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bronze, âge du

Publié le 29/01/2013

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1   PRÉSENTATION

bronze, âge du, période de la protohistoire correspondant à l'invention de la métallurgie, notamment du bronze, alliage de cuivre et d'étain, destiné à la fabrication d'outils, d'armes, de bijoux et d'objets divers. En Europe, l'âge du bronze débute à la fin du IIIe millénaire av. J.-C. et s'achève autour de 800 av. J.-C. Il succède au néolithique et précède l'âge du fer.

2   PÉRIODE CHALCOLITHIQUE

Le chalcolithique (du grec khalkos, « cuivre «, et lithos, « pierre «) est la période de transition entre le néolithique et l'âge du bronze. Correspondant à l'apparition de la métallurgie du cuivre dans les cultures néolithiques du Proche-Orient et du sud-est de l'Europe aux Ve et IVe millénaires av. J.-C., il est parfois appelé âge du cuivre. Il a marqué une évolution sociale et technologique avec l'apparition du commerce, la construction de mégalithes, le développement des cultes funéraires, les migrations de populations causées vraisemblablement par l'évolution climatique et l'essor démographique dû à la maîtrise de l'agriculture au néolithique, et surtout avec l’arrivée de la métallurgie qui permet de fabriquer des armes et des outils de plus en plus solides.

Le cuivre natif est utilisé dès le VIIe millénaire av. J.-C. au Proche-Orient pour fabriquer de petits outils et des parures. Mais ce matériau est trop mou et cassant pour être véritablement travaillé. Il peut être frappé à froid pour produire des outils frustes ou encore être fondu puis coulé dans un moule. Le cuivre est un matériau précieux, car les techniques métallurgiques en sont à leurs balbutiements et les gisements connus ne sont pas très nombreux. Le minerai doit être extrait de la mine, puis porté à haute température, environ 800 °C, dans des fours utilisés pour la cuisson de la poterie, afin d'en libérer le métal qu'il faut ensuite frapper avec un marteau de même dureté si on veut le purifier. Le moulage du cuivre a permis la fabrication d'objets plus grands et plus massifs, des armes notamment. Des creusets et des scories ont été découverts en Iran (Ve millénaire av. J.-C.) et dans les Balkans (IVe millénaire av. J.-C.). Les plus anciennes mines connues en Europe sont celles de Rudna Glava en Serbie, et d'Aï Bunar en Bulgarie, utilisées dès 4500 av. J.-C. Elles comportaient des puits profonds de plus de 20 m qui suivaient les filons de malachite (voir azurite). D'importants réseaux commerciaux se sont mis en place à partir des régions productrices (Caucase, Méditerranée orientale, Oman, Afghanistan, Europe centrale, sud de la France, Espagne, îles Britanniques) vers le reste de l'Europe, la péninsule Arabique et l'Asie centrale.

Le chalcolithique moyen est associé à la culture des gobelets en entonnoir à haut col évasé (ou TRBK), avec la présence d'objets en cuivre (parures, armes, outils) ; il est présent dans toute la partie nord de l'Europe. Le chalcolithique récent est, quant à lui, marqué par l'apparition de la céramique cordée — vases décorés d'impressions de cordelettes. Originaire d'Europe du Nord, il s'est étendu de l'Ukraine à l'est de la France, et de la Suisse à la Pologne. Les morts étaient enterrés en position fœtale, sur le côté gauche pour les femmes et sur le côté droit pour les hommes, sous des tertres, avec de la céramique, des outils en pierre ou en os, et, pour les hommes, des haches de combat en pierre polie très élaborées. C'est dans leurs habitats qu'ont été trouvés des objets de cuivre.

