Brazauskas, Algirdas

Brazauskas, Algirdas (1932- ), homme politique lituanien, président (1992-1998), puis Premier ministre de la Lituanie (2001- ).

Né à Rokiškis, une ville de Lituanie située à proximité de la frontière lettone, Algirdas Brazauskas est diplômé de l’Institut polytechnique de Kaunas (1956). Jeune étudiant, il est un membre actif de la Ligue de la jeunesse communiste (Komsomol). Il travaille d’abord comme ingénieur en travaux publics, puis, à partir de 1966, il entre dans l’appareil d’État et gravit les échelons de la hiérarchie communiste. En 1988, il accède au sommet du pays en devenant secrétaire général du Parti communiste de Lituanie.

Alors que les révolutions démocratiques de 1989 bouleversent l’Europe centrale et l’URSS, la Lituanie connaît son renouveau indépendantiste, conduit par Vytautas Landsbergis. Algirdas Brazauskas soutient le processus d’indépendance et, en décembre 1989, il amène son parti à rompre avec le Parti communiste de l’URSS. Cependant, en 1990, lors des premières élections libres en Lituanie depuis l’annexion soviétique en 1940, il est défait face aux indépendantistes.

Après que la Lituanie a officiellement obtenu son indépendance en septembre 1991, Algirdas Brazauskas est de nouveau candidat lors des élections législatives de 1992. Alors que la coalition sortante est affaiblie par des luttes politiques internes et par une grave crise économique due à l’interruption des liens commerciaux avec les ex-républiques soviétiques, l’ancien apparatchik remporte les premières élections de l’ère post-communiste, à la tête du Parti démocratique du travail lituanien (LDDP). Élu président du Parlement lituanien (le Seimas), il devient président de la République par intérim jusqu’à l’élection présidentielle, qu’il remporte, en février 1993.

Algirdas Brazauskas s’emploie à renforcer les relations économiques avec la Russie tout en réaffirmant sa volonté de ne pas adhérer à la Communauté des États indépendants (CEI) ; à l’instar des deux autres pays baltes, la Lettonie et l’Estonie, la Lituanie entend s’ancrer à l’Ouest et regarde vers l’Union européenne (UE). En août 1993, le président lituanien parvient à un accord avec le président russe Boris Eltsine sur le retrait des troupes russes du territoire lituanien. En septembre de la même année, il s’adresse à l’Assemblée générale des Nations unies et plaide pour les réformes démocratiques et l’intégration européenne.

En 1996, les accusations d’enrichissement illicite qui pèsent sur son Premier ministre Adolf Slezevicius plongent Algirdas Brazauskas dans un grave scandale politique. En dépit de ses tentatives pour désamorcer la crise (démission d’Adolf Slezevicius et tenue de nouvelles élections), le parti présidentiel est durement vaincu lors du scrutin de 1996. En 1998, au terme de son mandat, le président lituanien renonce à un second mandat. Il cède la place à Valdas Adamkus, ancien réfugié politique tout juste rentré de cinquante années d’exil aux États-Unis.

Personnalité populaire, Algirdas Brazauskas demeure une figure incontournable du pays. Alors que la Lituanie est de nouveau confrontée à une crise politique, il est appelé à la direction du gouvernement en juillet 2001, à la tête d’une coalition social-démocrate. Il s’engage à accélérer les réformes nécessaires à l’entrée du pays dans l’OTAN et dans l’Union européenne, tout en mettant l’accent sur les programmes sociaux — 17 p. 100 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’adhésion de la Lituanie à l’OTAN est effective le 29 mars 2004 et celle à l’Union européenne le 1^er mai 2004, et Algirdas Brazauskas est reconduit dans ses fonctions à l’issue des élections législatives d’octobre 2004.