Barre, Raymond

Barre, Raymond (1924-2007), homme politique et économiste français, Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing de 1976 à 1981, promoteur d’une politique de rigueur pour lutter contre la crise économique.

Né à Saint-Denis (île de la Réunion), issu de la bourgeoisie créole, Raymond Barre effectue ses études supérieures à Paris. Diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP), agrégé des facultés de droit et de sciences économiques, il devient professeur de sciences économiques à la faculté de droit de l’université de Caen puis de Paris et à l’IEP de Paris. En 1959, il publie un manuel en deux volumes, intitulé Économie politique, devenu un classique. Sans affiliation partisane mais proche de la droite libérale, il est appelé par Jean-Marcel Jeanneney, ministre de l’Industrie dans le gouvernement Debré (1959-1962), en qualité de directeur de cabinet. Vice-président de la Commission des Communautés européennes de 1967 à 1972, il participe aux débats relatifs au plan Werner concernant l’Union économique et monétaire, et élabore un plan de coopération monétaire.

Nommé en 1975 président de la Commission de réforme sur le financement de la construction, puis ministre du Commerce extérieur, Raymond Barre est appelé en août 1976 au poste de Premier ministre par le président Valéry Giscard d’Estaing, après la démission de Jacques Chirac. La nomination d’un homme qui apparaît davantage comme un technicien que comme un politique est interprétée par de nombreux commentateurs comme un signe supplémentaire de l’orientation très présidentielle que Valéry Giscard d’Estaing souhaite conférer à son mandat, après deux ans d’une relation souvent conflictuelle avec son précédent Premier ministre.

Confronté à la montée du chômage et à la croissance des déficits publics, Raymond Barre, présenté comme « le meilleur économiste de France « par le président Giscard d’Estaing, met en œuvre une vigoureuse politique d’austérité et de lutte contre l’inflation, dans un climat difficile. La situation politique est en effet caractérisée par la progression électorale de la gauche (dès les élections municipales de 1977) et la désunion interne de la majorité, partagée entre les forces libérales et centristes, regroupées dans la mouvance de l’Union pour la démocratie française (UDF), et les gaullistes du Rassemblement pour la République (RPR) qui, sous la direction de Jacques Chirac, manifestent sans équivoque leurs nombreux désaccords avec la politique du gouvernement. Reconduit dans ses fonctions après les élections législatives de 1978, à la faveur desquelles il est élu député du Rhône, il démissionne après la défaite de Valéry Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle de 1981, n’ayant réussi ni à enrayer la progression du chômage ni à maîtriser l’inflation.

En juin 1981, Raymond Barre est réélu député du Rhône. Bien que proche de l’UDF, il fonde sa nouvelle stratégie politique sur sa position en marge des partis, tandis que son apparence empreinte de bonhomie, son humour discret et sa réputation d’homme compétent lui procurent une popularité bien supérieure à celle qu’il avait connue en tant que Premier ministre. Candidat de l’UDF à l’élection présidentielle de 1988, il semble au cours de sa campagne s’opposer davantage à l’éventuelle victoire de Jacques Chirac qu’à la réélection de François Mitterrand, bien qu’il appelle ses électeurs à voter pour Jacques Chirac au second tour, après avoir recueilli 16,54 p. 100 des suffrages au premier tour. Sous le second septennat de François Mitterrand, certaines personnalités proches de lui participent aux gouvernements Rocard, Cresson et Bérégovoy, dans le cadre d’une politique visant à élargir l’audience de la gauche vers le centre.

Maire de Lyon de 1995 à 2001, Raymond Barre est député du Rhône sans interruption de 1978 à 2002, date à laquelle il prend sa retraite politique.