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Article de presse: Milan Milutinovic remporte l'élection présidentielle en Serbie

Publié le 22/02/2012

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21 décembre 1997 - Le Parti socialiste serbe (SPS) a atteint son objectif : il est parvenu à faire élire son candidat, Milan Milutinovic, face à Vojislav Seselj, le dirigeant du Parti radical (SRS, extrême droite) lors du second tour de l'élection présidentielle qui s'est tenu dimanche 21 décembre. Lundi, vers trois heures du matin, le Parti socialiste a communiqué les résultats : M. Milutinovic devenait le nouveau chef de l'Etat avec 59,7 % des voix contre 37,24 % pour le leader de l'extrême droite et succédait à Slobodan Milosevic, élu en juillet, à la tête de la République fédérale de Yougoslavie (RFY). L'actuel ministre des affaires étrangères a récolté ainsi les fruits d'une campagne électorale plus agressive et dynamique qu'à l'accoutumée, mais il a surtout bénéficié de la détermination d'un pouvoir décidé à gagner coûte que coûte, quitte à fouler aux pieds quelques règles démocratiques de base. " Seules des fraudes permettront aux socialistes de faire élire leur candidat " , avait pronostiqué Slobodanka Nedovic, présidente du Centre pour des élections libres et pour la démocratie (Cesid). Car si, avant le scrutin, les sondages créditaient M. Milutinovic d'une avance confortable sur son adversaire, il restait toutefois un détail à régler : celui du taux de participation qui, s'il avait été inférieur à 50 %, aurait entraîné l'annulation du scrutin. C'est ce qui était arrivé lors de la précédente présidentielle : moins d'un électeur sur deux s'était déplacé. La plupart des observateurs n'excluaient pas une répétition de ce scénario. En effet, à la faible participation du premier tour (environ 52 %) s'ajoutait, dimanche, l'appel au boycottage lancé par le candidat de l'opposition démocratique, Vuk Draskovic, éliminé il y a deux semaines. Mais cette fois, les socialistes avaient décidé de ne pas s'exposer à la même sanction de la part d'une population éreintée par la crise économique et lassée des " magouilles " politiques. " Nous avons relevé de nombreuses et graves irrégularités qui nous font dire que la fraude a été organisée " , explique le Cesid, qui a dressé une longue liste de malversations. C'est semble-t-il au Kosovo que le pouvoir a " réussi des miracles " , selon un porte-parole de l'opposition, afin d'obtenir un taux de participation tout juste supérieur à 50 %. Dans cette région où les Albanais de souche, qui représentent 90 % de la population, boycottaient le scrutin, les socialistes ont agi à leur guise. Dragan Todorovic, porte-parole du SRS, dénonçait de nombreux obstacles dressés, la veille ou le matin même du scrutin, à l'intention des contrôleurs non socialistes se rendant dans les bureaux de vote. Toujours selon le SRS, des urnes auraient ainsi été " bourrées " et une trentaine de militants de ce parti dont onze députés protestant contre cette fraude ont même été arrêtés et retenus plusieurs heures par la police. D'autres n'ont jamais atteint leur destination finale, les autocars qui les transportaient étant bloqués sur les routes par divers " incidents " . Enfin, le SRS faisait également état d'irrégularités en Voïvodine, province du nord du pays. A la différence des municipales de l'année dernière, les opposants ne prévoient pas de manifestations pour dénoncer les fraudes et remettre en cause le résultat du scrutin. L'opposition qui, durant plusieurs semaines d'hiver, avait occupé les rues de Belgrade jusqu'à ce qu'on lui rende " sa victoire " électorale est, aujourd'hui, laminée, victime autant de ses divisions internes que des pièges tendus par le pouvoir. Même si elle en avait la force, elle ne se mobiliserait pas pour soutenir Vojislav Seselj, qu'elle qualifie de " fasciste " . Quant au dirigeant de l'extrême droite, s'il affirme vouloir déposer plainte contre les irrégularités il estime que le taux de participation a été de " 49,2 % " , beaucoup pensent qu'il n'est pas dans son intérêt d'engager un bras de fer avec M. Milosevic. Au contraire, il aurait, selon les observateurs, plus à gagner à retrouver un terrain d'entente avec celui qui, malgré les crises à répétition, reste l'homme fort de la Serbie et de la Yougoslavie. CHRISTOPHE CHATELOT Le Monde du 23 décembre 1997

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