Devoir de Philosophie

Angola

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

angola
1 PRÉSENTATION

Angola, en portugais Angola, pays d’Afrique, situé à la charnière de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe. Sa capitale est Luanda.

L’Angola est ouvert à l’ouest sur l’océan Atlantique. Il est limité au nord et à l’est par la République démocratique du Congo, à l’est par la Zambie et au sud par la Namibie.

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES
2.1 Relief et hydrographie

L’Angola est le septième pays d’Afrique par sa superficie : le pays s’étend sur 1 246 700 km2, y compris l’enclave de Cabinda (7 270 km2) située au nord de l’embouchure du Congo, entre la république du Congo et la République démocratique du Congo. À l’exception de l’enclave de Cabinda, l’Angola présente l’aspect d’un quadrilatère massif qui s’étire du 4e au 18e parallèle. L’essentiel du pays est formé par un vaste plateau, qui descend en gradins d’est en ouest vers l’océan Atlantique. La plaine littorale s’étire du nord au sud sur près de 1 600 km. Large de 25 à 150 km, elle est fertile et cultivée, sauf au sud de Moçãmedes, où commence le désert du même nom. Le vaste plateau angolais couvre près des deux tiers du pays, avec une altitude moyenne de 1 000 à 1 520 m. Au centre du pays, le plateau de Bié est plus élevé ; le point culminant du pays se situe dans le Huambo, au mont Morro Moco (2 620 m).

Le réseau hydrographique angolais est irrégulier. La plupart des fleuves et des rivières descendent en escalier des hauts plateaux du centre vers la mer. Aussi sont-ils presque tous entrecoupés de chutes, parfois impressionnantes, comme celles du duc de Bragance sur le Lucala, et de rapides qui les rendent impropres à la navigation. Le rio Cuanza (1 000 km), l’un des fleuves les plus importants, n’est navigable qu’une partie de l’année ; comme le Cunene, il se jette dans l’océan Atlantique. D’autres rivières (Cuango, Cuilo, Cassaï) coulent vers le nord et le bassin du Congo que les Portugais ont toujours appelé Congo. Le grand fleuve Zambèze prend sa source à l’est, mais n’effectue qu’un bref crochet en Angola avant de gagner la Zambie. Les rivières Cuando et Cubango s’écoulent toutes deux vers le sud-est, jusqu’au delta de l’Okavango (Botswana).

2.2 Climat

Le climat de l’Angola est de type tropical. On peut distinguer trois grandes zones climatiques. Une aire tropicale humide au nord s’étend de l’enclave de Cabinda à Ambriz, en passant par Luanda, à Malanje et dans l’Orient. Une aire tempérée sèche se situe dans la partie centrale et méridionale du plateau, qui a attiré de nombreux Européens du temps de la colonisation. Ainsi, la température annuelle moyenne à Huambo (ex-Nova Lisboa), ville située à 1 701 m d’altitude, est de 19 °C, et on enregistre parfois dans cette zone des gelées en hiver. Enfin, une zone semi-désertique et désertique couvre tout le sud du pays, à partir de Moçãmedes, entre le plateau et la frontière namibienne. Dans les zones tropicales, il n’y a pas de saisons intermédiaires. La saison sèche (le Cacimbo) dure de septembre jusqu’en avril. À Luanda, la température moyenne oscille entre 18 et 23 °C en août, et entre 24 et 30 °C au mois de mars. Le courant marin froid de Benguela, dû aux alizés, qui, en soufflant vers le large et en y entraînant les eaux superficielles, provoquent une remontée des eaux sous-jacentes le long des côtes (phénomène dit d’upwelling), adoucit les températures de la région côtière et assèche le climat, surtout dans le sud. Les précipitations annuelles varient de 800 mm dans la région de Luanda à 51 mm en bordure du désert du Namib. Sur le plateau central, plus frais, les précipitations varient entre le nord, plus arrosé (1 500 mm), et le sud (750 mm).

