, l'image de la vieille maison; De quels sentiments la seconde partie est-elle l'expression ? Quel rôle vous paraît jouer, auprès de la vieille maison fidèle, abandonnée, le grand peuplier qui se penche vers elle ?

III. — Le style ; — les expressions. — Faites ressortir les qualités du style, dans cette poésie : la clarté..., la précision..., la délicatesse, — qualité propre à l'expression des sentiments les plus délicats : amour, regret, émotion (citer à l'appui, quelques expressions ou quelques vers); Quel est le sens des expressions ci-après : qui faisait par à-coups, — ruisseler dans la seille, en mon coeur attendri, — je sens mieux, brusquement, comme tu tiens à moi, — comme un peu de ma vie.., te demeure asservie; — je comprends que le monde est vide, — l'appui d'une sûre tendresse ?

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