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Angkor

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Angkor, ancienne capitale du royaume khmer du Cambodge, entre la fin du ixe et le milieu du xve siècle.

Aujourd’hui site archéologique monumental, la cité d’Angkor (en khmer « la ville royale «, du sanskrit nagara) est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992. Ses vestiges, une cinquantaine de monuments, forment l’un des plus grands ensembles architecturaux au monde.

2   ANGKOR, CAPITALE DU ROYAUME KHMER

Au vie siècle, un petit État khmer, le royaume de Zhenla, se libère de la domination du Funan et s’épanouit sur la péninsule indochinoise. Cet État khmer tombe sous le joug du royaume malais de Srivijaya au siècle suivant. Puis au ixe siècle, profitant des raids javanais qui affaiblissent toute la région, Jayavarman II entreprend de rassembler les terres démantelées de l’ancien royaume de Zhenla ; il installe le centre du pouvoir à Hariharalaya (aujourd’hui Roulos), au nord du Tonlé Sap (le plus grand lac de la péninsule), et restaure à son profit le culte du Devaraja (le Dieu-Roi du shivaïsme). Ce règne marque la naissance du grand royaume khmer.

L’un de ses successeurs, Yasovarman — hindouiste de tradition shivaïte (régnant de 889 à 900 au moins) —, choisit d’installer sa capitale à une dizaine de kilomètres au sud-est de celle de son illustre prédécesseur, près de l’actuelle ville de Siem Reap. Cette cité primitive d’Angkor, qu’il nomme Yasodharapura, est construite autour de la colline (phnom) Bakheng. À sa suite, chacun des souverains khmers, en tant que Dieu-Roi, va édifier son propre temple et étendre le système d’irrigation de la ville. Cette tradition atteint son apogée avec Angkor Vat (« la ville-temple «), un temple-montagne construit sous le règne du roi Suryavarman II (régnant de 1113 à 1152), hindouiste de tradition vishnouite.

À partir du xie siècle, les souverains khmers d’Angkor étendent leur royaume sur la Thaïlande actuelle, mais doivent faire face à des luttes intestines et aux raids répétés des Cham, voisins orientaux du royaume de Champa (dans l’actuel Viêt Nam). La situation atteint son paroxysme en 1177, lorsque Angkor est prise et incendiée par les Cham. Le souverain qui libère les Khmers, Jayavarman VII (régnant de 1181 à 1219), est un bouddhiste de tradition mahayana. Sous son règne, le bouddhisme devient la religion d’État, et une iconographie spécifique voit le jour à Angkor. L’ambition de Jayavarman VII est de surpasser en magnificence la ville-temple de Suryavarman II ; à cette fin, il fait élever le complexe d’Angkor Thom, une ville murée située au nord d’Angkor Vat. La splendeur de cette capitale est telle qu’aucun de ses successeurs ne juge bon de la remplacer.

Au xiiie siècle, Angkor est devenue le plus grand complexe urbain du monde, s’étendant sur quelque 230 km² (ce qui correspond approximativement au Grand Londres d’aujourd’hui). Cependant, dès cette époque, le royaume khmer d’Angkor doit résister au royaume thaï d’Ayuthya qui cherche à étendre son hégémonie. Les Khmers décident d’abandonner la ville et déplacent leur capitale plus au sud (à Phnom-Penh). Finalement, en 1431, Angkor est prise et pillée par les Thaïs, qui annexent le royaume. Angkor Vat (passé au culte de Bouddha à la fin du xiie siècle) demeure quelque temps un centre de pèlerinage bouddhique, mais le reste de la cité est progressivement livré à la jungle.

3   L’ARCHITECTURE DE LA VILLE
3.1   Un modèle cosmologique

À Angkor, chaque « ville « construite successivement respecte un agencement urbanistique scrupuleux ; certains éléments sont fondamentaux, comme les douves et la muraille défensive en enceintes concentriques, ainsi qu’en son centre le palais (en bois) et le grand temple (en brique ou en pierre) ; autour de cet axe sont disposés les temples annexes et les grands bassins (réservoirs pour l’irrigation). Qu’ils relèvent de l’hindouisme (shivaïsme et vishnouïsme) ou du bouddhisme (mahayana puis theravada), les deux religions coexistant dans la société khmère, tous les temples matérialisent le cosmos et présentent le même plan, carré ou oblong.

