Citations et jugements: CAMUS
Publié le 10/08/2014
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Citations et jugements
I - CITATIONS-CLÉS
Le Mal et la culpabilité
Moi, j'habite le quartier juif, ou ce qui s'appelait ainsi jusqu'au moment où
nos frères hitlériens y ont fait de la place. Quel lessivage ! j'habite sur les
lieux d'un des plus grands crimes de l'histoire. « (p. 15)
« Chaque homme témoigne du crime de tous les autres, voilà ma foi et mon espérance. « (p. 116)
« Dès lors, puisque nous sommes tous juges, nous sommes tous coupables les uns devant les autres, tous christs à notre vilaine manière, un à un crucifiés, et tou¬jours sans savoir. « (p. 123)
La liberté et la servitude
« Mais sur les ponts de Paris, j'ai appris moi aussi que j'avais peur de la liberté.
Vive donc le maître, quel qu'il soit, pour remplacer la loi du ciel. « (p. 144)
« Tous réunis, enfin, mais à genoux, et la tête courbée. « (p. 144)
Le bonheur : unité et innocence
« Je jouissais de ma propre nature, et nous savons tous que c'est là le bonheur. « (p. 24)
« Maintenant encore, les matchs du dimanche, dans un stade plein à craquer, et le théâtre, que j'ai aimé d'une passion sans égale, sont les seuls endroits du monde où je me sente innocent. « (p. 93)
« Et d'une île à l'autre, sans trêve, sur notre petit bateau, qui se traînait pourtant, j'avais l'impression de bondir, nuit et jour, à la crête des courtes vagues fraîches, dans une course pleine d'écume et de rires. Depuis ce temps, la Grèce elle-même dé¬rive quelque part en moi, au bord de ma mémoire, inlassablement... « (pp. 103-104)
La chute
Du jour où je fus alerté, la lucidité me vint. Je reçus toutes les blessures en même temps et je perdis mes forces d'un seul coup. L'univers entier se mit alors à rire autour de moi. « (pp. 85-86)
Le pouvoir
Alors, planant par la pensée au-dessus de tout ce continent qui m'est soumis sans le savoir, buvant le jour d'absinthe qui se lève, ivre enfin de mauvaises paroles, je suis heureux, je suis heureux, vous dis-je, je vous interdis de ne pas croire que je suis heureux, je suis heureux à mourir ! « (p. 150)
La duplicité
« Je connais la mienne [mon enseigne] en tout cas : une face double, un char¬mant Janus, et, au-dessus, la devise de la maison : "Ne vous y fiez pas." Sur mes cartes : "Jean-Baptiste Clamence, comédien." « (p. 52)
Le Christ
« Et lui n'était pas surhumain, vous pouvez m'en croire. Il a crié son agonie et c'est pourquoi je l'aime, mon ami, qui est mort sans savoir. « (p. 120)
Le juge-pénitent
Essayez. J'écouterai, soyez-en sûr, votre propre confession, avec un grand sentiment de fraternité. « (p. 146)
Le désespoir
« Tout serait consommé, j'aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux prophète qui crie dans le désert et refuse d'en sortir. « (p. 152)
II - JUGEMENTS CRITIQUES
Sur La Chute
Roger Grenier, Albert Camus, soleil et ombre, collection « Folio «, Gallimard, 1987, p. 306 : « La Chute propose une nouvelle image de Sisyphe. Cette fois, son futur est une chute sans fin. Sa nouvelle tâche n'est plus de hisser son rocher, mais d'éprouver à jamais la plongée dans l'abîme.
Jean-Paul Sartre, cité par Olivier Todd, in Albert Camus, une vie, Gallimard, 1996 : « Enthousiasmé : un chef-d'oeuvre sinon le meilleur livre de Camus parce qu'il s'y montre et s'y cache tout entier.
