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anglo-afghanes, guerres

Publié le 12/02/2013

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1   PRÉSENTATION

anglo-afghanes, guerres, conflits armés ayant opposé à trois reprises l’Afghanistan et le Royaume-Uni (1839-1842, 1878-1880 et 1919).

Au cours du xixe siècle, l’Afghanistan a été au cœur d’un échiquier géostratégique entre la sphère d’influence britannique (l’Empire des Indes, à savoir la péninsule indienne) et la sphère d’influence russe (la Perse, aujourd’hui l’Iran). C’est pour avoir cherché à assurer son indépendance, à l’origine par les jeux diplomatiques, que le pays s’est ainsi retrouvé à trois reprises en guerre contre le Royaume-Uni.

2   PREMIÈRE GUERRE ANGLO-AFGHANE (1839-1842)

Afin de contrebalancer la politique russophile du chah de Perse, le Britannique lord Auckland (nommé gouverneur général des Indes en 1835) reçoit pour mission de favoriser l’accession au pouvoir d’un souverain anglophile en Afghanistan. En octobre 1838, décrétant « russophile « la conduite de l’émir en place, Dost Mohammad Khan — lequel, à la suite du refus britannique de l’aider dans ses revendications territoriales sur le Pendjab, se tourne en effet vers la Russie tsariste —, il décide de l’invasion de l’Afghanistan pour y placer Chuja Chah (un prince déchu depuis 1809). Deux mois plus tard, l’armée de la Compagnie des Indes orientales est mobilisée.

Au printemps 1839, les troupes britanniques franchissent la passe de Bolan et pénètrent en Afghanistan. Commettant de nombreuses exactions à l’encontre des populations rencontrées durant leur avancée, les soldats de la Couronne s’emparent de Kandahar en avril, puis de Ghazni en juillet. Quand Kaboul tombe à son tour en août, Chuja Chah est proclamé émir d’Afghanistan ; toutefois, il s’avère rapidement que le nouveau souverain, à la solde de Londres, est impopulaire dans le pays et n’est pas reconnu en dehors des zones contrôlées par les Britanniques.

Au cours des années 1840-1841, les insurrections se multiplient dans le pays, bientôt unifiées derrière Akbar Khan (l’un des fils de Dost Mohammad, lequel s’est réfugié dans les montagnes), nommé commandant en chef de la résistance afghane. Le 2 novembre 1841, ce dernier mène un soulèvement populaire dans Kaboul, qui aboutit au lynchage de plusieurs officiels britanniques, en particulier du diplomate en chef William Hay Macnaghten.

En janvier 1842, l’ordre est donné aux Britanniques de se replier en territoire indien. Effectuée à pied et sous la neige, la retraite de l’armée de la Compagnie des Indes orientales est désastreuse, une colonne de 4 500 soldats et 12 000 suiveurs étant notamment la cible de guerriers afghans à la passe de Khyber. En septembre-octobre 1842, de nouvelles forces britanniques prennent Kaboul, brûlant le souk en représailles du massacre de l’hiver précédent, avant de se replier à Peshawar.

Finalement, ne parvenant à mettre un terme au chaos régnant, les Britanniques décident de quitter le pays. Dost Mohammad Khan revient d’exil en janvier 1843 (Chuja Chah ayant été assassiné en avril 1842). Ce n’est qu’en 1855 qu’il conclut un accord de paix avec les autorités britanniques.

3   DEUXIÈME GUERRE ANGLO-AFGHANE (1878-1880)

Du côté britannique, la nouvelle politique mise en place après l’échec de la première guerre anglo-afghane consiste à aider l’Afghanistan à se maintenir comme État fort, pour faire tampon avec l’Empire russe d’Asie centrale (Liberal Policy). Mais l’arrivée de Benjamin Disraeli à la tête des affaires londoniennes bouleverse la donne en 1874 : désormais, le Royaume-Uni et, en son nom, le vice-roi des Indes lord Lytton adoptent la Foward Policy, une politique étrangère plus offensive visant à annexer l’Afghanistan pour repousser la frontière ouest du sous-continent indien jusqu’à l’Hindu Kush.