Le temple-montagne (une pyramide à gradins orientée selon les points cardinaux) est bâti au cœur de la ville du souverain régnant. À la fois centre de l’Univers (le macrocosme) et cœur du royaume (le microcosme), il s’inspire du symbolisme de la montagne cosmique hindoue, le mont Meru ; une colline (phnom) ou une pyramide artificielle, support du temple, évoque cette montagne sacrée. Le temple, dont le sommet accueille souvent cinq sanctuaires figurant les cinq pics du mont Meru, est édifié sur plusieurs terrasses superposées à escaliers axiaux.

3.2   Phnom Bakheng, temple-montagne de Yasovarman

L’ensemble architectural que fait ériger vers 890-900 le roi Yasovarman est grandiose, caractéristique d’une figuration du mont Meru. Au sommet de la colline (phnom) Bakheng est élevé un temple-montagne, que l’on connaît sous le nom de Phnom Bakheng. Dédié au culte du Devaraja (Dieu-Roi), l’ouvrage (de 4 km de côté) est constitué en son centre de cinq terrasses pyramidales (76 m de côté pour la première, 47 m pour la plus haute). Il comporte au total 109 tours (prasat), réparties entre la base (44), les terrasses (12 par niveau) et le sommet (5). En son sommet culminent donc cinq tours-sanctuaires majeures, dont la principale est pourvue du linga Yasodharesvara, emblème phallique symbolisant la présence de Shiva (maître de l’Univers dans l’hindouisme). Aux abords du Phnom Bakheng, le souverain fait mettre en place un système de canaux d’irrigation et un vaste réservoir artificiel (baray) : le Baray oriental (bassin de plus de 12 km²) — pour sa part, le Baray occidental (d’une superficie de 16 km²) est édifié au milieu du xie siècle.

3.3   Angkor Vat, temple-montagne de Suryavarman II

Lorsqu’il élève la ville d’Angkor Vat au xiie siècle, Suryavarman II tente de se servir du temple pour se présenter lui-même comme la réincarnation de Vishnou. Expression ultime du génie architectural khmer, Angkor Vat exploite une aire sacrée de quelque 1 500 m sur 1 300 m, que délimitent des douves de 180 m de large. La ville-temple est composée de quatre enceintes concentriques. Au bout d’une chaussée monumentale se dresse le grand temple, pyramide de trois terrasses s’élevant à 65 m de hauteur (pour une base de 187 m sur 215 m). Chaque palier est orné de tours d’angle et de galeries, décorées de sculptures en relief (souvent peintes et dorées) figurant les exploits de Vishnou ainsi que d’une multitude de figures divines d’apsara. Le temple est surmonté de cinq tours-sanctuaires (prasat) en forme de lotus, représentant les cinq sommets du mont Meru.

3.4   Angkor Thom, ville-temple de Jayavarman VII

Angkor Thom, ville du roi bouddhiste Jayavarman VII, reste fidèle au plan du temple hindou classique. Cet ensemble est formé d’une muraille carrée de plus de 3 km de côté entourée de douves de 90 m de large. L’enceinte englobe cinq tours et un temple-montagne bouddhique, appelé le Bayon. Au sommet de ce dernier figurent de colossaux visages au sourire bienveillant et méditatif (le célèbre « sourire d’Angkor «), orientés vers les quatre points cardinaux. Enfin, le sanctuaire abrite une statue de Bouddha méditant sur le serpent (naga) Muchilinda.

4   LA REDÉCOUVERTE DU SITE

Le régime colonial français établi dans les années 1860 fait étudier le site, délaissé depuis le xve siècle ; à partir de 1898, l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) procède à des fouilles et à des restaurations de divers temples d’Angkor. Cependant, le site est abandonné par les archéologues lors de la guerre civile cambodgienne qui sévit dans les années 1970 (coup d’État militaire de Lon Nol, puis contrôle du pays par les Khmers rouges de Pol Pot). Les divers pillages et l’instabilité politique du Cambodge durant cette période accélèrent la détérioration des monuments.

L’inscription d’Angkor au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1992 — mais plus encore son inscription sur la liste du patrimoine en péril — permet de lancer un programme de sauvegarde du site, en partenariat avec les autorités cambodgiennes. Après douze ans de travaux, l’avancement de la restauration a permis de retirer le site de la liste du patrimoine en péril ; il n’en demeure pas moins que l’immense ville des rois khmers est, aujourd’hui encore, dans sa majorité enfouie sous la jungle. L’ensemble de la région appartient au parc archéologique d’Angkor, créé en 1925.

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