Olivier Todd, op. cit., p. 638 : « La Chute ressemble à un diamant noir, avec des facettes lisibles, souvent limpides quant à sa vie, mais au coeur inaccessible. «
Sur Camus
Témoignage d'un ouvrier du Livre sur Camus à Combat, in À Albert Camus, ses amis du Livre, Gallimard, 1962 : « Quand Camus est venu au marbre, on a vu d'emblée comme un rayon de soleil. C'était le copain enjoué, pas crâneur et tout de suite adapté au milieu, ce qui nous plaît beaucoup. Nous avions l'impression de le connaître depuis des années. Constamment prêt à la blague, il était parmi nous un vrai boute-en-train. «
Jean Daniel, La Blessure, Grasset, 1992 : « Dans les années 50, Camus [...] était entraînant, un rien machiste, volontiers séducteur, aimant rire et briller [...]... Il était obsédé par la malveillance des intellectuels parisiens, et prétendait qu'il fal¬lait se venger d'eux en étant heureux avec furie. «
Simone de Beauvoir, au moment de la rencontre Camus-Sartre, à la fin de la guerre, in La Force de l'âge, collection «Folio «, Gallimard, 1960, t. Il, p. 643 : « Il était simple, il était gai. Sa bonne humeur ne dédaignait pas les plaisanteries faciles [...] mais il pouvait se les permettre ; un charme, dû à un heureux dosage de nonchalance et d'ardeur l'assurait contre la vulgarité. Ce qui me plaisait surtout en lui c'est qu'il sût sourire avec détachement des choses et des gens, tout en se don¬nant intensément à ses entreprises, à ses plaisirs, à ses amitiés. «
Simone de Beauvoir, au moment de la polémique sur L'Homme révolté, in Lettres à Nelson Algren, Gallimard, 1997, p. 479 : « Ne le lisez pas. La droite l'adore en bloc, parce qu'il y démontre que rester tranquillement assis dans son fauteuil à gagner du fric suffit à faire de vous un romantique révolté. «
Jean-Paul Sartre, à la mort de Camus, in France-Observateur, janvier 1960 : « Nous étions brouillés, lui et moi : une brouille, ce n'est rien — dût-on ne jamais se revoir — tout juste une autre manière de vivre ensemble et sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné. Cela ne m'empêchait pas de penser à lui, de sentir son regard sur la page du livre, sur le journal qu'il lisait, et de me dire : "Qu'en dit-il ? Qu'en dit-il EN CE MOMENT ?" «
Bibliographie commentée
— On pourra compléter utilement la lecture du présent ouvrage par celle de deux autres volumes publiés chez Nathan : La Chute, dans la collection « Balises «, et Camus, dans la collection « Balises-écrivains «.
L'oeuvre de Camus
— Publiée chez Gallimard, elle est, pour l'essentiel, accessible en édition de poche (collection « Folio «), ou dans la très bonne édition de La Pléiade (vol. I : « Théâtre, récits, nouvelles «, vol. II : « Essais «).
— Lire avant tout L'Étranger, La Peste (romans) ; Caligula (théâtre) ; L'Exil et le Royaume (nouvelles) et Le Premier Homme, autobiographie dont l'inachève¬ment est riche d'enseignement. Pour la pensée philosophique, Le Mythe de Sisyphe et, pour éclairer La Chute, L'Homme révolté.
Sur l'homme Camus
— Herbert R. Lottman, Albert Camus, Seuil, 1978. Une intéressante biogra¬phie d'un journaliste américain.
— Albert Camus, Carnets, Gallimard, 1989, surtout le vol. III (1951-1959).
— Roger Grenier, Albert Camus, soleil et ombre**, collection « Folio «, Galli¬mard, 1987.
— Et surtout la récente et très documentée biographie par Olivier Todd, Albert Camus, une vie**, Gallimard, 1996.
— On peut également lire les mémoires de Simone de Beauvoir, et en particu¬lier, pour la période concernant La Chute, La Force de l'âge et La Force des choses (collection « Folio «, Gallimard).
Sur La Chute
— Les titres ci-dessus marqués de deux * contiennent un chapitre sur La Chute.
