Caouette, Réal

 (1917-1976), homme politique canadien, leader des créditistes québécois.

Né à proximité d’Amos, dans le comté de l’Abitibi, Joseph-David-Réal Caouette grandit dans le rude milieu des colons-défricheurs québécois, au bord de la rivière Harricana. Installé avec sa famille à Amos dès 1921, il y fait sa scolarité avant d’entreprendre des études de commerce à Hull, puis à Victoriaville. En 1939, il rejoint le mouvement du Crédit social qui, sur fond de grande dépression, bénéficie dans ces années 1930 d’une adhésion considérable dans la province agricole de l’Alberta. En 1944, il participe à la création de l’Union des électeurs (UDE) et, deux ans plus tard, il est le seul candidat de sa formation à être élu lors d’un scrutin fédéral.

Se revendiquant proche des « gens ordinaires «, Réal Caouette trouve un écho favorable auprès de ceux qui ne se reconnaissent pas dans les partis traditionnels (libéral et conservateur) et les institutions financières. Dès ses débuts en politique, il sillonne les villages de sa région avec femme et enfants pour propager avec zèle une théorie monétaire censée remédier aux conséquences du capitalisme. Il fait du porte-à-porte pour rencontrer les électeurs et, orateur charismatique et fougueux, il utilise aussi les ondes de la télévision régionale pour répandre un discours efficace et teinté de populisme.

Réal Caouette connaît un tournant favorable dans sa carrière politique lors des élections fédérales de 1962. Après avoir rallié le Parti du Crédit social du Canada en 1961, il est promu sur la scène politique canadienne grâce à la percée que réalisent les créditistes au Québec lors de ce scrutin — lui-même est élu à la Chambre des communes et conservera son siège de député jusqu’à la fin de sa vie. Alors que les créditistes se divisent au niveau national dès 1963, Réal Caouette et son Ralliement des créditistes continuent de bénéficier d’une certaine popularité au Québec tout au long des années 1960, surtout dans les régions rurales et les petits centres urbains, auprès des électeurs de la droite traditionnelle. Fédéraliste convaincu, il s’oppose fortement à l’indépendance du Québec et milite pour le bilinguisme officiel.

En 1971, après le regroupement des créditistes au niveau national, il prend la direction du Parti du Crédit social du Canada, mais les dissensions internes perdurent, tandis que les créditistes québécois voient leur électorat nationaliste rejoindre le camp du nouveau Parti québécois. La popularité du parti décline, de même que la santé de son leader, qui dirige sa dernière campagne électorale en 1974. À partir de 1980, les créditistes ne sont plus représentés au Parlement avant de disparaître dans les années 1990.

Réal Caouette doit sa popularité et sa postérité à sa fougue et à son franc-parler, même s’ils lui attirent de nombreux détracteurs, ainsi qu’à son discours populiste. Il a également ouvert une brèche sur l’échiquier politique bipartite du Québec, que se partageaient jusque-là conservateurs et libéraux.