Ciller, Tansu

Ciller, Tansu (1946- ), femme politique turque, la première à avoir exercé la fonction de Premier ministre en Turquie entre 1993 et 1997.

Née à Istanbul, Tansu Ciller étudie les sciences économiques à l’université de Bogaziçi, puis poursuit ses études à l’université du Connecticut et à l’université Yale. Elle enseigne l’économie dans plusieurs universités américaines et turques avant de commencer une carrière politique en 1990. Elle devient alors conseiller du Premier ministre Süleyman Demirel et vice-présidente du parti de centre droit auquel ce dernier appartient, le Parti de la juste voie (DYP). Élue au Parlement en octobre 1991 et nommée ministre d’État de l’Économie dans la coalition dirigée par le DYP, elle œuvre en faveur d’une politique d’économie libérale et de privatisation.

Lorsque Süleyman Demirel est élu président de la République après la mort de Turgut Özal, elle est élue à la tête du DYP en juin 1993, ce qui la place de fait à la tête du gouvernement. Elle tente de libéraliser l’économie, tout en ne parvenant pas à maîtriser une forte inflation et un taux de chômage élevé. Face au poids des institutions militaires et aux fortes tendances nationalistes, elle adopte une attitude intransigeante à l’égard de la rébellion kurde dans le Sud-Est. Pro-occidentale, elle milite avec conviction pour l’ancrage de la Turquie à l’Union européenne (UE).

Après les élections législatives anticipées de décembre 1995, le DYP perd la majorité au Parlement au profit du Parti de la prospérité (Refah, parti islamiste) dirigé par Necmettin Erbakan et recueille également moins de voix que l’autre parti de centre droit, le Parti de la mère patrie (ANAP) de Mesut Yilmaz. Après une tentative de coalition avec ce dernier, Tansu Ciller passe un accord de gouvernement avec le Refah, malgré les résistances qui se manifestent au sein du DYP contre toute association avec les islamistes. Tansu Ciller est nommée vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, et selon l’accord qui prévoit une rotation des fonctions au sein de la coalition, Tansu Ciller doit occuper le poste de Premier ministre deux ans plus tard. Mais son parti est progressivement affaibli par la défection des membres qui refusent l’alliance avec le Refah, tandis que le gouvernement subit les critiques croissantes de l’armée, inquiète des atteintes portées par ce gouvernement au principe kémaliste de laïcité de la République (le Refah sera dissous par la Cour constitutionnelle turque en janvier 1998 pour ce motif). Finalement, en juin 1997, sous la pression de l’armée, Necmettin Erbakan démissionne de son poste de Premier ministre en faveur de Tansu Ciller, qui ne se maintient que deux semaines à la tête du gouvernement. Mesut Yilmaz lui succède, à la tête d’une coalition de centre droit formée autour du Parti de la mère patrie.