2.3 Flore et faune

La végétation varie en fonction du climat. Le Nord, l’arrière-pays luandais, la région des Dembos et l’enclave de Cabinda sont couverts d’une forêt tropicale humide et dense (monts Mayombe). Au sud, celle-ci fait place à la savane arborée et à des forêts-galeries le long des cours d’eau, et au sud-est à la prairie et à la steppe. Les palmiers poussent sur une grande partie de la côte, tandis qu’au sud, dans le désert de Moçãmedes, la végétation de type désertique est clairsemée. La vie animale est aussi diversifiée que la végétation. Elle compte notamment des grands mammifères, tels que l’éléphant, le rhinocéros, la girafe, l’hippopotame, le zèbre, des antilopes — dont l’hippotrague de Niger qui vit uniquement dans certaines zones d’Angola —, le lion et le gorille — ce dernier en voie de disparition comme l’hippotrague —, des crocodiles et de nombreuses variétés d’oiseaux et d’insectes.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

Avec le Cabinda, la population angolaise est estimée, en 1995, à 11,2 millions d’habitants. Son taux d’accroissement naturel — 3,7 p. 100 par an sur la période 1990-1995 — dépasse largement celui de sa croissance économique — 1,3 p. 100 entre 1985 et 1995 —, dans un pays affecté depuis 1975 par les famines et la guerre civile : en 1994, 400 000 personnes ont été victimes de mutilations (dues notamment aux mines), 2 161 000 personnes ont été affectées par le conflit et 1 345 000 ont été déplacées. La densité absolue de la population angolaise (9 habitants/km2) ne rend pas compte d’une répartition très inégale : près de 70 p. 100 des Angolais vivent dans le nord du pays et sur la côte.

Parmi les nombreuses communautés qui peuplent l’Angola, quatre grands groupes forment près des trois quarts de la population. Les Bakongos (10 à 15 p. 100 de la population) vivent principalement dans le Nord-Ouest ; les Kimbundus (20 à 25 p. 100 de la population) dans le Nord et le Centre, les Ovimbundu (30 à 35 p. 100 de la population) dans le Centre et le Sud ; et les Lunda-Tchokwe dans l’Est. Quelques milliers de Bochimans (Bushmen) nomadisent près de la frontière zambienne. Avant l’indépendance en 1975, la communauté portugaise comptait environ 400 000 personnes. La plupart des colons sont aujourd’hui retournés au Portugal. Les métis représentent environ 2 p. 100 de la population.

3.2 Divisions administratives et villes principales

L’insécurité des zones rurales a provoqué l’exode des agriculteurs. En 1995, plus d’un tiers des Angolais vit dans les centres urbains. La population de Luanda, la capitale, a doublé depuis le début de la guerre civile (1,6 million d’habitants en 1994). Parmi les chefs-lieux de province, Huambo, située sur les hauts plateaux, est moins peuplée (20 000 habitants en 1983) que Benguela (155 000 habitants), sur la côte. L’Angola est divisé en 18 provinces, subdivisées en conseils et communes.

3.3 Langues et religions

Le portugais est la langue officielle, mais 90 p. 100 des Angolais parlent les langues bantoues (voir Afrique, langues d’) qui sont au nombre d’une centaine. Les principales, l’Umbundu, le Kimbundu, le Kikongo, le Quioco et le Ganguela, ont le statut de langues nationales. Au début des années 1990, près de 53 p. 100 des Angolais sont chrétiens (catholiques pour les deux tiers) ; le reste de la population est animiste.

3.4 Éducation

L’accès à l’éducation durant la colonisation portugaise, en raison du régime juridique de l’indigénat, était quasi exclusivement réservé aux Portugais et aux métis, ainsi qu'aux assimilados (personnes sachant lire et écrire le portugais). L’enseignement est devenu, en principe, gratuit et obligatoire à l’indépendance. Mais, en 1990, moins de 40 p. 100 des enfants âgés de 7 à 17 ans sont scolarisés, et 0,9 p. 100 de la classe d’âge concernée fréquente le troisième degré. L’Angola possède une seule université à Luanda, l’université Agostino Neto, fondée en 1976. Le gouvernement s’est engagé à réduire le taux d’analphabétisme (près de 60 p. 100 en 1995), mais le manque d’enseignants et la guerre civile font obstacle à la réalisation de cet objectif.

3.5 Culture

La littérature angolaise est une littérature de résistance, illustrée par de nombreux poètes dont Mario Pinto de Andrade et l’ancien président Agostino Neto, auteur de poèmes et d’une autobiographie, Sagrada Esperança, ou par José Luandino Vieira, un créole originaire du Mozambique mais vivant en Angola, qui dès 1949 dans Terra Morta, roman publié au Brésil, dénonce les ravages de la colonisation. Arrêté et déporté aux îles du Cap-Vert, il a écrit la majeure partie de son œuvre en prison.

