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chronologie

Publié le 13/04/2013

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chronologie

1   PRÉSENTATION

chronologie (du grec khrônos, « temps «, et logos, « science «), science qui traite de la division du temps en périodes régulières et de la succession des événements dans le temps.

L’uniformisation des systèmes de datation utilisés par les civilisations anciennes et actuelles (voir méthodes de datation) est l’une des principales difficultés auxquelles se heurte la chronologie pour mettre en relation différents événements. La chronologie, parce qu’elle permet la datation des phénomènes du passé, est l’un des instruments privilégiés de la science historique, à tel point que l’on a pu dire : « La chronologie et la géographie sont comme les deux yeux de l’histoire « (l’Art de vérifier les dates, par les bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, 1750).

2   CHRONOLOGIE ASTRONOMIQUE

La chronologie astronomique s’appuie sur les phénomènes et les lois célestes et couvre l’histoire de l’Univers (voir cosmologie). Les dates des phénomènes célestes peuvent être déterminées avec une assez grande précision par des calculs mathématiques. En remontant le temps, on peut souvent vérifier ou déterminer avec précision le moment d’un événement historique auquel est associé un événement astronomique, notamment une éclipse solaire.

3   CHRONOLOGIE GÉOLOGIQUE

La chronologie géologique couvre la totalité de l’histoire de la Terre depuis 4,6 milliards d’années. La chronologie géologique classe les phénomènes géologiques en périodes (âges ou ères) ou en structures de terrain.

Disposant d’éléments insuffisants pour calculer l’âge de la Terre et des matières qui la composent, les géologues du siècle dernier ont fait des estimations très variables (de 3 millions à 500 millions d’années), en se basant sur la vitesse de dépôt des sédiments. En s’appuyant principalement sur des considérations stratigraphiques, sur la présence de fossiles ou sur d’autres éléments (voir géologie), ils ont mis au point une échelle relative du temps.

Mais ce premier essai de chronologie géologique est insuffisant pour comparer la stratigraphie des différents continents, condition nécessaire à la connaissance de l’histoire de la Terre. La découverte de la radioactivité, base de la datation radiométrique, comble cette lacune. Les techniques de datation permettent désormais de calculer l’âge absolu d’un minéral ou d’une roche et, par conséquent, l’âge de la planète, ainsi que celui des phénomènes géologiques les plus anciens avec un degré de précision sans précédent.

4   CHRONOLOGIE ARCHÉOLOGIQUE

Alors que les civilisations évoluées sont souvent datées sur la base de la chronologie politique, certaines cultures primitives le sont grâce à des méthodes qui s’apparentent aux systèmes utilisés en géologie. Les archéologues relèvent l’ordre des dépôts successifs (stratigraphie) contenant les vestiges d’origine humaine. Le principe de la stratigraphie s’appuie sur le fait que, lorsque l’ordre des couches n’a pas été modifié, les plus jeunes recouvrent les plus vieilles (loi de la superposition). La méthode de datation archéologique est analogue à celle utilisée en géologie. Dans les deux cas, l’épaisseur des dépôts constitue un des critères de datation (voir archéologie).

La technique de datation au radiocarbone (carbone 14 ou 14C) est largement répandue. Tous les organismes vivants renferment un isotope radioactif naturel de carbone. Les chercheurs déterminent la quantité de radiocarbone présente dans un spécimen organique découvert à proximité des vestiges archéologiques. Comme cette proportion diminue de manière constante et régulière, il suffit de déterminer le résidu de carbone pour pouvoir effectuer une datation relativement précise.

Cette méthode part du principe que le taux de carbone est identique à toutes les époques. Des découvertes récentes (étude de la couche de glace du Groenland) ayant montré des variations de ce taux au cours de l’histoire obligent à réviser une grande partie des datations effectuées pour les périodes les plus anciennes.

5   CHRONOLOGIES POLITIQUE, HISTORIQUE ET RELIGIEUSE

La chronologie politique est déterminée par les dates et l’ordre des événements dans l’histoire de l’humanité. La plupart des nations anciennes rattachaient leur histoire à la vie d’un personnage important ou au règne d’un roi, ce qui permettait une chronologie relativement complète d’une période isolée, mais présentait l’inconvénient de plonger dans l’oubli l’intervalle entre la mort d’un roi et l’accession au trône de son successeur, ou le règne d’un roi méconnu. Cette approche, qui a longtemps prévalu dans les études historiques, a eu pour conséquence de mettre l’accent sur les phénomènes politiques et militaires, facilement datables, au détriment des événements s’inscrivant dans le moyen ou le long terme (économie, société, culture).