L'autre grande culture européenne à l'origine de l'âge du bronze est celle des gobelets campaniformes (en forme de cloche renversée). Elle s’est répandue à partir du Caucase dans toute l'Europe centrale et occidentale, et jusqu'aux côtes de l'Afrique du Nord. Elle est connue principalement par ses sépultures. L'inhumation était similaire à celle pratiquée par la culture des Cordés, antérieure et contemporaine, mais les corps étaient accompagnés de parures en feuilles d'or et d'électrum, et de poignards triangulaires en cuivre. L'importante et complexe civilisation d'Unetice qui lui a succédé, située près de Prague et voisine de riches gisements d'étain, ouvre l'âge du bronze proprement dit (fin du IIIe millénaire).

2.1   Travail du bronze

De faibles concentrations d'éléments comme l'arsenic sont parfois présentes naturellement dans les gisements de cuivre, et facilitent le coulage du métal et son durcissement. Mais c'est en ajoutant 10 à 15 p. 100 d'étain au cuivre qu'un alliage bien plus dur, le bronze, a été créé : facile à couler (d'une plus grande fluidité), il pouvait être moulé et aussi aiguisé afin d'obtenir un tranchant résistant et réaffûtable, tandis que les outils usés ou cassés pouvaient être refondus et moulés à nouveau. La plupart des objets en bronze (épées, pointes de lances, haches, couteaux, épingles et broches) étaient obtenus par moulage. D'autres objets comme les boucliers étaient fabriqués à partir de feuilles de métal mises en forme au marteau.

La métallurgie du bronze s’est développée dans l'ouest de l'Asie au cours du IVe millénaire av. J.-C. et dans l'Ancien Monde (Europe, Afrique, Asie) vers la fin du IIIe millénaire. Elle a vraisemblablement été découverte dans l'est de l'Asie, en 2000 av. J.-C. d'une façon autonome. La technique de la fonte à la cire perdue est apparue vers 3200 av. J.-C. en Mésopotamie. Les moules en terre cuite utilisés pour cette technique étaient brisés afin de libérer l'objet. Le bronze a remplacé le cuivre à l'arsenic au Proche-Orient à la fin du IIIe millénaire probablement grâce à l'importation d'étain des îles Scilly en Cornouailles (îles Cassitérides pour les Anciens).

On a découvert récemment une civilisation de l'âge du bronze datant de la fin du IIIe et du début du IIe millénaire av. J.-C. — donc contemporaine des civilisations de la Mésopotamie, de l'Égypte, de la Chine et de la vallée de l'Indus —, originaire de Bactriane, une région de steppe semi-désertique du nord de l'Afghanistan. On avait cru jusque-là que cette partie de l'Asie centrale était restée inhabitée pendant l'âge du bronze, mais, au milieu des années soixante-dix, une importante quantité d'objets en bronze, or, argent et métaux semi-précieux est apparue sur le marché des antiquités. Ces objets, pillés par des villageois dans des sépultures du sud de la Bactriane, comportaient entre autres des sceaux, des vases de pierre et de métal, de la poterie et une collection impressionnante de ferronnerie, des objets ornementaux pour la plupart, dont des figurines zoomorphes, de magnifiques haches décorées d'animaux et de grandes épingles à têtes d'animaux ou de formes géométriques. Des recherches entreprises par la suite ont mené à la découverte de nombreux sites dont le plus important, l'ensemble architectural de l'oasis de Dashly, abritait deux constructions principales : une importante zone rectangulaire cloisonnée (le « palais «) et un édifice circulaire (le « temple «) comportant neuf tours, sans doute utilisées à des fins défensives.

La Bactriane contrôlait le trafic commercial entre l'Asie et l'Europe, à l'instar des autres civilisations florissantes de l'âge du bronze, et elle est parvenue à amasser d'importantes quantités de biens en contrôlant leur circulation.

2.2   Europe

En Europe, l'âge du bronze est subdivisé en trois périodes qui restent sujettes à discussion et ne se sont pas toujours développées dans le même temps : bronze ancien (1800-1500 av. J.-C.), bronze moyen (1500-1200 av. J.-C.), bronze final (1200-800 av. J.-C.).