En Afghanistan, Shir Ali Khan, émir depuis 1863 (et troisième fils de Dost Mohammad), cherche à préserver la paix en maintenant l’équilibre entre la Russie et le Royaume-Uni. C’est en ce sens qu’il refuse invariablement l’installation de missions britanniques ou russes à Kaboul. Mais à la suite du congrès de Berlin (13 juin-13 juillet 1878) — qui met un terme au dessein expansionniste de la Russie en Europe balkanique —, les Russes se font plus agressifs en Asie centrale ; alors qu’un prétendant au trône afghan, Abd al-Rahman Khan (neveu de l’émir, et petit-fils de Dost Mohammad), vit en exil à Samarkand sous protection russe, ils utilisent ce moyen de pression majeur pour contraindre l’émir à accepter finalement un émissaire russe à Kaboul. La riposte britannique est immédiate : Londres exige qu’une mission diplomatique britannique soit à son tour reçue. L’absence de réponse de l’émir (occupé aux funérailles de son fils) amène les Britanniques à poster une armée à la frontière et à lancer un ultimatum. Le 21 novembre, lendemain du terme de l’échéance, trois armées britanniques coloniales pénètrent dans le pays.

La campagne militaire britannique est couronnée de succès. Par le traité de Gandarak du 26 mai 1879, le nouvel émir Yakoub Khan (fils de Shir Ali Khan, décédé en février) est contraint d’accepter le protectorat britannique et d’abandonner le contrôle des passes de Bolan et de Khyber. Mais les termes même de ce traité se retournent contre les Britanniques qui, en imposant un rôle de fantoche à l’émir afghan, lui retirent tout crédit auprès des différentes tribus : Yakoub Khan ayant ainsi perdu toute autorité, il ne peut éviter le massacre des officiers britanniques en poste à Kaboul par la population afghane, en août-septembre 1879. À la suite des violentes représailles britanniques — rafles et exécutions sommaires de civils — (octobre), il est contraint d’abdiquer, considéré comme un traître (décembre).

Face au chaos qui s’ensuit, les Britanniques optent pour une ultime stratégie : diviser le pays en deux entités distinctes avec Kaboul et Kandahar comme capitales — la région de Herat devant (théoriquement) être offerte au chah de Perse. Les Russes profitent de ce contexte pour jouer leur va-tout : le prince exilé Abd al-Rahman Khan rentre en Afghanistan en mars 1880. Par une habile politique qui lui permet d’être accepté à la fois des Afghans et des Britanniques, il consent à ne recevoir que la principauté de Kaboul, en contrepartie de devises, d’armes et de munitions, mais surtout du retrait total des forces d’occupation. Ainsi reconnu des différentes parties, il est couronné émir en juillet 1880 et, entre août 1880 et avril 1881, les forces d’occupation britanniques quittent l’Afghanistan.

4   TROISIÈME GUERRE ANGLO-AFGHANE (1919)

Pendant son règne, qui dure jusqu’en 1901, Abd al-Rahman Khan règle des conflits territoriaux avec l’Inde et la Russie, crée une armée de métier, et s’applique à affaiblir les pouvoirs des chefs des principales tribus. En 1907, sous le règne de Habibollah Khan (1901-1919), les gouvernements britannique et russe concluent une convention par laquelle ils s’engagent à respecter mutuellement l’intégrité territoriale de l’Afghanistan, qui devient un État tampon entre les deux empires.

Déterminé à mettre définitivement son pays à l’écart de la sphère d’influence britannique, le successeur et fils de Habibollah, Amanollah Khan (1919-1929), déclare la guerre au Royaume-Uni en mai 1919. Les Britanniques, confrontés au même moment au mouvement grandissant de libération indienne, négocient la paix : par l’accord conclu le 8 août 1919 à Rawalpindi (aujourd’hui au Pakistan), ils mettent fin à quatre-vingt années de tensions entre les deux pays, en reconnaissant définitivement la souveraineté et l’indépendance de la nation afghane.

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