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Boris Vian

Publié le 17/01/2022

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 « Allez, vilains forgeurs de pièces édifiantes, Hannetons lourds de vos vers blancs, tous décampez ! Car de l'esprit volant je ne suis que la fiente, Mais je tombe de haut tandis que vous rampez. «
 Le 23 juin 1959, un homme s'effondre dans les travées du cinéma Marbœuf. Venu assister à la première de J'irai cracher sur vos tombes, une adaptation de son roman, Boris Vian vient de succomber à une crise cardiaque. Une fin théâtrale, digne d'une existence légendaire. À la fois pilier des nuits de Saint- Germain-des-Prés, poète, trompettiste, ingénieur et antimilitariste, Boris Vian entre dans l'éternité comme un génial touche-à-tout, drôle et émouvant.
 Dilué dans de multiples rôles, il a paradoxalement essayé de révéler la vérité sur une époque, sur toute une génération d'artistes réfugiés dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. Sans doute parce que le •masque est parfois l'instrument privilégié de la vérité, il utilise plusieurs identités : une anagramme, Bison Ravi, et un pseudonyme, Vernon Sullivan. C'est sous le nom de Sullivan qu'il connaît la célébrité avec J'irai cracher sur vos tombes (1946), alors que les romans signés Boris Vian, notamment L'Écume des jours (1947), restent ignorés, sauf des pataphysiciens, mouvement artistique prônant l'humour décalé.
 J'irai cracher sur vos tombes attire l'attention avec son titre tapageur. La presse s'en empare alors qu'il fait déjà l'objet de poursuites judiciaires pour pornographie. C'est un énorme succès. Près de cinq cent
 mille exemplaires en quatorze mois. Vian-Sullivan traîne désormais avec lui la réputation d'auteur sulfureux. Il n'avoue en être l'auteur qu'en 1948; le roman est interdit en 1949.
 De toutes les activités de Vian, deux lui paraissaient essentielles : son travail de musicien et celui de romancier. Un concert donné par Duke Ellington lui révèle le jazz. Fou de trompette, il écrit avec son grand ami Henri Salvador les tout premiers rock'n'roll français en 1955.
 Âme de Saint-Germain-des-Prés dans les années 50, il symbolise le moment de gloire de ce quartier : dans les caves, on se retrouve entre amis, on danse sur des rythmes effrénés et Boris est de toutes les soirées. Il incarne cette génération : ce sont « les années Vian «. Anticonformiste, Vian reste viscéralement antimilitariste : le Déserteur, écrite à l'époque de la guerre d'Indochine, est devenue un classique de la chanson gauchiste. Cette veine provocatrice trouve un écho notamment chez Serge Gainsbourg.

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