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Commentaire Sur L'Épilogue De L'Ecume Des Jours De Boris Vian

Publié le 21/07/2010

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L’Ecume des jours, qui demeure l’œuvre la plus connue de Boris Vian, a été publié en 1947, juste après la seconde guerre mondiale. Boris Vian (1920-1959) est entré dans la postérité pour son œuvre engagée. Amoureux des idées, jongleur de mots, il s’essaie à tous les genres de littérature.  Ce roman développe de nombreux thèmes au gré desquels évoluent ses personnages : amour, jazz, religion, irréel, tristesse, temps, mort, humanité...  L’Écume des jours commence de façon idyllique et devient sombre et triste par la mort des jeunes héros. Cette histoire émouvante et tragique est hantée par l'angoisse de la maladie qui détruit la jeunesse.  L’Epilogue est très particulier car, après la mort de celle qu'il aime (Chloé), Colin a perdu toute raison de vivre. Une souris va être si touchée qu'elle demande à un chat de l'aider à mettre fin à ses jours...    Déresponsabilisation des personnages : Aucun personnage n’est responsable de la mort de la souris.    Dans ce passage, il y a 13 personnages (interprétation possible de la cène) :  → La souris qui meurt et qui accepte de mourir.  → Le chat qui provoque la mort.  → Les 11 petites filles aveugles qui ne participe pas directement à la mort de la souris mais qui ne peuvent pas l’empêcher.    Arguments :  Lignes 3 et 4 : « Je suis encore jeune et jusqu'au dernier moment, j'étais bien nourrie. «  → La souris se vente de ses qualités gastronomiques.    Ligne 5 : « Mais je suis bien nourri aussi, dit le chat. «  → Le chat n’a aucune raison de manger la souris.    Lignes 5 à 7 : « Et je n'ai pas du tout envie de me suicider, alors tu vois pourquoi je trouve ça anormal. «  → Le chat ne comprend pas pourquoi la souris veut mourir. Il hésite donc à l’aider.    Ligne 8 : « C'est que tu ne l'as pas vu, demanda la souris. «  (Colin se rend chaque jour au cimetière.)  → La souris pense donc qui ne l’a comprend pas puisqu’il n’a pas vécu les même choses.    Lignes 10 et 11 : « Qu'est-ce qu'il fait? demanda le chat. Il n'avait pas très envie de le savoir. Il faisait chaud et ses poils étaient tous bien élastiques. «  → Le chat à chaud. Ses poils pendent. Il est resté au soleil longtemps. Cela montre la satiété du chat.    Lignes 19 : « C’est idiot, dit le chat. Ça ne présente aucun intérêt. «  → La souris ne peut plus rien faire vis-à-vis des réponses du chat. Le chat ne se laisse pas convaincre. C’est le droit de déni du chat = libre arbitre humain. Le chat a toutes les raisons d’être d’accord avec elle mais comme ça ne l’intéresse pas il ne se laisse pas convaincre.    Ligne 20 : « Quand l'heure est passée, continua la souris, il revient sur le bord et il regarde la photo. «  → La souris continue de parler, elle refuse d’arrêter de parler. Il n’y a aucune diversité des verbes introducteurs jusqu’à cette ligne où nous avons une fantaisie. La souris ne prend pas en compte ce que le chat lui a dit.    Ligne 22 à 25: « - Il ne mange jamais ? demanda le chat.  - Non, dit la souris, et il devient très faible, et je ne peux pas supporter ça. Un de ces jours, il va faire un faux pas en allant sur cette grande planche. «  (Le cimetière, situé sur une île, est relié à la terre ferme par une planche.)  → Le chat écoute la souris. A ce moment là, il comprend qu’il y a un problème puisque lui-même a pour seule activité de manger.    Lignes 23 à 30 :  → La souris amène systématiquement le chat à se poser des questions.  Ligne 28 : « Il n'est pas malheureux, dit la souris, il a de la peine. «  → La peine est une émotion concrète qui fait souffrir Colin. La peine c’est plus fort que le malheur.  Cet argument interpelle le chat.    Lignes 31 à 33 : « Alors, dit le chat, si c'est comme ça, je veux bien te rendre ce service, mais je ne sais pas pourquoi je dis « si c'est comme ça «, parce que je ne comprends pas du tout. «  → Le chat ne sait pas pourquoi il accepte de tuer la souris, il n’est même pas résigné. Il le fait pour rendre service et sait qu’il le fait sans savoir pourquoi.  → Vacuité (vide) de l’argumentation.    La souris considère que le chat ne comprend pas cette situation puisqu’il ne l’a jamais vécue. Elle l’invite donc à se mettre à sa place. Le chat, lui, a juste très chaud. Il est blasé et il n’a plus faim. La souris essaye de convaincre le chat de l’a mangé. Il refuse. Elle insiste. Tous deux restes campaient sur leurs positions.    Le chat ne comprend la souris. La souris lui demande de compatir, de partager sa souffrance. Le chat est apathique, il ne ressent rien.    La souris en mourant va emporter une partie de la souffrance de Colin.  → Symbole crucifixion : Jésus en étant crucifié apporte la rémission des péchés.    Autotélisme (transmission de soi-même):  Le chat est réduit à un instrument de mort du destin.  Sa seule fonction est d’être un instrument du destin. Le chat est juste présent pour tuer la souris.    Le registre de ce texte est tragique.  → Tragédie :  Présence d’un dilemme, mort à la fin de l’histoire, les personnages ne peuvent pas échapper à leur destin : c’est la fatalité.  En réalité, c’est à elle même que la souris se pose toutes ces questions. Elle se demande pourquoi elle veut réellement mourir. En parlant au chat, elle comprend pourquoi. Elle réfléchit grâce au chat qui n’est qu’un miroir apathique. Elle cherche juste à se convaincre.    Le roman s'achève donc sur un épilogue, en forme d'apologue, qui rappelle la fable. La fantaisie a cédé la place à la tragédie. C'est un mélange de désespoir et de merveilleux, dans lequel ont trouve de la tendresse et de la passion. Cette fable triste, où sont mêlés le pathétique et l’humour, est basé sur le jeu de deux personnages antithétiques, le chat et la souris. Cette fable détournée propose une réelle réflexion sur la vacuité de l’existence. Le suicide est au cœur de ce texte. Cet épilogue rend le pessimisme qui caractérise l’après-guerre.

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