3.6 Institutions et vie politique

Aux termes de la Constitution de 1975, l’Angola est une république gouvernée par un parti unique, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). Ce mouvement, d’orientation marxiste, a été fondé en 1956. Une partie des dirigeants du MPLA est métis. Les pouvoirs législatifs sont exercés par une Assemblée nationale du peuple, indirectement élue. Mais le MPLA exerce un pouvoir sans partage et ses dirigeants sont nommés à la tête de l’État.

Très tôt le pouvoir du MPLA a été contesté par le Front national de libération de l’Angola (FNLA), créé en 1957, le Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC), constitué en 1963, et l’Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA), fondée en 1966 par Jonas Savimbi, dissident marxiste du MPLA, qui adopte une position maoïste pour mieux s'opposer à la politique pro-soviétique du MPLA, puis qui devient résolument anti-marxiste en s'appuyant sur la politique d'Afrique du Sud et des Occidentaux. En 1991, un premier accord de paix est signé entre le MPLA et l’UNITA. Il prévoit l’organisation d’élections pluralistes, législatives et présidentielle en septembre 1992. Le dirigeant de l’UNITA, Jonas Savimbi, refuse la victoire de son rival, José Eduardo Dos Santos, à la tête de l’État depuis 1979. L’UNITA reprend les combats. Un nouvel accord de paix est signé à Lusaka, capitale zambienne, en novembre 1994. Il pose, en préalable à la participation au pouvoir de l’UNITA, la démilitarisation de celle-ci. La reconnaissance de son leader, Jonas Savimbi, comme « dirigeant du plus important parti « et la mise en place d’un gouvernement d’unité et de réconciliation nationales le 11 avril 1997 permettent l’entrée au Parlement d’une soixantaine de députés de l’UNITA, élus en 1992.

À partir d’autres partis se constituent dès 1991 : le Front pour la démocratie (FPD) créé par des dissidents du MPLA, le Parti réformateur social, qui est représenté au Parlement, le Parti démocratique également représenté, le Parti démocratique angolais et le Parti social-démocrate angolais. Le Parlement élu en 1992 vote sa prorogation jusqu’en l’an 2000, alors que la Constitution prévoit des élections législatives tous les quatre ans.

À la suite de la mort du leader de l’UNITA, Jonas Savimbi, en février 2002, l’accord de paix signé en avril 2002 entre le gouvernement et le mouvement rebelle ouvre la voie à la réintégration de l’UNITA dans le processus électoral. Des élections présidentielle et législatives sont prévues pour 2004.

4 ÉCONOMIE

Malgré ses richesses agricoles, mais surtout minières, l’Angola demeure un pays pauvre dont la majorité des revenus provient de l'exploitation pétrolière. Son développement a été entravé par le départ brutal des Portugais, par la guerre civile et par une politique étatiste. En 1994, le retour à une paix précaire permet une amélioration économique : le produit national brut (PNB) atteint 4,6 milliards de dollars, progressant de 2,5 p. 100 par rapport à 1993, année où il avait régressé de plus de 20 p. 100. Le PNB par habitant demeure cependant faible (430 dollars). En 1995, il régresse à nouveau, passant à 4,4 milliards de dollars, pour croître en 1997, le taux de croissance annuel ayant atteint 8,6 p. 100. Ces chiffres sont cependant peu fiables, tant est grande la distorsion entre le cours officiel de la monnaie et son cours sur le marché parallèle.

4.1 Agriculture

L’Angola a un potentiel agricole considérable. Jusqu’à l’indépendance, le pays est le deuxième producteur africain de café. Mais, en 1994, 3 p. 100 seulement du territoire est exploité. Le café, principale culture d’exportation, est cultivé dans la partie septentrionale du pays. Sa production, comme celle de toutes les autres denrées, a été durement touchée par la guerre et par la création de grandes fermes d’État. Elle est passée de 228 000 t en 1971 (4e rang mondial) à 1 860 t en 2006. Les principales cultures vivrières sont le manioc (8,81 millions de t en 2006) et le maïs (566 000 t). L’élevage, pratiqué essentiellement dans le sud, demeure une activité de subsistance, notamment sur les hauts plateaux qui échappent à la mouche tsé-tsé. La pêche traditionnelle est importante. Le courant froid du Benguela rend les eaux côtières particulièrement riches. En 2005, les prises s’élevaient à 240 000 t par an (maquereau, sardine). Namibe et Lobito sont les principaux ports de pêche. La production de bois (4,75 millions de m3 en 2006) est extraite des riches forêts tropicales humides du Cabinda et du Nord-Ouest.

