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collectivisation

Publié le 21/02/2013

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1   PRÉSENTATION

collectivisation, expériences d’étatisation des terres et de planification de la production agricole réalisées, le plus fréquemment, dans le cadre d’une planification globale de l’économie, en URSS — et, par extension, dans tous les pays se réclamant d’une conception marxiste d’appropriation collective du capital et du travail.

2   L’ÉTAT SOVIÉTIQUE « NATIONALISE « LA TERRE ET SES REVENUS

À partir de 1921, le régime bolchevique issu de la révolution de 1917 met en place le Gosplan (Commission d’État pour la planification générale), chargé de mettre au point des plans quinquennaux qui assignent de façon autoritaire, à chaque république, à chaque région et à chaque entreprise, un niveau de production devant être atteint au terme du plan. Le premier d’entre eux (1928-1932) prévoit la suppression totale et définitive de l’économie privée, des coopératives et des magasins d’État qui assurent l’essentiel du commerce de détail. La collectivisation des campagnes est assurée par la mise en place des sovkhozes (fermes d’État au sein desquelles les cultivateurs sont salariés) et des kolkhozes (fermes collectives dont les membres, répartis en équipes de travail, sont rétribués grâce aux bénéfices réalisés par la vente à l’État, et au prix fixé par lui, de la part qui lui est réservée).

À partir de 1930, la collectivisation s’accélère. Le matériel lourd passe sous le contrôle des MTS (stations de machines et de tracteurs) qui le louent aux coopératives. Cette première expérience se solde par un échec dramatique, en raison d’une bureaucratisation aveugle et surtout de la « dékoulakisation « (répression à l’encontre de la paysannerie enrichie grâce à la Nouvelle Politique économique, la NEP) qui entraîne la mort, par déportation ou par exécution, de 3 millions de personnes. Les paysans préfèrent alors abattre leurs bêtes plutôt que de les livrer à l’État ; 15 millions de bovins et 25 millions de moutons sont ainsi abattus. La production céréalière chute, passant de 73 millions de tonnes en 1928 à 69 millions de tonnes en 1932.

3   LIMITES ET ÉCHECS DE LA COLLECTIVISATION DANS LE MONDE
3.1   En URSS

Face à cet échec, Staline décide, en mars 1930, de réduire les redevances des kolkhoziens et d’autoriser la libre commercialisation de leurs excédents sur le marché intérieur (1933).

Au cours du second plan quinquennal (1933-1937), un nouveau statut du kolkhoze (1935) autorise les paysans à conserver la jouissance d’un lot individuel de 1 000 m2 sur lequel chacun est libre de cultiver ce qu’il veut et d’élever deux vaches, deux porcs et dix moutons. Mais il faut attendre les plans postérieurs à la Seconde Guerre mondiale pour voir la production agricole planifiée par le système collectiviste reprendre un véritable essor, grâce à la libéralisation du secteur privé et à un contrôle moins strict de l’État sur les kolkhozes (de 1953 à 1964, sous Khrouchtchev notamment).

3.2   Dans les démocraties populaires

Le système de collectivisation a été étendu aux démocraties populaires à l’époque de la guerre froide. Ainsi, en Yougoslavie, les fermes d’État sont devenues de véritables combinats autogérés. Mais, en général, la collectivisation s’est heurtée à l’émiettement de la propriété, qui favorise davantage l’expansion de la consommation rurale que celle de la production agricole. Parallèlement, elle a singulièrement limité, à cause du carcan étatique, la modernisation et la croissance de la production agricole, laissant l’URSS dans une situation de pénurie agricole fréquente, parfois aggravée par les aléas climatiques.

3.3   En Chine

Dans la Chine communiste issue de la révolution maoïste de 1949, la collectivisation passe par l’expropriation massive de la paysannerie riche. À partir de 1954, 100 millions d’hectares sont cultivés par plus de 120 millions de familles, dans le cadre de coopératives de production semi-socialistes. Dès 1956, elles regroupent 96 p. 100 des paysans, et toute trace de propriété individuelle disparaît. En 1958, dans le cadre de la politique dite du « Grand Bond en avant «, Mao Zedong ordonne le regroupement des 740 000 coopératives en 26 000 Communes populaires censées assurer la décentralisation de l’économie, à la fois industrielle et agricole. Mais le mythe de la Commune populaire est fragile : la paysannerie vit mal les efforts surhumains qui lui sont demandés, l’engrais chimique fait défaut et la famine de 1959-1962 affaiblit la population rurale. Il faudra, là aussi, assouplir le système en décentralisant le pouvoir de décision au niveau des communes et en développant, en particulier, l’horticulture irriguée au plan local.

En URSS, comme en Chine ou à Cuba (collectivisation de la production sucrière à partir de la révolution castriste de 1959), et dans tous les pays qui ont tenté une collectivisation de l’agriculture calquée sur le modèle soviétique, la résistance des mentalités paysannes individualistes et une bureaucratisation politique excessive de l’économie ont abouti à l’échec du système et à de véritables catastrophes sociales et économiques.

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