Bundeswehr
Publié le 04/04/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Bundeswehr, nom donné aux forces armées de la République fédérale d’Allemagne (RFA) à partir de 1956, et porté depuis la réunification par l’armée allemande.
2 | UNE ARMÉE EN RUPTURE AVEC LE MILITARISME PRUSSIEN ET À L’ACTION LIMITÉE |
La République fédérale d’Allemagne, qui a été complètement démilitarisée après la Seconde Guerre mondiale, est autorisée en 1955 par les puissances occidentales victorieuses — dans le cadre de la guerre froide — à mettre sur pied sa propre armée. La RFA rejoint l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et adhère à l’Union de l’Europe occidentale (UEO). Pour ce faire, la Loi fondamentale est modifiée (26 mars 1954 et 19 mars 1956) et la Bundeswehr est fondée en 1956 avec la particularité de ne pas avoir d’état-major national : elle est entièrement intégrée à l’Alliance atlantique. C’est à l’origine une armée de métier, mais très vite un service militaire est instauré pour tous les citoyens mâles, qui peuvent faire un service civil à la place. La Bundeswehr, qui veut marquer sa distinction radicale avec le passé de l’armée allemande incarné par la Wehrmacht, se définit comme une armée de « citoyens en uniforme «, démocratique. Ainsi les militaires peuvent se syndiquer, dans les rangs du Bundeswehr-Verband, voter et se présenter aux élections.
L’autorité suprême sur les forces armées appartient en temps de paix au ministre de la Défense. En cas de conflit, elle revient au chancelier. Aujourd’hui, la Bundeswehr est constituée pour moitié d’appelés et pour moitié de volontaires du service prolongé et d’engagés. Depuis la réduction de ses effectifs dans les années 1990, elle dispose en temps de paix de près de 340 000 hommes (quasiment comme la France dont les effectifs sont de 350 000 hommes). Le service militaire dure 10 mois, mais chaque année 160 000 objecteurs de conscience choisissent de faire un service civil, chiffre important qui témoigne lui aussi d’une volonté de rupture avec le passé militaire. L’engagement de soldats de la Bundeswehr en dehors du territoire fédéral est en principe anticonstitutionnel s’il ne relève pas de la défense nationale ou s’il ne se déroule pas dans la zone de l’OTAN.
3 | UNE ARMÉE DE L’OTAN PARMI D’AUTRES : LA FIN DU PARTICULARISME ALLEMAND |
Au milieu des années 1990, le gouvernement allemand, à la suite d’une demande des Alliés à laquelle il souscrit, décide d’ouvrir la voie à la participation de la Bundeswehr à des missions de maintien de la paix, et ce, en contradiction avec les dispositions constitutionnelles et malgré une opposition politique considérable du SPD et des Verts. Pendant la guerre en ex-Yougoslavie, des soldats allemands participent ainsi à des missions militaires pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, en juillet 1994, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe rend un jugement historique : elle juge conforme à la Constitution la participation de soldats allemands à des missions militaires menées par l’ONU, y compris en dehors du territoire de l’OTAN, et nécessitant même un recours à la force. Un consensus se forme peu à peu, et en juin 1995 le Bundestag vote l’engagement militaire de l’armée allemande en Bosnie. Fin mars 1999, lors du début de l'intervention de l'OTAN en Serbie, la Bundeswehr participe pour la première fois depuis 1945 à une mission militaire, sous l'autorité du ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer. En novembre 2001, le Bundestag approuve la « mise à disposition « de 3 900 soldats allemands pour participer à l’opération « Liberté immuable « menée par les États-Unis en Afghanistan, dans le cadre de la riposte aux attentats perpétrés sur le sol américain deux mois auparavant. Une étape supplémentaire est franchie puisque pour la première fois, la Bundeswehr s’apprête à participer à des opérations militaires en dehors de l’OTAN.
Après la décision de passer à une armée de métier prise par la France en 1996, l’Allemagne est animée de discussions vives et récurrentes sur le service militaire et la composition de la Bundeswehr. Mais face à des scandales tels que celui de l’affaire Manfred Roeder, condamné en 1982 à treize ans de prison en tant que dirigeant d’un groupe d’extrême droite coupable d’agressions contre des étrangers, et autorisé début 1995 à faire un discours dans une école d’officiers, beaucoup considèrent que le service militaire obligatoire est le garant de l’enracinement démocratique de la Bundeswehr. Jugés trop coûteux, les effectifs de la Bundeswehr devraient toutefois être réduits à 250 000 hommes d’ici à 2010.