4.2 Mines et industries

Les deux richesses du pays sont le pétrole et le diamant. La production de pétrole (27,5 millions de t en 1994) représente 40 p. 100 du PNB. L’essentiel provient des gisements off-shore du Cabinda, exploités depuis les années 1960 ; l’exploitation de ces gisements représente aujourd’hui le revenu essentiel de l'État. Le diamant est la seconde ressource minière du pays (mines de Cuongo, Lucapa et N’Gazi), mais sa commercialisation échappe le plus souvent au contrôle de l'administration. En 1992, sa production s’élève à 1 200 000 carats (8e rang mondial). Mais, l’année suivante, la production officielle s’effondre (46 000 carats), les mines étant tombées aux mains des rebelles de l’UNITA. Le minerai de fer, autrefois troisième ressource du pays, n’est plus exploité depuis 1975. La production de sel et de gaz naturel n’a, en revanche, pas cessé. Quant à l’industrie, elle est peu développée (agroalimentaire, textile, ciment). Les raffineries de pétrole se trouvent dans le Cabinda et à Luanda.

Les cours d’eau qui descendent du plateau central constituent un important potentiel hydroélectrique. De nombreuses centrales ont été construites sur les rivières et sur les fleuves (Cuanza, Cunene, Dande et Catumbela), qui produisaient plus de 75 p. 100 de l’énergie électrique (1,9 milliard de kWh) en 2003.

4.3 Échanges

L’unité monétaire est, depuis 1994, le nouveau kwanza. À cette date, un million de kwanzas s’échangeaient contre un dollar sur le marché parallèle, alors que le cours officiel était de 35 000 dollars. Les banques commerciales et étrangères ont été nationalisées en 1975.

Le commerce extérieur déficitaire en 1994, avec un taux de couverture des importations par les exportations inférieur à 55 p. 100, est aujourd’hui excédentaire. L’Angola importe des produits manufacturés (textiles, alimentation, machines-outils). En 1992, le pétrole représentait 90 p. 100 des exportations du pays. Les autres produits traditionnellement exportés sont le café, les diamants, le poisson et l’huile de palme. Les principaux partenaires commerciaux sont, dans l’ordre, l’Union européenne, les États-Unis, Cuba, le Brésil et la Russie.

Le réseau routier angolais comprenait près de 73 900 km de routes, dont la moitié était bitumée. Mais beaucoup ont été détruites par la guerre. Le transport aérien, assuré par la compagnie aérienne nationale, est en revanche relativement bien développé. L’Angola dispose d’environ 2 800 km de voies ferrées. Le chemin de fer de Benguela a longtemps permis d’acheminer les minerais de Zambie et du Shaba zaïrois jusqu’au port atlantique de Lobito. Fermé au trafic international de 1975 à 1980, son exploitation a repris de façon intermittente dans la province de Benguela. Les principaux ports sont Luanda, Benguela, Lobito et Namibe.

5 HISTOIRE

Les peuples de langue bantoue migrent par vagues successives et atteignent la région dans les premiers siècles de l’ère chrétienne. Les premiers habitants de l’actuel Angola, de langue khoisan, sont progressivement repoussés vers le sud. Les Bantous, qui diffusent la métallurgie, se métissent également avec les peuples autochtones. Ainsi, les Lunda, établis sur les bords de la rivière Cassaï, à l’est, se mêlent aux Tchokwe et sont connus aujourd’hui sous le nom de Lunda-Tchokwe. Les Bakongos dominent progressivement les chefferies du Nord.

