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Congo, République démocratique du

Publié le 10/04/2013

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congo
1 PRÉSENTATION

Congo, République démocratique du, pays d’Afrique centrale. Sa capitale est Kinshasa.

La République démocratique du Congo est bordée par la république du Congo à l’ouest, la République centrafricaine et le Soudan au nord, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie à l’est, la Zambie et l’Angola au sud.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La République démocratique du Congo s’étend sur une superficie de 2 344 885 km2. Elle occupe l’immense cuvette correspondant au bassin du fleuve éponyme (Congo). Celui-ci donne son unité au pays par l’ampleur de son bassin (3 820 000 km2) ; son débit demeure constant en raison de saisons des pluies inversées dans les régions situées au-dessus et en dessous de l’équateur. Son affluent, l’Oubangui, prend sa source dans le nord, tandis que lui-même et ses autres affluents naissent dans les savanes du sud. Dans le sud-ouest, le fleuve traverse de hauts plateaux accidentés avant de longer le plateau batéké. La bordure méridionale de la cuvette se relève pour former le plateau du Shaba ou Katanga, situé à 1 220 m, qui se prolonge par les chaînes du Mitumba et du Kundelungun. À l’est surgissent des reliefs volcaniques produit par la fracture de la Rift Valley, dans la région des Grands lacs. On y trouve les plus hauts sommets congolais, le Karisimbi (4 507 m), la Mikeno (4 437 m), le Nyaragongo (3 470 m), dans le massif des volcans Virunga, le Ruwenzori, les « montagnes de la Lune «, culminant à 5 119 m au pic Marguerite.

Le Ruwenzori domine au nord le lac Albert qui appartient au système du Nil, tandis que le lac Tanganyika, qui appartient au système du fleuve Congo, s’étend parallèlement aux monts Mitumba et forme la frontière avec la Tanzanie. Le pays ne possède qu’une étroite façade maritime de 40 km sur l’océan Atlantique, qui borde l’estuaire du fleuve Congo sur sa rive droite et sépare l’Angola de son enclave de Cabinda.

2.2 Climat

Le pays se situant de part et d’autre de l’équateur, le climat dominant est équatorial, chaud et humide en permanence, avec cependant des nuances selon la latitude et l’altitude. La partie centrale du territoire subit des pluies abondantes réparties sur toute l’année, la température se maintenant constamment autour de 26 °C. Au nord et au sud du pays se succèdent, en revanche, saison des pluies (durant en moyenne huit mois) et saison sèche. Sur le Ruwenzori et parfois sur les volcans Virunga, les chutes de neige sont importantes, le climat et la végétation évoluant avec l’altitude.

2.3 Végétation et faune

Les collines du Kivu, à l’est, piémont de la dorsale Congo-Nil, sont couvertes de riches pâturages, et leur riche terre volcanique est favorable aux cultures. Plus bas s’étend la forêt dense équatoriale, qui couvre les régions est et nord-est du pays. La vaste forêt de l’Ituri s’étend du confluent du Congo et de l’Aruwimi au lac Albert et couvre près de 65 000 km2. Elle constitue l’un des derniers habitats des Pygmées. De nombreuses espèces d’arbres à latex et de palmiers à huile sont cultivées dans la région, ainsi que le caféier et le cotonnier, le bananier, le plantain et le cocotier. La savane couvre les plus hautes régions périphériques du bassin du Congo.

La faune, abondante et diverse, comprend des espèces menacées de disparition, comme le gorille des montagnes dans les Virunga, l’éléphant, mais aussi d’autres grands mammifères comme le lion, le léopard, la girafe, l’hippopotame, l’okapi, le zèbre et le buffle. Les reptiles sont également représentés, avec le python et le crocodile, ainsi que les oiseaux avec le perroquet, le pélican, le flamant rose, le colibri, le héron et le pluvier. L’humidité du climat favorise la prolifération d’insectes, dont le moustique anophèle, porteur du parasite du paludisme. La mouche tsé-tsé, qui transmet la maladie du sommeil, vit principalement dans les plaines. (Voir trypanosome.)