— Revue des lettres modernes, n° 238-244, 1970, « Albert Camus « (6 articles). — Phan Thi Ngoc-Mai et Pierre Nguyen Van-huy, La Chute de Camus, le dernier testament, Neuchâtel, La Baconnière, 1974.
— Fernande Bartfeld, L'Effet tragique. Essai sur le tragique dans l'oeuvre de Camus, Paris-Genève, Champion-Slatkine, 1988.
— Actes du colloque de Keele, 25-27 mars 1993 : Albert Camus, les extrêmes et l'équilibre, Amsterdam, éd. Rodopi, 1994.
«
Le Christ
«Et lui n'était pas surhumain, vous pouvez m'en croire.
Il a crié son agonie et c'est pourquoi je l'aime, mon ami, qui est mort sans savoir.» (p.
120)
Le juge-pénitent
«Essayez.
J'écouterai, soyez-en sûr, votre propre confession, avec un grand
sentiment de fraternité.» (p.
146)
Le désespoir
«Tout serait consommé, j'aurais achevé, ni vu ni connu, ma carrière de faux
prophète qui crie dans le désert
et refuse d'en sortir.» (p.
152)
Il -JUGEMENTS CRITIQUES
Sur La Chute
Roger Grenier, Albert Camus, soleil et ombre, collection « Folio », Gallimard,
1987, p.
306 : «La Chute propose une nouvelle image de Sisyphe.
Cette fois, son
futur est une chute sans fin.
Sa nouvelle tâche n'est plus de hisser son rocher, mais
d'éprouver à jamais la plongée dans l'abîme.»
Jean-Paul Sartre, cité par Olivier Todd, in Albert Camus, une vie, Gallimard, 1996: «Enthousiasmé: un chef-d'œuvre sinon le meilleur livre de Camus parce
qu'il s'y montre et s'y cache tout entier.
»
Olivier Todd, op.
cit., p.
638 : «La Chute ressemble à un diamant noir, avec
des facettes lisibles, souvent limpides quant à sa vie, mais au cœur inaccessible.
»
Sur Camus
Témoignage d'un ouvrier du Livre sur Camus à Combat, in À Albert Camus,
ses amis du Livre, Gallimard, 1962 : « Quand Camus est venu au marbre, on a vu d'emblée comme un rayon de soleil.
C'était le copain enjoué, pas crâneur et tout de
suite adapté au milieu, ce qui nous plaît beaucoup.
Nous avions l'impression de le
connaître depuis des années.
Constamment prêt
à la blague, il était parmi nous un
vrai boute-en-train.
»
Jean Daniel, La Blessure, Grasset, 1992: «Dans les années 50, Camus[ ...
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était entraînant, un rien machiste, volontiers séducteur, aimant rire
et briller r ...
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Il était obsédé par la malveillance des intellectuels parisiens, et prétendait qu'il fal
lait se venger
d'eux en étant heureux avec furie.»
Simone de Beauvoir, au moment de la rencontre Camus-Sartre, à la fin de
la guerre,
in La Force de l'âge, collection« Folio», Gallimard, 1960, t.
Il, p.
643 :
« Il était simple, il était gai.
Sa bonne humeur ne dédaignait pas les plaisanteries
faciles
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] mais il pouvait se les permettre ; un charme, dû à un heureux dosage de
nonchalance
et d'ardeur !'assurait contre la vulgarité.
Ce qui me plaisait surtout en
lui c'est qu'il sût sourire avec détachement des choses et des gens, tout en se don
nant intensément
à ses entreprises, à ses plaisirs, à ses amitiés.
»
Simone de Beauvoir, au moment de la polémique sur L'Homme révolté, in
Lettres à Nelson Algren, Gallimard, 1997, p.
479: «Ne le lisez pas.
La droite
l'adore en bloc, parce qu'il y démontre que rester tranquillement assis dans son
fauteuil
à gagner du fric suffit à faire de vous un romantique révolté.
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