5.1 L’arrivée des Européens

Lorsque l’explorateur portugais Diogo Cam atteint l’embouchure du Congo vers 1482, il trouve le royaume de Kongo bien établi de part et d’autre du fleuve. Le royaume, gouverné par le mani kongo depuis la capitale Mbanza-Kongo, au nord de l’Angola actuel, prospère grâce au commerce avec les populations de l’intérieur du pays, échangeant outils et armes en fer contre de l’ivoire. Les nouveaux arrivants sont bien accueillis par le souverain kongo, Nzinga Nkuwu. En 1491, des commerçants et des missionnaires portugais apportent des cadeaux à la cour du roi, qui se convertit au catholicisme ; un évêque indigène est même ordonné quelques années plus tard. Cependant, cette christianisation reste superficielle. La capitale du royaume est baptisée São Salvador par les Portugais. Après la mort de Nzinga Nkuwu en 1507, son successeur, le mani kongo Affonso Ier (1505-1543), est contraint de confier l’administration de son royaume aux Portugais. Mais les rapports se détériorent rapidement, car les marchands portugais cherchent à contrôler le commerce de l’or, de l’ivoire et des esclaves, qui commence à prendre de l’essor au XVIe siècle. En 1668, le mani kongo Antonio tente de les chasser, mais il est assassiné, ce qui entraîne la chute du royaume de Kongo. Les Portugais s’appuient ensuite sur les Ngolas du royaume ndongo, au sud de la rivière Cuanza, territoire qui est annexé à la colonie portugaise et qui devient un vaste centre de traite esclavagiste.

5.2 Exploitation et résistance

Les Ngolas donnent leur nom au pays. Les Portugais obtiennent d’eux la cession de Luanda, où Paulo Dias de Novais fonde en 1576 une ville qui devient le centre de la traite négrière (voir esclavage) à destination du Brésil et de Cuba. La traite se développe avec la complicité des peuples commerçants du centre, comme les Ovimbundu, les Portugais jouant des rivalités entre les uns et les autres. Sur le Cuango vivent les Djagas, organisés pour la guerre et le pillage. Ils mènent des raids pour le compte des pombeiros, commerçants métis qui échangent vêtements, perles, vin et marchandises contre des esclaves. Plus au sud, sur le plateau de Bié, les Ovimbundu sont organisés en puissantes chefferies. Les Portugais construisent une forteresse sur le plateau, autour de laquelle se développe une population métisse. Mais, vers 1845, il n’y a encore que 1 800 Européens installés dans tout l’Angola. Le commerce d’esclaves transatlantique depuis l’Angola est interdit en 1836, mais le travail forcé reste la règle. Parallèlement s’amorce le développement des plantations de café et de canne à sucre et l’essor économique des populations du Centre et du Sud impliquées dans le commerce de l’ivoire et du caoutchouc. La traite, cependant, se poursuit dans les colonies portugaises au moins jusqu’en 1878, date à laquelle l’esclavage est officiellement aboli. On estime qu’à la fin du XIXe siècle entre 3 et 4 millions de personnes ont été déportées. L’ampleur de la traite en Angola et la nature du régime colonial expliquent le faible peuplement du pays.

Ce n’est qu’à partir de 1900 que les Portugais s’intéressent aux richesses minières du pays et cherchent réellement à prendre le contrôle de l’intérieur du pays. La progression est très lente : en 1900, le Portugal ne contrôle qu’un dixième de la superficie de l’actuel Angola ; il faut attendre 1920 pour que les campagnes armées cessent définitivement. À partir de 1933, date de fondation de l’Estado Novo (« Nouvel État «) par Salazar au Portugal, le régime colonial se durcit ; la répression touche durement les élites angolaises, qui revendiquent une représentation politique et l’amélioration des conditions de vie des populations autochtones. Parallèlement, la dictature portugaise encourage l’établissement des colons. Ceux-ci, contrairement aux affirmations de la propagande salazariste, ne sont que rarement des paysans et des ouvriers pauvres, mais le plus souvent des petits commerçants et des petits fonctionnaires. Ce n’est qu’à partir des années 1950-1960 que les Portugais, pour contrer la rébellion, développent une colonisation paysanne. Le Portugal met en place le régime juridique de l’indigénat. Les indigénas regroupent les Noirs (98-99 p. 100 de la population) privés d’éducation, juridiquement sans droits ; le groupe des assimilados regroupe les métis et quelques Noirs assimilés. Seuls ces derniers ont accès à l’éducation. L’indigénat, allégé en 1954, est définitivement aboli en 1961, mais il est déjà trop tard, la rébellion ayant éclaté. Du fait de l’indigénat et du colonat, les communautés noires sont spoliées de leurs terres et entrent en concurrence pour la recherche de travail.

