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Article de presse: Ariane, une famille nombreuse

Publié le 22/02/2012

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ariane
16 juin 1983 - Il n'y a pas une fusée Ariane, mais des fusées Ariane. A l'image de ce qui se fait en aéronautique avec les avions gros porteurs comme les Boeing et les Airbus, c'est une véritable famille de lanceurs Ariane qui est aujourd'hui proposée pour satisfaire les besoins d'une clientèle exigeante. Ainsi trouve-t-on dans les catalogues de la société Arianespace, chargée de la promotion et de la vente du lanceur européen, des Ariane-1, 2 et 3. Cette diversification des modèles ne répond pas à un souci de faire de la technique pour la technique, mais à des considérations d'ordre économique dictées par le marché des services de lancement. Le prix du kilogramme de charge utile en orbite est, pour les utilisateurs de fusées, un facteur essentiel de leur choix et un élément fondamental de la guerre économique que se livrent aujourd'hui Américains et Européens sur ce marché. Cette exigence, associée à une tendance croissante des clients à réclamer la mise en orbite de charges utiles de plus en plus lourdes, a donc conduit les Européens à décider d'améliorer le lanceur actuel, Ariane-1, capable de satelliser des charges d'environ 1 800 kilos sur orbite de transfert (200 kilomètres de périgée, 36 000 kilomètres d'apogée). Pour atteindre ces objectifs, les ingénieurs ont joué sur différents éléments du lanceur actuel pour réaliser en quelque sorte une Ariane " à la carte ". Leurs efforts ont porté essentiellement sur : L'augmentation de la poussée des moteurs Viking des premier et deuxième étages, dont la pression de fonctionnement au foyer a été accrue; L'accroissement de la masse d'hydrogène et d'oxygène liquides (de 8 à 10 tonnes) destinés à alimenter le moteur du troisième étage dont l'impulsion spécifique est augmentée de quatre secondes; L'augmentation du volume disponible sous la coiffe du lanceur qui permet de protéger le ou les satellites embarqués pendant les premières minutes du vol de la fusée; L'adjonction sur le corps du premier étage de deux propulseurs à poudre (boosters) de 7,35 tonnes fournissant une poussée supplémentaire de 140 tonnes pendant les premières trente secondes du vol. Les trois premières modifications donnent la fusée Ariane-2, qui sera principalement utilisée pour le lancement de satellites lourds (type INTELSAT ou TDF-1). Avec l'adjonction des boosters, on obtient Ariane-3, version qui doit servir lors du tir du 4 août et des quatre suivants, pour mettre chaque fois en orbite des couples de satellites de télécommunication de masse moyenne (environ 1 200 kilogrammes chacun). En juin 1986 sera essayée une nouvelle fusée, Ariane-4, issue d'une modification beaucoup plus importante. Ariane-4 aura un premier étage nouveau-long de 25 mètres au lieu de 18 pour l'actuel,-une case à équipements rénovée et une coiffe d'un diamètre de 4 mètres au lieu des 3,2 mètres actuels. Ce lanceur pourra être muni de deux ou de quatre propulseurs d'appoint qui seront, soit des extrapolations de ceux d'Ariane-3, soit des propulseurs encore plus puissants utilisant les mêmes propergols liquides et les mêmes moteurs Viking que les deux premiers étages. Il y aura donc six versions différentes d'Ariane-4, qui constitueront une nouvelle famille prolongeant celle formée par Ariane-1, Ariane-2 et Ariane-3. Enfin, devrait voir le jour après 1990 un nouveau lanceur, Ariane-5, pour lequel vient d'être décidée la réalisation du gros moteur HM-60 à oxygène et hydrogène liquides. JEAN-FRANCOIS AUGEREAU Le Monde du 5-6 août 1984

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