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Article de presse: Valdas Adamkus "l'Américain" est élu président de Lituanie

Publié le 17/01/2022

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4 janvier 1998 - De retour après une cinquantaine d'années d'exil aux Etats-Unis, l'ancien réfugié politique a battu de peu, grâce à un bon report de voix, le candidat soutenu par les anciens communistes Près de cinquante ans après son départ en exil vers les Etats-Unis, "avec cinq dollars en poche", Valdas Adamkus a été élu président de la Lituanie, au terme d'un deuxième tour très serré, dimanche 4 janvier. Il est devenu ainsi le premier réfugié politique d'Europe de l'Est à remporter une élection présidentielle après son retour au pays. Agé de soixante et onze ans, Valdas Adamkus a devancé de quelque onze mille voix son rival soutenu par les anciens communistes, l'ancien procureur général Arturas Paulauskas, de vingt-sept ans son cadet. Les deux adversaires ont obtenu respectivement 50,31 % et 49,69 % des suffrages, selon les résultats publiés par la commission électorale. Sur le fond, MM. Adamkus et Paulauskas présentaient des programmes similaires. Tous deux se fondent sur l'économie de marché et défendent la candidature de la Lituanie à l'OTAN et à l'Union européenne. Le récit de la jeunesse de Valdas Adamkus est un concentré de l'histoire lituanienne. Jeune élève, il refusa de chanter L'Internationale lorsque l'armée soviétique envahit, en 1940, la République balte, tombée dans l'escarcelle de Moscou conformément au pacte germano-soviétique signé par Molotov et Ribbentrop. Puis, à l'arrivée des troupes nazies, l'année suivante, il s'engagea dans un réseau clandestin de résistance. "Success story" Après le retour de l'armée rouge, en 1944, le jeune homme décida d'émigrer aux Etats-Unis via l'Allemagne. Au total, quelque 800 000 Lituaniens choisirent la même voie que lui. Les débuts du jeune immigré furent, selon ses dires, assez difficiles. Il parvint toutefois à faire carrière dans la protection de l'environnement, finissant par devenir le responsable dans ce domaine pour la région de Chicago. C'est auréolé de cette relative success story qu'il présenta sa candidature à l'élection présidentielle à l'automne dernier, pour succéder à l'ancien communiste Algirdas Brazauskas. Elle faillit bien ne pas être acceptée. La commission électorale estima, en effet, que M. Adamkus ne remplissait pas toutes les conditions pour pouvoir prétendre au poste de chef de l'Etat, dont les prérogatives sont limitées à la politique étrangère. La Constitution stipule que tout candidat doit avoir vécu depuis trois ans dans le pays, de nouveau indépendant depuis 1990. Or le Lituano-Américain n'y résidait alors à plein temps que depuis quelques mois, même s'il y était enregistré depuis plus de trois ans et travaillait officiellement comme consultant pour une entreprise locale. Un tribunal pour la région de Vilnius finit par lui donner raison le 10 octobre. Soutenu par le Parti centriste, membre de la coalition de droite au pouvoir depuis un an, il se lança dans la campagne électorale non sans se voir reprocher par certains de ses rivaux d'avoir fui ses responsabilités dans l'exil. Il a promis d'abandonner sa nationalité américaine en cas de victoire. D'autres, tel M. Paulauskas, l'accusèrent de ne pas connaître son pays d'origine. "A partir de 1972, répondit M. Adamkus, je me suis rendu deux fois par an en Lituanie, où j'ai passé la moitié de mon temps après 1990. Je connais bien les problèmes que rencontre ce pays. Et j'ai l'expérience du travail dans l'administration américaine, ce qui manque ici." Moins vindicatif que le président du Parlement, le conservateur Vytautas Landsbergis, arrivé en troisième position au premier tour, et moins tape-à-l'oeil que le télégénique Arturas Paulauskas, le Lituano-Américain, cheveux grisonnants coiffés en arrière, parvint à obtenir 28 % des suffrages le 21 décembre. Il a bénéficié, dimanche, d'un très bon report des voix. BENOIT PELTIER Le Monde du 6 janvier 1998

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