En 1951, l’Angola devient une province d’outre-mer. En 1956 est fondé le premier mouvement nationaliste, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA). Le 4 février 1961, l’attaque de la prison de Luanda par le MPLA marque le début de la guerre d’indépendance. Cette action est suivie jusqu’au mois de mars 1961 par une immense jacquerie paysanne, notamment dans la Baxia de Cassange. Les Bakongos et les Kimbundus détruisent près de 700 plantations de café, tuant plusieurs centaines de colons. L’armée portugaise réagit par des représailles massives, massacrant plusieurs milliers d’insurgés et contraignant à l’exil près de 400 000 Bakongos. Le corps expéditionnaire est renforcé au cours des années suivantes pour atteindre des effectifs de 60 000 soldats et supplétifs.

Les nationalistes sont divisés en trois groupes rivaux, de composition ethnique très marquée : le Front national de libération de l’Angola (FNLA) de Holden Roberto, un protestant baptiste proche du général Mobutu du Zaïre, recrute principalement chez les Bakongos, les Quioco et les Ganguela, le MPLA d’Agostinho Neto, lui-même assimilado, s’appuie sur les métis des villes et sur les Kimbundus, tandis que l’UPA (Union des peuples de l’Angola), et son bras armé, l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) de Jonas Savimbi, est dominée par les Ovimbundu. Le MPLA est soutenu, à partir de 1965, par l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Il bénéficie ainsi d’une position privilégiée dans le combat indépendantiste, mais la décolonisation de l’Angola est moins le résultat de la lutte armée que de la désintégration de l’Empire portugais, après la révolution des Œillets au Portugal, en avril 1974. Le Mouvement des forces armées décide de mettre un terme à la guerre coloniale à laquelle il ne voit pas d’issue militaire.

Le nouveau régime de Lisbonne accepte, par les accords d’Alvor, le transfert du pouvoir aux Angolais et, le 11 novembre 1975, l’Angola accède à l’indépendance. Deux gouvernements rivaux affirment alors représenter la nouvelle nation : l’un formé par le MPLA à Luanda, l’autre par l’UNITA et le FLNA à Huambo, sur le plateau de Bié.

5.3 La guerre civile
5.3.1 Un conflit interethnique alimenté par la guerre froide

La guerre civile qui suit l’indépendance se déroule dans le contexte de la guerre froide. Le Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) reçoit le soutien financier et matériel de l’Union soviétique et le renfort des troupes cubaines, tandis que les États-Unis et l’Afrique du Sud appuient l’Union nationale pour l'indépendance de l'Angola (UNITA) de Jonas Savimbi. En septembre 1975, l’armée sud-africaine, appuyée par des mercenaires, vient renforcer l’UNITA, alors que les troupes zaïroises et le FNLA au nord déclenchent une vaste offensive. Au mois d’octobre, l’Angola est dans une situation de chaos complet. Les militaires portugais mettent en place un pont aérien pour évacuer d’urgence les colons blancs et leurs associés noirs et métis. À la fin de ce mois, le MPLA ne tient plus qu’une zone d’une trentaine de kilomètres autour de Luanda. Les contingents cubains entrent alors en action et stabilisent la situation. Les 50 000 hommes envoyés par Fidel Castro sous le commandement du général Ochoa repoussent facilement les Zaïrois et les troupes du FNLA, dégagent Luanda, puis enrayent l’offensive de l’UNITA. Début 1976, les troupes sud-africaines se retirent et le Congrès américain refuse toute aide logistique à l’UNITA. Le MPLA peut alors étendre son pouvoir, et son dirigeant, Agostino Neto, obtient la reconnaissance internationale de la république populaire d’Angola, qui est admise au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU).

À la mort d’Agostino Neto en 1979, les fonctions de chef de l’État reviennent au numéro deux du MPLA, José Eduardo Dos Santos. Celui-ci ouvre son pays aux investissements étrangers dans le secteur pétrolier, le seul qui fonctionne réellement. Le FLNA et le FLEC cessent leurs actions militaires au Cabinda et dans le nord du pays. En revanche, l’UNITA ne désarme pas, toujours soutenue par le régime ségrégationniste sud-africain dont les troupes, au début des années 1980, multiplient les incursions sur le territoire angolais, poursuivant les rebelles namibiens de la SWAPO dans leurs sanctuaires.