Au fur et à mesure que la chronologie politique s’est développée, les historiens ont pris l’habitude de distinguer des ères fondées sur des considérations nationales, religieuses ou scientifiques ; chaque ère étant datée à partir d’un événement fondateur ou d’une date désignée sous le nom d’époque.

5.1   Chronologie du Moyen-Orient

Une liste presque exhaustive des rois de la première dynastie d’Ur (entre 2700 et 2500 av. J.-C. environ), qui a régné dans le sud de la Mésopotamie, a pu être dressée grâce à la découverte des tombes royales de Tell el-Muqayyar. Dans la Mésopotamie ancienne, au pays de Sumer, en Assyrie et à Babylone, la chronologie commence avec Sargon l’Ancien, roi de Sumer et d’Akkad au xxive siècle av. J.-C. Il a étendu son emprise sur la Mésopotamie, une partie de la Syrie et de l’Asie Mineure, et sur l’Élam.

Plus tard, les astronomes chaldéens (à Babylone) découvrent le cycle que les astronomes modernes désignent sous le nom de Saros et qui correspond à une période de 223 lunaisons ou mois lunaires (un peu plus de dix-huit ans). Les mois étaient alternativement de 29 et 30 jours avec des corrections pour réduire le décalage progressif entre les années et les saisons. Ce cycle intervient encore aujourd’hui dans le calcul des éclipses. L’usage irrégulier des mois intercalaires du calendrier chaldéen rend très difficile les datations de cette période.

La chronologie de l’Égypte ancienne commence au début du IIIe millénaire av. J.-C. avec le règne de Ménès (parfois identifié à son prédécesseur Narmer), unificateur de la Haute-Égypte et de la Basse-Égypte, et fondateur de la Ire dynastie égyptienne, la dynastie thinite.

Peuple d’agriculteurs, les Égyptiens ont été les premiers à renoncer au calendrier lunaire au profit du calendrier solaire. L’année égyptienne commence avec le lever de l’étoile Sirius et comprend 12 mois de 30 jours, avec un correctif de 5 jours. L’année civile de 365 jours ainsi définie ne correspondant pas exactement à l’année astronomique, les Égyptiens sont contraints d’utiliser le cycle sothique (une période d’environ 1 460 années séparant deux moments où les deux cycles correspondent). Une telle coïncidence est survenue vers 140 apr. J.-C., mais on ne sait pas si le premier cycle a commencé vers 2780 ou 4240 av. J.-C. Ce calendrier est resté en vigueur jusqu’à la conquête romaine.

5.2   Chronologies grecque et romaine

La première célébration officielle des jeux Olympiques du monde grec, le 1er juillet 776 av. J.-C., marque le début de l’ère des olympiades.

En 432 av. J.-C., l’astronome athénien Méton découvre un cycle composé de 235 lunaisons (soit 19 années et 7 mois lunaires), correspondant à 19 années solaires (365,25 jours). Il est perfectionné par Callipos (cycle callipique) qui définit au Ve siècle av. J.-C. un cycle de 940 lunaisons, soit environ 76 ans. Le cycle de Méton est resté en vigueur dans l’Antiquité grecque jusqu’à l’introduction de la réforme julienne et sert encore de base au calendrier hébraïque.

La chronologie romaine débute avec la fondation de la ville (ab urbe condita ou AUC) attribuée au légendaire Romulus, le 21 avril 753 av. J.-C. L’ère julienne date de la réforme du calendrier imposée par Jules César en 45 av. J.-C. (base du calendrier chrétien). Inspiré par l’astrologue égyptien Sosigène, le calendrier julien utilise le cycle solaire, comme les Égyptiens. L’année comprend 365 jours répartis en 12 mois de 30 et 31 jours, à l’exception de février qui en compte 29, avec un jour supplémentaire tous les quatre ans. En 312 apr. J.-C., l’empereur Constantin le Grand introduit un cycle de 15 ans, appelé indiction.

5.3   Chronologie chrétienne

En 1532, sur la proposition du moine scythe Denys le Petit, est fixée par l’Église la date du début de l’ère chrétienne, utilisée mondialement aujourd’hui pour la chronologie civile. La date adoptée est le 1er janvier qui suit la naissance du Christ, soit le 1er janvier de l’an 754 selon le calendrier romain. Même s’il est communément admis que la naissance du Christ est antérieure de quatre ou cinq ans à la date retenue par Denys le Petit, cette date est néanmoins reprise par Bède le Vénérable au VIIIe siècle, lui-même auteur d’une chronologie universelle. La France et l’Angleterre ont adopté cette chronologie au VIIIe siècle, l’Espagne au XIVe siècle et la Grèce au XVe siècle.

