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Commentaire : La porte de Bagnolet.

Publié le 17/01/2022

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Dans son court métrage de 1992, Pierre Zucca (1943-1995) photographe, scénariste & réalisateur français qui a travaillé pour la télévision & le cinéma, nous présentes en 26 minutes l'analyse du paysage de la porte de Bagnolet. Construit dans le 20éme arrondissement de Paris entre 1966 & 1969, le complexe d'échange mis en ½uvre par l'architecte Serge Lana, propose à sa population une architecture homogène. L'auteur s'appuie sur des témoignages, des photos ainsi que des dessins afin de démarcher un contraste paysagiste. Il sera question de traiter l'évolution de la porte de Bagnolet en y percevant les avantages & les inconvénients de cette construction.

De définition, une porte permet de passer d'un espace à un autre. De ce fait, la porte de Bagnolet est une interface permettant de relier Paris centre à sa banlieue Est. Le projet initial avait pour but de favoriser les échanges entre ces deux espaces. Ainsi, la porte de Bagnolet est caractérisée par un complexe d'échange très important, redessinant le paysage rural du XIX éme en paysage urbain dédié à l'automobile & aux transports. Cet axe est un espace de transition majeur, puisqu'il relie l'Europe du nord Est à l'Europe du sud Ouest (de Copenhague à Lisbonne.) L'échangeur de Bagnolet est un lieu de passage où se croisent chaque jour véhicules individuels & transports de marchandises (9,5 millions de tonnes de marchandises par ans). Espace dynamique, la porte de Bagnolet attire les chaînes d'hôtels (hôtels de passage à destination d'une clientèle d'hommes d'affaires essentiellement), les centres commerciaux & les bureaux. C'est donc tout une architecture verticale & rectiligne qui vient à se construire entre les boucles de l'échangeur créant à son tour une architecture nouvelle, moderne où les formes se contrastent au paysage. Enfin, grâce à l'influence des nouvelles constructions, c'est près de 4500 emplois dans le tertiaire qui se sont créés.

Cependant, la construction de cet échangeur qui aurait dû créer un lien entre Paris & sa banlieue a tout à l'inverse instauré une véritable frontière entre ces deux espaces. Initialement, le projet prévoyait la construction d'une ceinture verte entre les boucles de l'échangeur. L'historique de ce changement remonte à la destruction des rempares en 1919 qui a permis la construction de nombreux HBM (Habitations Bon Marché) dans les années 30 à destination des classes ouvrières. Mais il fut perçu que la tendance politique de ces populations était le communisme. Ainsi, Paris voyant sa périphérie tendre dans un esprit communiste prit peur & décida de repousser & de délocaliser ces populations vers les banlieues. C'est donc à cet issus que le projet initial fut changé & la construction de caserne, d'écoles & d'immeubles remplaça la ceinture verte. Le périphérique c'est construit sur l'emplacement des rempares. Ce périphérique renvoie l'image d'un fossé qui coupe Paris de sa banlieue. De plus, cet espace qui avait pour but d'être attractif est devenu répulsif. On y voit de nombreux magasins fermés. Ce lieu devient alors seulement un lieu de passage & de travail (« cet endroit c'est notre lieu de travail, c'est tout «). De plus, la création des 4500 emplois n'a bénéficié qu'à 5% de la population de la porte de Bagnolet, & c'est déconcertant que les employés venues de tout Paris témoignent de leur durée de trajet afin de se rendre sur leur lieu de travail. On constate une moyenne d'une heure & demie de transport chaque matin & chaque soir, liant le train, le métro, la voiture & le bus Pour Pierre Zucca, ces voyageurs quotidiens lui donne l'image de frontaliers qui viennent & repartent chaque jours, traversant ainsi une frontière instaurée pour le « bonheur de tous. « Enfin, cet échangeur a souvent été critiqué pour protéger Paris de sa misère. En effet, c'est sous les boucles de l'échangeur que l'on perçoit une grande misère où se mêlent marché noir, contre bande, violences, vie clandestine & survie. Les quelques rideaux d'arbres implantés entre les boucles cachent l'indigence d'une population en mouvement rejetée par la citoyenneté. Enfin, après la loi de décentralisation de 1982, les banlieues obtiennent d'avantage de pouvoir. Celles-ci finissent par devenir des villes & Paris voit sa croissance urbaine se ralentir.

Pierre Zucca a, dans cette analyse de paysage tenté de montrer le contraste entre une démarche d'aménagement politique & le bonheur d'un population. Aujourd'hui, nos mentalités se sont adaptées à ce genre de constructions & nous ne pouvons nous imaginer une ville sans sa périphérie & son périphérique. Cependant la misère n'a pas évolué & on constate avec stupéfaction que celle-ci est toujours aussi présente derrière les rideaux d'arbres, malgré les années passées.

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