En 1984, l’Afrique du Sud se replie, ayant obtenu aux accords de Lusaka la promesse d’un contrôle des activités de la SWAPO et espérant le retrait des troupes cubaines. Elle s’engage, de son côté, à laisser la Namibie accéder à l’indépendance. Les Cubains maintenant leur présence, l’Afrique du Sud reprend ses attaques en Angola, tandis que le Congrès américain lève finalement son veto sur l’aide à l’UNITA.

5.3.2 Les premières élections libres et la défaite de l’UNITA

En décembre 1988, un accord tripartite est conclu à New York. L’Afrique du Sud retire son soutien à l’UNITA, et Cuba rapatrie les 50 000 hommes présents en Angola. Le pays est exsangue et un nouvel accord de cessez-le-feu est conclu à Gbadolite, au Zaïre, en présence du maréchal Mobutu, entre Dos Santos et Savimbi. Fin 1990, le MPLA opte pour le multipartisme. En mai 1991, les dernières troupes cubaines quittent l’Angola. Après l’effondrement du bloc communiste et le renoncement de l’Afrique du Sud à l’apartheid, l’Angola ne représente plus le même intérêt stratégique. L’UNITA perd ses alliés et accepte la négociation. Un accord de paix est signé à Lisbonne le 1er mai 1991 et les Casques bleus de l’ONU interviennent afin de faire respecter le cessez-le-feu. Celui-ci est remis en cause après la victoire, aux élections de 1992, contrôlées par l'ONU, de José Eduardo Dos Santos contre Jonas Savimbi qui récuse les résultats du scrutin. Après l'assassinat, à Luanda, de nombreux militants de l'UNITA, les combats redoublent d’intensité et tournent à l’avantage des forces gouvernementales, entraînées cette fois-ci par leur adversaire d’hier, une société de mercenaires sud-africains, Executive Outcomes. Les forces armées du gouvernement, les FAPLA, s’emparent de Huambo à la fin de 1994. Plus d’un million de réfugiés fuient le pays. En novembre 1994, un nouvel accord de paix, soutenu par l’ONU, est signé à Lusaka, en Zambie, et en février 1995, le Conseil de sécurité décide l'envoi en Angola de 7 000 militaires et civils pour en contrôler l'application.

5.3.3 L’échec du processus de paix et les tentatives de réconciliation nationale

La mise en place d’un gouvernement d’union nationale, prévue pour novembre 1996, donne lieu à de difficiles tractations, passant notamment par l’intégration d’une partie des troupes de l’UNITA dans l’armée régulière. L’UNITA conserve une partie de ses armes, et la chute du régime du président Mobutu décide Jonas Savimbi, désormais privé de son dernier soutien militaire, à accepter formellement les accords de paix. Un des obstacles porte sur son statut personnel au sein d'un gouvernement d'union nationale, le chef de l'UNITA ayant refusé le poste de vice-président qui lui avait été proposé. L'autre obstacle, qui perdure tout au long des négociations et du cessez-le-feu, concerne le désarmement des partisans des deux tendances et la sécurité à apporter à Savimbi et aux responsables de l'UNITA — en 1992, plusieurs milliers de partisans de l'UNITA, qui avaient cru la paix revenue et avaient intégré les régions et les villes contrôlées par le MPLA, avaient été assassinés, notamment les plus hauts responsables.

Les membres du nouveau gouvernement sont officiellement investis de leurs fonctions le 11 avril 1997, alors que dans certaines régions du pays, les combats entre l’UNITA et l’armée régulière continuent. Les atermoiements de Savimbi pour intégrer le processus politique conduisent le Conseil de sécurité à geler, en juin 1998, les avoirs de l’UNITA et ses ventes de diamants.

L’intervention de l’Angola dans les conflits de l’ex-Zaïre et du Congo-Brazzaville, pour couper l’UNITA de ses soutiens, lui donne une stature de puissance régionale. Paradoxalement, elle favorise Savimbi, qui s'appuie sur les adversaires de Kabila et de Sassou-Nguesso. En Angola, l'intensification du conflit, notamment pour le contrôle des mines de diamants, et des attentats contre des avions de la Mission de vérification des Nations unies en Angola (Monua), poussent l'ONU à se retirer, à la demande même des belligérants. Au début de 1999, le gouvernement de Luanda fait de nouveau appel à des troupes cubaines pour enrayer la poussée de l'UNITA en direction des zones pétrolières. À la fin de l'année, les forces gouvernementales reprennent de nombreuses régions à l'UNITA, dont plusieurs membres importants ont fait défection — et parmi eux le fils de Savimbi —, tandis que la société De Beers, qui contrôle 70 p. 100 du commerce mondial des diamants décrète un embargo général sur ses achats de diamants à l'Angola. De son côté, un rapport de l'ONU dénonce les ventes d'armes à l'UNITA par le Togo, le Burkina et le Rwanda.