2.2.1   Commerce et prestige

Les gisements d'étain étant encore plus rares que ceux de cuivre, ils étaient très recherchés et l'étain était commercialisé très loin de son lieu d'origine. Les principaux gisements se trouvaient en Anatolie ainsi que dans l'ouest (Cornouaille) et le sud-ouest de l'Europe (Galice). La généralisation de l'utilisation du bronze a entraîné des changements économiques et sociaux, avec l'apparition de prospecteurs, de mineurs et de commerce à longue distance de lingots de métal (morceaux de métal de taille et de poids standard, pouvant être fondus et moulés, ou utilisés dans les échanges commerciaux). On pense qu'ils préfigurent la monnaie. Au bronze moyen se sont multipliés les dépôts de haches en bronze, interprétés suivant le contexte comme des offrandes ou des stocks de matières échangeables, surtout quand il s'agit d'objets de mauvaise facture comme les lots de centaines de haches armoricaines réalisées dans un alliage médiocre, totalement inutilisables. Des centres artisanaux et des colonies fortifiées se sont créés le long des voies commerciales. L'administration de ce commerce a conféré un statut social et un pouvoir économique et politique considérables à ceux qui le contrôlaient, comme cela a été le cas, par exemple, des chefs guerriers de la civilisation de Wessex dans le sud de l'Angleterre, et des « princes du métal « armoricains dont la civilisation, aux tombes à riche mobilier, s'est développée autour des sanctuaires d'Avebury et de Stonehenge.

La meilleure démonstration de l'ampleur véritable du commerce de l’âge du bronze nous est donnée par les vestiges d'un navire naufragé au large du cap Uluburun, dans le sud de la Turquie, au XIVe siècle av. J.-C. Ce navire transportait une importante cargaison de cuivre, d'autres matières premières et une collection remarquable d'objets. Il venait vraisemblablement de Chypre et voguait vers la mer Égée lorsqu'il sombra. Il a été découvert en 1982 et les fouilles ont débuté en 1984.

Le gros de la cargaison consistait en plus de 250 lingots de cuivre rectangulaires. Des analyses ont permis de déterminer que le cuivre provenait de Chypre (dont le nom, en grec, signifie cuivre). Le navire transportait également des lingots d'étain, peut-être en provenance d'Afghanistan, et des matières premières plus rares comme des lingots de verre bleu que les Mycéniens utilisaient pour la fabrication de bijoux. D'après des tablettes rédigées en linéaire B, la tonne de résine de térébinthe découverte dans le navire servait à fabriquer du parfum, les rondins d'ébène d'Égypte des meubles, et les défenses d'éléphants et d'hippopotames des objets en ivoire.

Parmi les matériaux organiques, on a retrouvé dans l'épave des restes de glands, amandes, figues, olives et grenades. On ne sait pas exactement s'ils étaient destinés à la vente ou à la consommation personnelle des marins. Certains objets en céramique étaient sûrement utilisés à bord, mais il y avait aussi une immense jarre dans laquelle un lot de poteries chypriotes avait été soigneusement emballé. Des bijoux en or et en argent, des outils et des armes en bronze ont été également dégagés de l'épave. Il semble vain de rechercher la nationalité du navire puisqu'il renfermait des objets de provenance très variée — Mycènes, Chypre, Canaan, Mésopotamie, Égypte et Assyrie — ainsi que les effets personnels de l'équipage, tout aussi cosmopolite.

Des études récentes ont démontré que les outils et les armes en bronze n'étaient pas plus tranchants que leurs ancêtres en silex. Mais ils étaient recyclables et plus durs. Le bronze a vraisemblablement été aussi adopté en raison du statut social qu'il conférait : non seulement c'était un matériau assez rare (donc cher), mais son aspect doré et brillant en faisait un métal idéal pour les ornements. Tout comme l'or, il permettait d'afficher la puissance et la richesse d'un individu, et était très apprécié sous la forme de bijoux et d'ornements. Il a contribué également à la décoration des armes et à la fabrication de nombreux outils. C'est d'ailleurs à l'âge du bronze que la métallurgie de l'or a pris un essor considérable.

