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Biafra, guerre du

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Biafra, guerre du, conflit qui se déroula entre mai 1967 et janvier 1970 et opposa le Nigeria au peuple des Ibo, après que celui-ci eut fait sécession à l’est du pays et proclamé la république du Biafra. Cette guerre civile atroce de trente mois, dont l’enjeu était la richesse pétrolière de la région, prit fin avec l’écrasement des sécessionnistes par l’armée fédérale nigériane.

2   DE LA SÉCESSION À LA GUERRE ETHNIQUE

Les origines de la guerre du Biafra remontent au mois de janvier 1966, lorsque les Haoussa, ethnie présidant alors aux destinées de la vie politique nigériane, furent victimes d’un coup d’État, fomenté par le peuple ibo, à l’est du pays, et qui porta au pouvoir le général Aguiyi-Ironsi. La politique de centralisation à outrance du général provoqua une révolte du nord du pays, aboutissant en juillet de la même année à un second coup d’État, qui installa le chef d’état-major de l’armée, Yakubu Gowon, au poste de chef du gouvernement fédéral. Les Ibo s’engagèrent alors dans la voie de la sécession ; avec à leur tête le colonel Ojukwu, gouverneur de la province orientale, ils proclamèrent la république du Biafra en mai 1967. Dès le mois de juillet, de violents combats éclatèrent entre les troupes fédérales nigérianes et celles du Biafra.

La lutte ethnique masquait un enjeu économique : c’est au Biafra que se trouvent les quatre cinquièmes de la richesse pétrolière nigériane, dont la production, en 1966, atteignait 400 000 barils par jour. C’est pourquoi les grandes puissances internationales et les compagnies pétrolières se préoccupèrent très vite de cette guerre civile : la France et la compagnie américaine Gulf Oil encouragèrent en sous-main les sécessionnistes, tandis que le Royaume-Uni soutenait (avec des réserves) le gouvernement nigérian, favorable aux intérêts de la British Petroleum. L’Union soviétique, quant à elle, fournit des armes et un soutien diplomatique au gouvernement fédéral.

3   ÉCRASEMENT DU BIAFRA

En août 1966, les Biafrais envahirent le centre-ouest du Nigeria, arrivant à 160 km de la capitale Lagos, mais furent vite repoussés. Les troupes fédérales prirent Calabar en octobre et passèrent le fleuve Niger au début de l’année 1968. Le Biafra fut coupé de la mer après la chute d’Onitsha et de Port Harcourt, en mai 1968 ; les combats se poursuivirent pendant dix-huit mois, jusqu’en janvier 1970, bien que la cause sécessionniste fût rapidement condamnée par le blocus du pays ibo, imposé par le gouvernement fédéral. Ce blocus provoqua une famine épouvantable et probablement un million de morts.

Une chaîne de solidarité internationale s’organisa pour secourir les populations affamées du Biafra. La Tanzanie et la Zambie reconnurent diplomatiquement le Biafra en 1968, comme le firent le Gabon et la Côte d’Ivoire, à l’instigation de la France. Après la reddition finale des Biafrais, Gowon instaura une politique de réconciliation nationale, et la reconstruction fut favorisée par des revenus pétroliers en augmentation rapide. Les États africains, qui craignaient qu’une victoire biafraise ne déclenche des velléités sécessionnistes de la part d’autres ethnies du continent, accueillirent avec satisfaction ce retour au calme. En 1978, la relégalisation des partis politiques prouva que le processus de reconstruction avait convenablement fonctionné.

La guerre du Biafra posait de façon dramatique la question du devenir des jeunes pays africains : déchirés par des tensions ethniques dont les puissances coloniales avaient joué, soumis aux ambitions contradictoires des grandes puissances, ils se situaient dans une zone de transition démographique où le risque de guerre civile était aggravé par une misère endémique.

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