5.3.4 Vers une paix définitive

En novembre 2000, l’UNITA refuse la loi d’amnistie générale proposée par le gouvernement. Les attaques se multiplient tant du côté des rebelles que du côté de l’armée régulière. Jonas Savimbi, donné pour mort à plusieurs reprises, est tué en février 2002, lors d’une offensive menée par les forces gouvernementales contre les troupes rebelles dans le centre-est du pays. Profondément affaiblie, en raison notamment des sanctions décrétées par l’ONU (embargo sur les ventes d’armes et de carburant et sur les exportations de diamants), l’UNITA négocie les conditions de sa reddition dès le mois de mars. Un accord de cessez-le-feu historique est signé le 4 avril 2002, qui prévoit la démilitarisation des combattants rebelles. Quelques jours auparavant, le Parlement a voté à l’unanimité une loi d’amnistie s’appliquant à tous les civils et militaires angolais ou étrangers ayant commis des crimes contre la sécurité de l’État. Le nouvel accord de paix prévoit le cantonnement et le désarmement des troupes de l’UNITA, dont un nombre indéterminé doit être intégré à l’armée régulière. Une commission mixte, au sein de laquelle siègent les représentants des deux parties au conflit ainsi que des observateurs de l’ONU, des États-Unis, de la Russie et du Portugal, est chargée de superviser l’application du cessez-le-feu, le désarmement des combattants rebelles et leur intégration dans l’armée régulière angolaise et la vie civile.

Au terme d’un processus de paix maintes fois avorté, cette nouvelle trêve qui met un point final à vingt-sept années de guerre civile est accueilli avec confiance par les Angolais et par la communauté internationale. Les conditions semblent en effet réunies pour un rétablissement définitif de la paix : tandis que l’UNITA est militairement très affaiblie et que tous ses commandants régionaux ont adhéré au protocole d’accord, la volonté de mettre fin au conflit prévaut au sein des deux camps. Toutefois, nombreuses sont les exigences qui conditionnent la consolidation de la paix et auxquelles doivent répondre les autorités angolaises : démobilisation effective des rebelles de l’UNITA et réconciliation nationale, redistribution des ressources — le régime en place est accusé de prédation des revenus pétroliers et de corruption généralisée —, démocratisation du régime — des élections libres sont prévues pour 2004, alors que le président Dos Santos n’entend pas être candidat à sa propre succession — et, surtout, reconstruction d’un pays exsangue, dont l’économie, l’agriculture et les infrastructures sont dévastées, et dont la situation humanitaire est désastreuse, « l’une des pires au monde « selon l’appel à la mobilisation internationale lancé au mois de juin par les Nations unies.

5.4 La population angolaise en état de catastrophe humanitaire

Révélée par plusieurs organisations non gouvernementales présentes dans le pays, puis confirmée par le Programme alimentaire mondial (PAM), la catastrophe humanitaire qui touche la population angolaise nécessite une très vaste mobilisation : sur une population estimée à 11 millions, 3 millions de personnes, menacées par la famine et les épidémies, auraient besoin d'une aide d'urgence. Au-delà de la sécheresse qui touche l’Afrique australe depuis plusieurs années, la crise alimentaire découle directement de la guerre civile et des stratégies militaires conduites par les deux parties au mépris de la population civile : déplacements et enrôlements forcés, violences généralisées, pratique d’une politique de terre brûlée. La situation est d’autant plus critique qu’aux 4 millions de personnes déplacées pendant le conflit s’ajoutent les anciens combattants de l’UNITA, démobilisés dans les camps de cantonnement, et leurs familles (soit environ 350 000 personnes), les milliers de réfugiés dans les pays voisins — 80 000 d’entre eux sont retournés d’eux-mêmes en Angola —, et quelque 800 000 personnes rassemblées par l’armée angolaise dans des « zones grises «, auparavant inaccessibles et aujourd’hui ouvertes aux organisations humanitaires.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles