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anticléricalisme

Publié le 12/02/2013

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1   PRÉSENTATION

anticléricalisme, opposition à l’influence et à l’ingérence du clergé dans la vie publique et politique. L’anticléricalisme est une idéologie politique marquante de la vie politique française des xixe et xxe siècles.

N’ayant pas de père avoué, de fondateur officiel ou d’ouvrage de référence fondamental, l’anticléricalisme est indissociable de son contraire, le cléricalisme, qu’il combat. Se manifestant dans tous les groupes sociaux sans exception, il est avant tout une réaction contre l’influence politique et sociale de l’Église.

L’anticléricalisme s’oppose à l’existence d’un clergé qui s’estime au-dessus des lois. On retrouve dans l’anticléricalisme les grands principes de la laïcité. Comme cette dernière, il revendique la nécessité de l’indépendance de l’État par rapport aux Églises, la séparation entre le religieux et le profane, la liberté de conscience individuelle.

2   NAISSANCE DE L’ANTICLÉRICALISME

Le terme d’anticléricalisme apparaît au milieu du xixe siècle en France. Si l’expression est relativement récente, la notion existe dès l’Ancien Régime. Ainsi, les premières manifestations d’anticléricalisme datent du xviiie siècle et de la tradition gallicane d’indépendance à l’égard de la papauté.

Jusqu’en 1789, l’idéologie anticléricale se répand grâce à la philosophie des Lumières — dont elle se réclame jusqu’au second Empire —, à la franc-maçonnerie et aux sociétés de pensée. Puis, sous l’influence de courants philosophiques nouveaux, de l’apparition du culte de la science et du rationalisme, l’anticléricalisme connaît des modifications importantes ; la foi s’oppose désormais à la raison et il n’est plus possible de dissocier cléricalisme et religion.

Les premières mesures anticléricales sont prises pendant la Révolution avec la proclamation de la Constitution civile du clergé (1790) et la séparation de l’Église et de l’État (1795). Si elles affirment (temporairement) l’indépendance de l’État par rapport à l’emprise de la religion, ces décisions ouvrent également les hostilités entre les partisans de la République et les catholiques.

3   L’ANTICLÉRICALISME DANS L’OPPOSITION JUSQU’À LA FIN DU XIXE SIÈCLE

La première moitié du xixe siècle voit l’Église française reconquérir l’influence et les privilèges qu’elle a perdus pendant la Révolution.

En signant le Concordat de 1801, Napoléon Ier rallie la majorité des catholiques au régime impérial et suscite l’opposition d’un parti anticatholique que l’on retrouve dans le personnel administratif, au Conseil d’État et, surtout, chez les intellectuels formés à l’école des Lumières. À partir de 1815, la restauration royaliste s’accompagne d’une restauration religieuse. L’Église s’attache alors à développer l’enseignement secondaire catholique et milite pour la suppression du monopole universitaire. Les mesures prises en sa faveur alarment la bourgeoisie libérale et réveillent un anticléricalisme populaire qui s’exprime dans les chansons de Béranger ou les pamphlets de Paul-Louis Courier. Les journées révolutionnaires de 1830 et les débuts du règne de Louis-Philippe, sont agités par de violentes manifestations anticléricales, le peuple parisien dévastant l’église de Saint-Germain l’Auxerrois et l’Archevêché de Paris (1831).

La majorité réactionnaire et conservatrice, élue après la Révolution de 1848, et Napoléon III durant les premières années de l’Empire poursuivent cette politique toute dévouée aux intérêts du parti clérical. La suppression du monopole universitaire et le vote de la loi Falloux (1850) redoublent l’opposition des anticléricaux à l’égard du clergé et fait passer le problème scolaire au premier plan de leur lutte. L’Église développe ses propres écoles grâce aux subventions distribuées par l’État et surveille étroitement institutions et professeurs. Le soutien français à la papauté dans le problème italien ne fait qu’accentuer les clivages entre ultramontains et anticléricaux. Toutefois, il existe à l’intérieur du régime une partie de l’administration et des bonapartistes qui, sous la conduite du prince Jérôme, s’opposent aux prétentions cléricales.

4   LA FIN DU CLÉRICALISME POLITIQUE

La Commune de 1871 donne lieu à des manifestations très violentes contre l’Église et ses représentants. Les communards ordonnent à nouveau la séparation de l’Église et de l’État et font exécuter des otages issus du clergé. Mais la reprise en main du pouvoir par Adolphe Thiers et l’établissement de l’Ordre moral mettent un terme aux excès anticléricaux.

Il faut attendre la fin des années 1870 pour que les républicains entreprennent une politique anticléricale qui parachève l’œuvre révolutionnaire. En 1879, la loi qui interdisait de travailler le dimanche pour raisons religieuses est supprimée. En 1881, les cimetières perdent leur caractère confessionnel et les obsèques civiles sont encouragées par une loi sur la liberté des funérailles (1887). Les hôpitaux sont laïcisés, on enlève les crucifix des prétoires. Le divorce est à nouveau autorisé en 1884.

Sur le plan éducatif, Jules Ferry interdit les congrégations religieuses non autorisées (29 mars 1880), réalise la laïcité de l’enseignement primaire (29 mars 1882) et laïcise le personnel enseignant des écoles primaires (30 octobre 1886).

Les années 1900-1905 marquent l’apogée de la politique anticléricale. La loi sur les associations de 1901 lèse considérablement les congrégations dont la richesse et la place dans l’enseignement inquiétaient les républicains. La quasi-totalité des ordres religieux est dissoute et, en 1904, une loi interdit l’enseignement à tous les membres des congrégations, entraînant une rupture avec la papauté. En 1905, la loi de séparation de l’Église et de l’État, la suppression du budget des cultes et la saisie des biens ecclésiastiques achèvent de détruire le clergé en tant que corps social et prive l’Église, réduite à son rôle spirituel, de toute possibilité d’intervention dans la vie politique française. Le cléricalisme politique n’existe plus, l’anticléricalisme n’a donc plus de raison d’être. Il perd peu à peu du terrain mais renaît à chaque fois qu’il est menacé.

Après la Première Guerre mondiale, la coalition de droite au pouvoir suspend l’application des lois anticléricales, reprend les relations diplomatiques avec le Saint-Siège et tolère les congrégations. Il faut attendre l’élection du Cartel des gauches en 1924 pour que revienne un anticléricalisme officiel.

Depuis les années cinquante, l’anticléricalisme est en recul et n’est plus mobilisateur sur le plan politique, si ce n’est pour la question scolaire comme lors du grand rassemblement d’avril 1984 contre « l’école libre « (autre appellation de l’enseignement confessionnel).

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