2.2.2   Art et spiritualité

L'âge du bronze prolonge certains traits néolithiques comme le mégalithisme. La dernière phase d'aménagement de Stonehenge a eu lieu à cette époque. Mais le changement est manifeste. Les immenses tertres funéraires armoricains, autrefois sépultures collectives, étaient réservés, à la fin du IIIe millénaire, aux premiers « princes du métal «. La tradition des statues-menhirs (1 à 4 m de hauteur) a perduré et s’est développée en Armorique, en Espagne, dans le sud de la France, le nord de l'Italie, en Corse et en Sardaigne, mais, parmi ceux qui ont des formes humaines, les figures féminines ont été remplacées par des figures masculines.

Les gravures rupestres exécutées par piquetage de la roche étaient largement répandues. Les ensembles les plus impressionnants se trouvent en plein air, dans les Alpes et en Scandinavie. Le motif le plus fréquent était la cupule, dont le sens nous échappe. Le mont Bego, en France, et le Val Camonica, en Italie, totalisent chacun plus de 100 000 gravures : figures animales, anthropomorphes et géométriques, armes, isolées ou associées, formant parfois des scènes énigmatiques (voir vallée des Merveilles). On y voit une expression religieuse rattachée au culte du dieu-taureau, culte néolithique qui gagnait en importance, et à celui du Soleil qui s’est largement répandu à l'âge du bronze, en Europe et au Proche-Orient.

En Scandinavie, scènes et motifs sont plus nettement en relation avec un culte de la fertilité. Bateaux, chars et scènes de danse seraient liés au culte solaire. La Scandinavie s’est révélée être une région particulièrement intéressante pendant l'âge du bronze. Malgré sa pauvreté en gisements de métaux, elle a connu une révolution culturelle en important le cuivre et l'étain et en exportant vraisemblablement de l'ambre baltique en échange. Les artisans locaux travaillaient le bronze avec habileté comme le montre le nombre considérable d'objets en bronze — lances, haches, lurs (instruments de musique) et énormes cornes — jetés en offrandes dans les marais.

Le chariot solaire du marais de Trundholm — petit chariot de bronze à six roues de quatre rayons (signe du soleil) surmonté d'un cheval tirant un disque plaqué d'or — est un des vestiges marquants de l'âge du bronze. L'eau était également vénérée. De nombreuses offrandes animales et beaucoup d'objets — armes, lingots, bijoux — ont été retrouvés dans les cours d'eau, souvent à l'emplacement des gués, dans les marais et dans des puits profonds creusés plus bas que la nappe phréatique. Le culte de l'eau pourrait alors être associé à celui de divinités souterraines.

Indice de la prolifération des groupes culturels de l'âge du bronze, les pratiques funéraires étaient très diverses : incinération ou inhumation en position fléchie ou allongée, en tombe plate ou sous tumulus, sur la terre, dans des fosses, des coffres de pierre, des chambres funéraires de bois ou encore en cercueil. Au sud-est de la péninsule Ibérique, les peuples de la culture d'El Argar, métallurgistes et agriculteurs, déposaient leurs morts décharnés dans de grandes jarres enterrées sous les maisons. La civilisation des Tumulus a connu une expansion considérable au bronze moyen en Europe centrale, de la Baltique aux Alpes, de part et d'autre du Rhin. Au bronze final, l'incinération s’est systématisée. Les nécropoles, appelées « champs d'urnes «, étaient constituées de fosses abritant des urnes contenant les cendres des morts, des offrandes alimentaires, des parures, des armes.

Après avoir attribué ces phénomènes à des migrations successives d'est en ouest, on pense à présent qu'ils sont dus à la circulation des idées, à une évolution commune de la spiritualité. Il existe d'ailleurs deux constantes : la présence d'offrandes et d'objets personnels auprès des morts et l'individualisation des sépultures. Cette individualisation est mise en rapport avec la hiérarchisation constante de la société et l'émergence de chefs de guerre contrôlant la production, la fabrication et le commerce du métal. La civilisation mycénienne en est un exemple typique. Elle a dominé le monde égéen au cours du IIe millénaire (voir civilisation égéenne). Ses chefs étaient enterrés avec leurs armes d'apparat, leurs bijoux et autres objets précieux, dans de somptueuses sépultures, et arboraient des masques funéraires en or. Les cités mycéniennes possédaient d'impressionnants remparts, construits en énormes blocs de pierre aux formes irrégulières (un style de construction appelé cyclopéen).

