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Chávez, Hugo

Publié le 06/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Chávez, Hugo (1954- ), ancien militaire élu président du Venezuela en 1998 et réélu en 2000 et 2006.

2   L’ANCIEN PUTSCHISTE

Né à Sabaneta, Hugo Rafael Frías Chávez fréquente l’Académie militaire du Venezuela d’où il sort diplômé en 1975 avec le titre de sous-lieutenant. En 1982, il fonde le Mouvement bolivarien révolutionnaire (MBR), mouvement nationaliste clandestin conçu pour devenir le noyau d’une vaste lutte contre la corruption régnant dans le monde politique et économique. Il progresse dans les rangs de l’armée et devient colonel de parachutistes en 1991.

En février 1992, il tente un putsch contre Carlos Andrés Pérez, accusé de présider un régime corrompu et de gaspiller les vastes richesses pétrolières du pays. Il est emprisonné à l’issue de cette tentative, qui se solde par la mort de 18 personnes. Alors qu’il revêt une figure de héros aux yeux d’une population lésée par la corruption, des membres du MBR tentent un nouveau coup d’État dès le mois de novembre de la même année. Ce dernier se conclut une fois de plus par un échec. À la faveur d’une amnistie générale du président Rafael Caldera Rodríguez, Hugo Chávez est libéré en 1994, et mis à la retraite militaire.

3   LE FONDATEUR DU MOUVEMENT VE RÉPUBLIQUE

En juillet 1997, Hugo Chávez fonde le parti Mouvement Ve République (MVR) et l’intègre à une coalition de partis de gauche, le Pôle patriotique, dont il devient le candidat à l’élection présidentielle du 6 décembre 1998. Il axe son programme électoral sur la lutte contre la corruption et la pauvreté, en proposant des mesures radicales de réforme de la Constitution et de redistribution des richesses pétrolières. Jouissant d’une grande popularité, en particulier auprès des milieux les plus défavorisés, l’ancien putschiste est démocratiquement élu à la présidence du pays avec 56 p. 100 des suffrages.

4   LE PRÉSIDENT DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE BOLIVARIENNE DU VENEZUELA

Investi le 2 février 1999, Hugo Chávez annonce le début du « processus révolutionnaire démocratique et pacifique «. Face à un Parlement (le Congrès national) dominé par les partis traditionnels et opposé à sa réforme constitutionnelle, il annonce la tenue d’un référendum pour la convocation d’une Assemblée nationale constituante (ANC), chargée de réécrire entièrement la Constitution vénézuélienne de 1961. Au mois d’août, l’élection de l’ANC, approuvée par plus de 80 p. 100 des suffrages lors du référendum du mois d’avril précédent, est marquée par la victoire écrasante des partisans de Hugo Chávez, qui remportent 92 p. 100 des sièges.

Le travail de l’ANC n’est pas sans créer de vives polémiques au sein de la classe politique vénézuélienne, notamment en raison de sa décision de réduire les pouvoirs du Congrès national et de révoquer les magistrats corrompus. Contre l’avis des partis politiques traditionnels, des organisations patronales et de l’épiscopat, la nouvelle Constitution est toutefois adoptée le 15 décembre 1999 par 70 p. 100 des Vénézuéliens. Elle étend les pouvoirs du président, en rallongeant notamment le mandat présidentiel de cinq à six ans, renouvelable une fois, et institue un système législatif unicaméral en abolissant le Sénat. La nouvelle charte rebaptise le pays en République bolivarienne du Venezuela, inscrivant l’action du nouveau président dans la continuité de la lutte anticolonialiste et indépendantiste de Simón Bolívar.

Après la dissolution de l’ANC, en janvier 2000, des élections générales sont prévues pour le mois de mai, puis reportées au mois de juillet, en raison de problèmes techniques de vote électronique. Le président Chávez, soupçonné de vouloir accaparer le pouvoir, doit alors faire face à une montée des critiques, fortement relayées par les médias. Bénéficiant toujours du soutien du peuple vénézuélien, même si sa popularité auprès des classes moyennes s’effrite, il est reconduit dans ses fonctions lors de l’élection présidentielle du 30 juillet. Avec 59,7 p. 100 des voix, il précède son rival Francisco Ariaz, un de ses anciens compagnons d’armes dans le soulèvement de 1992. À l’Assemblée nationale, son parti, le MVR, obtient 85 des 165 sièges. Ces « méga-élections «, qui légitiment le nouveau cadre institutionnel vénézuélien, marquent la fin de la première phase de la « révolution bolivarienne «.