En 1583, l’humaniste français Joseph Juste Scaliger propose un cycle julien de 7 980 années de 365,25 jours, multiple des nombres 28, 19 et 15 (durées des cycles lunaire, solaire et d’indiction). Il fixe le début de l’ère julienne en l’an 3950 av. J.-C., car cette date correspond au début des trois cycles. En outre, elle est suffisamment éloignée pour servir de point de référence à tous les autres systèmes chronologiques. La date de la création est fixée à l’an 4004 av. J.-C par l’archevêque irlandais James Ussher, au XVIIe siècle.

Le calendrier julien, légèrement plus long que le calendrier solaire, induit un décalage de 3 jours tous les 400 ans. En 1582, le pape Grégoire XIII décide de corriger cet écart en faisant reculer le calendrier de 10 jours (le 15 octobre a succédé au 4 octobre). Pour éviter tout décalage futur, il est décidé que les années séculaires ne seront plus bissextiles, à l’exception des années divisibles par 400 (2000, 2400, etc.), le décalage par rapport à l’année solaire n’étant plus que de 3 jours tous les 10 000 ans.

Le calendrier grégorien est adopté par la France en décembre 1582 — l’année même de sa création —, par l’Angleterre en 1752, par le Japon en 1873, par la Chine en 1916, par la Russie en 1918 et par la Grèce en 1923. Il est désormais adopté par presque tous les pays du monde.

5.4   Les autres calendriers lunaires

La chronologie biblique est très incertaine en raison de l’emploi de diverses chronologies locales, à des époques différentes, par des auteurs bibliques, ainsi que de l’utilisation de plusieurs systèmes par les auteurs contemporains. La date de la création, début de l’ère terrestre juive, fixée au 7 octobre 3761 av. J.-C., n’est utilisée qu’à partir du Xe siècle apr. J.-C.

Le calendrier hébraïque ancien, inspiré du modèle chaldéen, est corrigé au IVe siècle suivant le modèle de Méton. Chaque année est découpée en 12 mois, à l’exception des années 3, 8, 11, 14 et 19 d’un cycle de 19 ans, qui en comptent 13.

L’ère musulmane est inaugurée par l’Hégire, le 16 juillet 622 apr. J.-C., date du départ en exil de Mahomet pour Médine. Comme le calendrier musulman est basé sur les mois lunaires et que sa durée varie, il est très difficile de le faire coïncider avec le calendrier julien. L’usage du mois intercalaire a été abandonné, mais des journées supplémentaires sont ajoutées certaines années. Un cycle de 34 années musulmanes correspond à 33 années du calendrier julien.

6   LA CHRONOLOGIE, OUTIL DE L’HISTORIEN

Souvent, la chronologie astronomique sert à vérifier ou à corriger des dates d’événements politiques fixées par l’histoire. En remontant le temps, on peut déterminer le moment et l’endroit d’une éclipse exceptionnelle. Le philosophe grec Thalès fait mention d’une éclipse si importante qu’elle interrompt la bataille opposant les Mèdes aux Perses. On a pu calculer que cette éclipse est survenue le 28 mai 585 av. J.-C. On retrouve un autre exemple dans l’histoire écossaise : lorsque le roi de Norvège Håkon IV s’embarque à Bergen avec sa flotte pour sanctionner le roi d’Écosse, il débarque dans les îles Orcades, où le soleil ressemble à un fin anneau brillant. Le physicien britannique David Brewster a déterminé qu’une éclipse annulaire du Soleil a été visible dans les îles Orcades le 5 août 1263, vers 1 h. De telles vérifications chronologiques dépendent à la fois des témoignages des contemporains et des informations retrouvées sur des pièces, des médailles ou des monuments.

Dans l’étude des civilisations occidentales et orientales, faire coïncider les différents calendriers (julien, grégorien et musulman) est l’une des principales difficultés auxquelles se heurte la chronologie. Cette difficulté est accrue lorsqu’il s’agit d’effectuer des comparaisons avec les civilisations ayant adopté des calendriers et des chronologies sans aucun lien avec ceux de l’Occident. Ainsi, l’année aztèque est-elle divisée en 18 mois de 20 jours auxquels on ajoutait 5 jours néfastes. À Bali, deux calendriers coexistent, le saka, un cycle de 12 mois lunaires inspirés du modèle indien, et le pewukon, superposant des cycles de longueurs variables, d’une durée totale de 210 jours. En outre, au cours de l’histoire, certains régimes ont inventé de nouveaux calendriers pour symboliser une rupture politique profonde (le calendrier républicain lors de la Révolution française, par exemple).

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