2.2.3   Vie quotidienne

À l'inverse des maisons néolithiques, celles de l'âge du bronze ont des dimensions réduites — moins de 5 m de large sur 5 à 10 m de long. Selon les ressources locales, elles étaient faites en pierre sèche, en bois, en clayonnage enduit de torchis. Les villages étaient clos de haies, fossés, palissades, talus ou murs. En Europe occidentale, ils reflètent le sentiment d'insécurité et la nécessité de défense qui régnaient alors dans un monde en mouvement traversé par des migrations et la présence d'armes plus meurtrières. À la fin de l'âge du bronze, les villages perchés fortifiés se sont multipliés. Le mode de vie agricole établi pendant la période néolithique a persisté. Le labourage était fait à l'araire comme en témoignent les marques typiques de labours croisés sous certains tumulus. Le mouvement de déforestation s’est accru et l'agriculture a progressé, ce qui a entraîné par endroit l'érosion des sols. À Chypre, par exemple, la déforestation, l'agriculture intensive et l'élevage ont contribué à l'appauvrissement du sol sur les versants des collines au début de l'âge du bronze et provoqué un rapide dépôt de sédiments le long des vallées côtières.

Comme en témoignent les fouilles faites au pied du Vésuve (Italie) en 2001-2002, l’alimentation était alors riche et variée. Blé, orge, millet, avoine, légumineuses étaient cultivés. De nouvelles espèces sont apparues. Fruits et plantes sauvages étaient de moins en moins consommés au profit de plantes sélectionnées. Viande, œufs, fromages fournis par les animaux domestiques étaient accompagnés par les produits de la chasse, de la pêche et les coquillages dont les amas de coquilles vides (midden en Angleterre, kjökkenmödding au Danemark) ponctuent encore les rivages. L'humidité constante qui régnait dans certaines tombes nordiques a permis la conservation de vêtements de laine : tuniques, manteau et bonnet pour les hommes, tuniques et jupes pour les femmes. Les sites lacustres ou palafittes — sites littoraux aujourd'hui recouverts par l'eau —, notamment ceux du Jura, ont aussi livré une foison d'objets en matières organiques apportant de précieuses informations sur l'alimentation — graines, fruits — et l'artisanat de l'âge du bronze — vannerie, tissage, travail du bois. Leur abandon, dû à des causes complexes autour de 800 av. J.-C., est l'un des marqueurs de la fin de l'âge du bronze.

2.3   Asie du Sud-Est

Le plus ancien objet en cuivre découvert en Chine est un couteau exhumé dans la région du Gansu et daté d'environ 3000 av. J.-C. C'est dans cette même région que semble commencer la métallurgie du bronze à la fin du IIIe millénaire, dans les cultures Machang et Qijia. La civilisation dominante de l'âge du bronze en Asie du Sud-Est, et la première à avoir connu un tel développement dans cette région, est celle de la dynastie Shang (XVIIe-Xe siècle av. J.-C.), qui a produit certains des plus beaux bronzes du monde, sans doute à la demande et sous le ferme contrôle d'une riche aristocratie. Les Shang ont fabriqué des récipients cultuels en bronze, extrêmement perfectionnés, ornés de dessins d'animaux, de génies à têtes de monstres et de motifs abstraits.