5   LE PROMOTEUR D’UNE « RÉVOLUTION POUR LES PAUVRES «

Pour Hugo Chávez, le processus de reconstruction sociale et économique constitue la deuxième phase de sa révolution. Farouche opposant au néolibéralisme sauvage, qu’il accuse d’être à l’origine de la pauvreté du tiers-monde, il entend développer, dans le cadre du capitalisme mondial, une nouvelle conception de l’économie de marché, « sociale et humaniste «. Au niveau international, cette ambition se traduit par la promotion d’un monde multipolaire, résistant à l’hégémonie des États-Unis. À cette fin, il mène une politique volontariste axée à la fois sur l’intégration régionale dans le cadre du Mercosur, le marché commun de l’Amérique du Sud — il se montre en revanche très réservé quant à l’instauration de la future zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), défendue par les États-Unis — et sur un renforcement du partenariat dans le cadre de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP). Lors du sommet de l’OPEP à Caracas, en septembre 2000, alors que le pétrole constitue 70 p. 100 des exportations du Venezuela, et un tiers de son PIB, il plaide pour la recherche d’un « juste prix «, suffisant pour les besoins de son propre pays, mais accessible aux autres pays d’Amérique centrale et des Caraïbes. Premier président à se rendre en visite officielle en Irak (août 2000), au mépris de la désapprobation des États-Unis, Hugo Chávez multiplie tout au long de l’année 2001 les voyages dans le monde entier, notamment en Europe, en quête de soutien politique, de coopération économique et d’investissements.

À l’intérieur, Hugo Chávez hérite d’une situation catastrophique : le pays est alors en pleine récession économique, aggravée par les inondations de décembre 1999, qui contraignent le nouveau président à décréter l’« état d’économie de guerre «. La maîtrise de l’inflation et du déficit budgétaire, ainsi que la lutte contre la corruption et la fraude fiscale constituent ses priorités.

6   UN DIRIGEANT POPULISTE CONFRONTÉ À UNE OPPOSITION GÉNÉRALISÉE

Au mois de novembre 2001, le président Chávez fait adopter une longue série de décrets-lois, en vertu de pouvoirs spéciaux accordés au chef de l’État par le Congrès. Celles-ci portent notamment sur la réforme agraire, avec une loi sur la terre prévoyant des expropriations, et sur l’industrie pétrolière, avec une loi sur les hydrocarbures augmentant l’intervention de l’État et les royalties. Le passage en force de ces mesures provoque dès le mois suivant un vaste mouvement de manifestations ; le 10 décembre, la grève nationale lancée par la Fedecamaras, la fédération patronale, et massivement soutenue par les syndicats de travailleurs — dont la puissante Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), opposée à Chávez — parvient à paralyser totalement le pays. Syndicats et patronat sont rejoints dans leur campagne par plusieurs partis traditionnels et diverses organisations civiles réunis au sein d’une Coordination démocratique, opposée à la politique autoritaire et populiste du président vénézuélien.

Le limogeage de hauts responsables de la société publique des pétroles (PDVSA) provoque de nouvelles manifestations d’opposition au régime qui dégénèrent, le 11 avril 2002, en violents affrontements, faisant au moins 10 victimes et une centaine de blessés parmi les manifestants. Dans la nuit du 11 au 12 avril, le président Chávez est destitué, le Parlement suspendu, et le président de la Fedecamaras, Pedro Carmona, leader de la junte civilo-militaire, proclamé président par intérim. Bénéficiant du soutien d’une partie de l’armée, Hugo Chávez est réinstallé à la tête de l’État dès le 14 avril, et lance un appel à la réconciliation nationale. Il doit cependant faire face à la ténacité d’une opposition qui rassemble des pans entiers de la société, et qui jouit de l’appui des médias. Au début de l’année 2003, sa cote de popularité, proche des 80 p. 100 au début de son mandat, tombe à environ 30 p. 100.

Le 15 août 2004, la poursuite de son mandat présidentiel est soumise à un référendum « révocatoire «, déclenché par l’opposition. Tandis que Hugo Chávez peut se prévaloir d’avoir lancé de vastes programmes sociaux pour l’accès à l’éducation et à la santé, ses opposants dénoncent une politique populiste visant à instaurer un régime dictatorial « à la cubaine «. À l’issue du vote, il est confirmé au pouvoir par une victoire éclatante, le « non « à sa destitution recueillant plus de 59 p. 100 des suffrages. En décembre 2005, l’opposition boycotte les élections législatives, si bien que les partisans du président Chávez contrôlent intégralement le Parlement.

7   UNE RÉÉLECTION TRIOMPHALE ET UNE VOLONTÉ DE RADICALISATION

Fort du soutien des classes défavorisées qui bénéficient des programmes sociaux rendus possibles par les revenus du pétrole, Hugo Chávez est réélu triomphalement en décembre 2006, avec 62,8 p. 100 des voix face au social-démocrate Manuel Rosales. Se présentant comme le défenseur de la « révolution socialiste « face à l’impérialisme américain, il apparaît comme le successeur de Fidel Castro dans la région et soutient l’accession au pouvoir d’une gauche radicale, en Bolivie et en Équateur notamment. Alors que la corruption est en forte progression, Hugo Chávez renforce la centralisation en remaniant son gouvernement et en appelant à la création d’un parti unique. Parallèlement il annonce son intention de nationaliser les secteurs de l’énergie, des télécommunications et du pétrole. Afin de conduire la « révolution socialiste «, Hugo Chávez est investi par le Parlement à l’unanimité des pleins pouvoirs pour dix-huit mois en janvier 2007, une semaine après son investiture. Il est dès lors autorisé à légiférer par décrets, notamment en matière économique et sociale.

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