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Combat - Mai 1942. N°3

Publié le 22/02/2012

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Combat                      Mai 1942. N°3

 

 

Dans la guerre comme dans la paix, le dernier mot est à ceux qui ne se rendent jamais. Clemenceau

 

 

Organe du mouvement de libération française

 

 

 

Lettre au Maréchal Pétain

 

 

Monsieur le Maréchal,

 

Le 17 juin 1940 : Vous ordonniez d'abandonner la lutte alors que notre flotte, notre Empire et nos armées d'outre-mer intacts ne demandaient qu'à continuer la guerre. En même temps que vous trahissiez la parole donnée à vos anciens alliés, vous affirmiez que l'honneur exigeait de ne rien entreprendre contre eux.

 

Le 14 octobre 1940 : Vous engagiez la France dans la politique d'asservissement à l'Allemagne. - Vous trahissiez à nouveau la parole que vous-même, cette fois aviez donnée. Pour tenter de cacher au pays cette nouvelle forfaiture, nous la nommiez pudiquement « collaboration «.

 

Le 13 décembre 1940 : Vous rejetiez de votre gouvernement le maquignon de la défaite qui fut votre complice au coup d'état de Bordeaux. - La France vous en sut gré. Mais chez vous les sursauts d'énergie restent sans lendemain.

 

Depuis février 1941 : de capitulation en capitulation, vous avez patronné la plus lâche des politiques. Elle déshonorerait à jamais notre France si le monde qui la regarde et nous qui la servons, pensions que vous l'ayiez jamais représentée.

 

Le 18 avril 1942 : Après avoir épuisé les facultés d'inconscience ou de lâcheté de vos Ministres serviles, Hitler vous donne l'ordre de les chasser. Il lui faut des équipes neuves qui puissent s'engager plus avant dans la voie de la trahison. Vous obéissez et pour diriger tous ces traîtres, vous vous laissez imposer celui-là même que vous aviez chassé. En manière de revanche il prend votre place à la tête du gouvernement. Nous nous en félicitons car vous dissipez l'équivoque que vous aviez volontairement créée.

 

Il en était encore qui croyaient en vous. Vos cheveux blancs et vos manches constellées d'étoiles leur inspiraient confiance. Votre propagande leur faisait croire que par un jeu subit vous rouleriez Hitler.

Mais le traître de Bordeaux, celui que vous avez nommé, en même temps qu'il donne à son Fuhrer tous les apaisements, lève aussi tous les doutes.

« La politique d'entente avec l'Allemagne doit être pratiquée avec loyauté, elle doit être exclusive de toute équivoque et c'est seulement sur la sincérité dans les propos et dans les actes que peut se fonder une entente durable.

En un mot, vous faites de la France l'alliée de l'Allemagne ! Vous aviez le choix : vous soumettre ou partir.

Vous auriez dû partir et laisser à d'autres le soin de livrer notre pays, vous préférez rester, non plus dans une demie-liberté mais dans un complet esclavage pour patronner la trahison.

Tout est clair maintenant, le mythe Pétain a vécu. - Vos étoiles s'éteignent.

 

« Je suis seul responsable, avez-vous dit «.

En effet, vous êtes responsable d'avoir livré à l'ennemi le produit de nos usines et de nos mines, d'avoir fourni à Hitler les bras qui lui manquent, d'avoir patronné les quelques centaines de mercenaires de la légion anti-bolchévique, d'avoir ravitaillé l'armée Rommel, d'avoir livré l'Indo-Chine au Japon.

Vous êtes responsable aussi, de la suppression de nos libertés, des parodies de justice, du régime policier, des odieuses lois antisémites, de l'omnipotence des trusts, du chômage et de la famine naissante.

Voila pour le passé. Et la France, demain au procès de Riom, sera déclarée responsable de la guerre. C'est un beau coup que de faire condamner non seulement des hommes mais encore un régime et sa Patrie.

Et si le chef de votre gouvernement, à la suite de manœuvres tortueuses qui lui sont coutumières, lance la France en guerre contre nos alliés, c'est vous qui serez responsable du sang versé. Si cela devait se produire, sachez-le bien, nous ne vous obéirons pas !

Un jour vous disiez au pays « Suivez-moi, gardez votre confiance en la France éternelle «.

Nos gardons en effet, confiance en notre Patrie. Nous la servirons avec ferveur. Nous lui sacrifierons notre liberté et s'il le faut, notre vie. Mais nous ne vous suivrons pas.

La France toute entière contre Laval est désormais contre vous. Vous l'avez voulu !

 

COMBAT.

 

 

 

Les étapes d'un ministère raté

 

1re Phase : Le Maréchal, menacé par Laval et les Allemands de la nomination d'un Gauleiter allemand à Paris pour la zone occupée s'il n'aligne pas sa politique sur un axe d'étroite collaboration, charge Laval de négocier avec les allemands.

2me Phase : Laval revient de ses entrevues avec les Allemands porteur des mêmes exigences. Il réclame le pouvoir mais déclare que les Allemands ne peuvent promettre à l'avance aucune contre-partie. Il se heure à une fin de non recevoir du Maréchal. Il retourne à Paris poursuivre ses conversations.

Entre temps, le Maréchal essaye de jouer la carte Goéring contre la carte Abetz - Ribentropp qui, bien que rivaux, soutiennent tous deux Laval. Il envoie le colonel Fonck en ambassade près de Goéring pour proposer la constitution d'un gouvernement Joseph Barthelemy. Mais Laval, Brinon et Abetz font arrêter Fonck en zone occupée le 11 Avril : Fonck a été relâché le 15 Avril.

3me Phase : Laval revient à Vichy, fait connaître l'arrestation de Fonck et maintient ses exigences. Le Maréchal cède.

4me Phase : Laval veut constituer un gouvernement composé de parlementaires et destiné à ressusciter, croit-il, les mystiques de République et de liberté. Il a l'intention, la chambre préalablement et régulièrement dissoute, de gouverner avec le Sénat. Il fait savoir ses intentions au Maréchal et ajoute que les Allemands (?) mettent l'exclusive sur tous les ministres en place le 13 décembre.

5me Phase : Laval se heurte au refus de Monzie, Bonnet, Mistler, Frossard, Duboin, Déat, Bergery, Flandin et Chichery. Il fait alors connaître au Maréchal son intention de constituer une équipe de fonctionnaires. Devant l'échec de Laval, dans la journée du 17 avril, le Maréchal songe à donner sa démission pour laisser Laval se débrouiller avec les Allemands. Mais Laval convainc le Maréchal de rester.

6me Phase : Laval annonce son ministère. Au dernier moment, le seul parlementaire qui avait accepté, Marquet, se ravise et délègue pour le représenter dans l'équipe, Max Bonnafous.

Laval a l'intention de nommer :

Georges Bonnet, Ambassadeur à Ankara - Pucheu, Ambassadeur à Berne - Rochat, Ambassadeur à Buenos-Ayres.

Nous savons un Ministre qui a fait ses adieux en pleurant à ses chefs de service et qui a terminé en ces termes : Il faut, pour être maintenant ministre en France, l'approbation de la Kommandantur. 

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