2.3.1   Techniques de moulage

L'industrie du bronze a débuté en Chine au début du IIe millénaire av. J.-C., au moyen d'une technique de moulage totalement novatrice. Au lieu d'utiliser un moule d'une seule pièce, les Chinois ont développé un système de moules à plusieurs pièces obtenus à partir d'un modèle en argile de l'objet à mouler ; le modèle interne était retiré avant le coulage du bronze et les pièces formant le moule étaient maintenues à un certain intervalle d'un noyau central à l'aide de graviers, afin que le métal fondu puisse s'infiltrer entre le moule et le noyau. Cette technique permettait une très grande précision du décor. Les premiers objets à être moulés ainsi sont des récipients en bronze, devenus caractéristiques de la civilisation des Shang. Pendant ce temps, des traditions régionales de coulage du bronze ont émergé à la périphérie de cette nouvelle culture, utilisant souvent des moules à deux pièces en pierre, comprenant toute une variété d'objets.

2.3.2   Culture Shang

La production de récipients en bronze pendant la période des Shang a constitué une importante industrie qui a nécessité une division considérable du travail pour l'extraction du cuivre et de l'étain, la fabrication des moules, la fonte et le moulage des récipients, ainsi que la distribution des objets aux membres de l'élite. Ces récipients étaient fabriqués à grande échelle, à la fois en nombre et en taille. On a retrouvé, par exemple, dans la tombe de Fu Hao, une épouse de roi Shang, plus de 400 récipients de bronze, de formes très diverses et de différentes époques.

La culture des Shang a produit aussi une quantité considérable d'armes en bronze : les premiers types de hallebarde comportant des incrustations de turquoise sur les manches font partie des objets les plus extraordinaires de cette période. Les haches des bourreaux étaient parfois décorées avec les mâchoires ouvertes d'un animal, l'emblème du clan des bourreaux étant la représentation sur leurs armes d'un décapité.

2.3.3   Autres cultures

À l'opposé, plusieurs cultures régionales à la périphérie du continent chinois ont développé des techniques fort différentes de travail du bronze à partir de la fin du IIe et du début du Ier millénaire av. J.-C. La civilisation des montagnes du sud-est de la Chine soutenait une industrie produisant des instruments de musique en bronze, dont différents types de cloches. Certaines cloches étaient fabriquées en tonalités successives puis fixées ensemble à des supports ; quelques-uns de ces ensembles ont été dégagés des sépultures des membres de la classe dominante. Dans cette région, le bronze était aussi utilisé pour la fabrication d'outils agricoles, une utilisation profane de ce métal jamais observée dans la région nord de la dynastie Shang.

Dans le bassin du Sichuan, dans le Sud-Est, on a retrouvé des sculptures creuses en bronze, anthropomorphes ou zoomorphes, et présentant des motifs très élaborés, produites à l'époque de la dynastie Shang, vers 1500 av. J.-C. La plus grande sculpture humaine est un personnage extrêmement stylisé, mesurant près de 1 m de haut.

Les régions de steppe du Nord ont abrité une civilisation qui a travaillé le bronze et dont la production se caractérise par la fabrication d'outils, d'ornements personnels et de miroirs. Les outils et les ornements étaient principalement décorés de motifs d'animaux, les manches des couteaux prenant, par exemple, la forme d'une tête de mouton ou de bélier, tandis que des combats d'animaux étaient représentés sur des plaques. L’apogée de ce style d'art animalier se situe au cours des derniers siècles du Ier millénaire av. J.-C., contemporain de l'apogée de la production de miroirs de style nordique dans la péninsule coréenne. Il est intéressant de noter que les miroirs de l'âge du bronze coréen comportent des motifs géométriques aux traits fins ou grossiers selon les modèles. Le miroir était pour cette civilisation un symbole du Soleil, un culte radicalement différent de celui des récipients rituels des civilisations du centre de la Chine.

En Afrique, au sud du Sahara, la civilisation du chalcolithique s'est développée en Mauritanie au début du Ier millénaire av. J.-C. et semble s'être cantonnée à cette latitude, avant de gagner les pays du golfe de Guinée. Le bronze a surtout été utilisé pour la fabrication d'objets à la cire perdue. Il est vrai que, contrairement aux autres régions d'Europe et d'Asie, le bronze avait été précédé par la métallurgie du fer, beaucoup plus utile.

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