Biafra, république du

Biafra, république du, État constitué, en 1967, par l'ancienne région orientale de la république fédérale du Nigeria, peuplé en majorité par les Ibo, dont la sécession déclencha une guerre civile de trois ans.

Lorsque fut proclamée l'indépendance du Nigeria, en 1960, une fédération fut formée qui réunissait le Nord, islamisé depuis le XI^e siècle et peuplé par les Haoussa et les Peul, héritiers des grands royaumes commerçants de la savane, l'Ouest, habité par les Yoruba protestants, dont la prospérité, durant la période coloniale, était fondée sur l'huile de palme, et l'Est, peuplé par les Ibo chrétiens, où furent découverts les principaux gisements pétrolifères du pays. Les différences historiques entre ces régions avaient encore été accrues par la colonisation ; le pays ibo avait été soumis à une administration plus directe de la part des Britanniques tandis que les Haoussa-Peul bénéficiaient d'une administration indirecte qui renforça les structures traditionnelles du pouvoir.

Jusqu'en 1966, la fédération nigériane fut dominée politiquement par ces derniers, soutenus dans un premier temps par les Ibo. Cependant, en janvier 1966, un général ibo, Aguiyi Ironi, parvint au pouvoir grâce à un coup d'État au cours duquel les dirigeants des autres communautés furent assassinés. Sa mort, lors d'un second putsch, en juillet, déclencha le massacre de près de 30 000 Ibo. Les nouveaux gouvernants redécoupèrent le pays, séparant les champs pétrolifères du pays ibo. En mai 1967, l'ancienne région orientale, peuplée à 55 p. 100 d'Ibo et rassemblant 14 millions de Nigérians (sur un total de 56 millions), proclama son indépendance sous la direction du lieutenant-colonel Odumegwu Ojukwu. La fédération nigériane n'accepta pas cette sécession, qui la privait de ses principales richesses. La guerre civile qui s'engagea alors fut accompagnée, à partir de 1968, d'une terrible famine, l'armée fédérale bloquant les convois de l'aide humanitaire. L'émotion soulevée par cette situation fut vive dans les pays occidentaux mais leurs gouvernements étaient divisés. Si la Grande-Bretagne soutenait la fédération dont elle était l'instigatrice, suivie en cela par les États-Unis mais aussi par l'Union soviétique, liée au Nigeria par un accord de coopération, la France, dont les principaux intérêts économiques au Nigeria se trouvaient au Biafra, soutint les sécessionnistes, ainsi que la Chine, rivale de l'Union soviétique, la Côte d'Ivoire, le Gabon, la Tanzanie ou le Zimbabwe. Malgré la fourniture d'armes aux Biafrais, ceux-ci durent se rendre le 15 janvier 1970. Le nombre de victimes dues au conflit et à la famine au Biafra est estimé à un million de personnes. Le pouvoir du Nord fut conforté par la défaite des sécessionnistes.