Charles VIII

Charles VIII (1470-1498), roi de France (1483-1498).

Roi cultivé, épris des idéaux chevaleresques et excellent gestionnaire de son royaume, Charles VIII de Valois a rêvé d’un grand dessein italien que sa mort prématurée (à l’âge de 27 ans) ne lui a permis d’accomplir.

Né à Amboise, fils du roi Louis XI et de Charlotte de Savoie, Charles de Savoie est âgé de 13 ans lorsqu’il accède au trône de France, en août 1483. Le 14 mai 1484, le nouveau roi est sacré sous le nom de Charles VIII. Pendant sa minorité (1483-1491), la régence est conjointement assurée par sa sœur Anne de France (sœur aînée du roi) et son époux, Pierre de Beaujeu. Cette période est marquée par l’opposition des grands seigneurs féodaux. Ainsi, Louis d’Orléans (futur Louis XII), écarté de la régence par la princesse de sang aux états généraux de 1484, forme dès l’année suivante une ligue contestataire à laquelle adhère notamment le duc de Bretagne. La révolte, dite Guerre folle, se prolonge jusqu’en 1488, date à laquelle Louis d’Orléans est mis en déroute à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier.

Conformément au traité du Verger qui met fin à la rébellion (19 août 1488), le duc François II de Bretagne doit soumettre à l’approbation royale le mariage de sa fille. Or Anne de France désapprouve l’union de cette dernière avec un prince autrichien et, rêvant au rattachement de la Bretagne à la couronne, impose une alliance entre la duchesse et le roi de France. Le 6 décembre 1491 est donc célébré au château de Langeais le mariage de Charles VIII avec Anne de Bretagne, union qui arrime le duché à la France — le rattachement officiel date d’août 1532. Depuis cette année 1491 pourtant, Charles VIII, déclaré majeur, règne de plein droit.

Charles VIII règne personnellement sur son royaume, assiste aux conseils et gouverne en accord avec les parlements. Par l’ordonnance du 2 août 1497, il crée le Grand Conseil, instance judiciaire suprême. Conscient des disparités fiscales depuis les doléances des états généraux convoqués sous la régence de sa sœur, il cherche à mieux répartir l’imposition en entamant (vainement) une réforme de l’assise de la taille. Dans le domaine des arts, Charles VIII pensionne plusieurs artistes tels que l’enlumineur Jean Bourdichon.

En 1494, convaincu par ses conseillers de faire valoir les droits de la maison d’Anjou, Charles VIII entreprend une expédition vers le royaume de Naples. Le roi de Naples étant en théorie également roi de Jérusalem, Charles VIII déclare que cette campagne est l’ultime croisade devant conduire à la reconquête de Jérusalem. En septembre 1494, il franchit les Alpes avec une armée de 30 000 hommes ; ainsi débutent les guerres d’Italie. Après le passage de la Ligurie, il entre en triomphateur dans Pise et Florence (novembre). Le 31 décembre, il est à Rome puis à Naples qu’il reprend aux Aragonais le 22 février 1495. Face à la menace, les États italiens se coalisent, aidés du roi Ferdinand II d’Aragon et de l’empereur Maximilien I^er. Charles VIII doit battre en retraite. Sur le chemin du retour, il affronte les troupes du marquis de Mantoue lors de la bataille de Fornoue (6 juillet 1495) avant de regagner son royaume. Malgré l’échec de l’expédition de Charles VIII, la France qui vient de découvrir la culture et les arts de la Péninsule commence à s’ouvrir à la Renaissance italienne.

Alors qu’il s’apprête à entreprendre une nouvelle campagne en Italie, Charles VIII meurt accidentellement, après avoir heurté une porte basse au château d’Amboise. Souverain sans héritier (aucun des quatre enfants qu’il a eus avec Anne de Bretagne ne lui a survécu), avec lui disparaît la lignée des Valois directs. Son cousin Louis d’Orléans lui succède sous le nom de Louis XII.