2.4 Ressources et contraintes du milieu naturel

Le pays dispose d’imposantes ressources minières dans le Maniema, le Kivu et le Katanga, notamment le cuivre, l’uranium, l’or et les diamants. Les ressources en bois précieux et en bois d’œuvre (teck, ébène, cèdre d’Afrique, acajou, iroko et okoumé) sont considérables. La forêt, de type équatorial, représente 6 p. 100 de la surface forestière mondiale et environ la moitié de la forêt africaine, mais elle est de plus en plus menacée par les défrichements. Les ressources hydrographiques constituent une autre richesse naturelle du pays, qui possède l’un des plus grands potentiels hydroélectriques mondiaux. La centrale hydroélectrique inaugurée en 1972 à Inga, en aval de Kinshasa sur le Congo, est d’ailleurs la plus importante au niveau mondial, mais la capacité du barrage d’Inga demeure en grande partie inutilisée.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

La République démocratique du Congo compte sept groupes ethniques et près de trois cents sous-groupes. Les principaux groupes sont majoritairement bantous : Kongo, Batéké, Luba, Lunda et Kuba. Au nord-ouest du pays se trouvent des Nilotiques, les Pygmées, qui habitent les zones forestières.

La population était estimée à 68 008 922 habitants en 2008, avec une densité globale moyenne de 30 habitants au km2. Les foyers de peuplement sont concentrés dans la région minière du Shaba et dans le Bas-Congo. Moins d’un tiers de la population vit dans les zones urbaines. En 2008, le taux de natalité s’élevait à 42,50 p. 1 000, et celui de mortalité infantile à 64 p. 1 000, l’espérance de vie atteignant 57,6 ans.

Il n’existe qu’un système limité de sécurité sociale, réservé aux salariés, pour l’essentiel des fonctionnaires. Le système de soins demeure insuffisant, alors que le sida s’étend de façon alarmante. En avril 1995, une épidémie de fièvre hémorragique due au virus Ebola (du nom de la rivière Ebola, à proximité de laquelle s’est déclarée pour la première fois la maladie en 1976) a fait plus de cent soixante morts dans la région de Kikwit, à l’est de Kinshasa.

3.2 Découpage administratif et villes principales

Le pays est composé de la ville de Kinshasa et de dix provinces : Bandundu, Bas-Congo, Équateur, Kasaï-Occidental, Kasaï-Oriental, Katanga, Maniema, Nord-Kivu, Orientale et Sud-Kivu. Chaque région est administrée par un commissaire délégué.

La capitale Kinshasa, ville la plus peuplée du pays, est la seconde ville francophone au monde. Les autres grandes villes sont Lubumbashi, capitale du Katanga, Matadi, située au fond de l’estuaire du fleuve Congo, et Kisangani, principale ville à l’est du pays et dernier port sur la partie navigable du fleuve Congo (où il porte le nom de Lualaba).

3.3 Institutions et vie politique
3.3.1 Historique

Depuis la Constitution de 1967, révisée en 1978, le Zaïre, dirigé par Mobutu Sese Seko, se caractérisait par un régime présidentiel autoritaire à parti unique. Après les manifestations des étudiants et des opposants de 1989 et 1990, le Zaïre entre dans une transition chaotique vers la démocratie. En avril 1990, le président annonce l’abandon du parti unique. L’année suivante, après de nouvelles grèves et émeutes, soixante partis sont officiellement reconnus et une Conférence nationale est constituée, afin de doter le pays d’une nouvelle Constitution, qui doit être soumise à référendum.

En juin 1994, un nouvel accord entre Mobutu et les partis d’opposition démocratique permet d’instaurer un partage du pouvoir entre le président et une institution législative, appelée Haut Conseil de la république — Parlement de transition.

Après sa prise de pouvoir, en mai 1997, Laurent-Désiré Kabila dissout l’ensemble des institutions et forme un gouvernement constitué de ses proches, assumant seul les pouvoirs législatif et exécutif. Le pays plonge dans une guerre civile sanglante, alimentée par l’intervention militaire des pays environnants. Après l’assassinat, en janvier 2001, de Laurent-Désiré Kabila, son fils Joseph lui succède à la tête de l’État. Après des années de négociations avec les groupes d’opposition armés afin d’aboutir à une réconciliation nationale, Joseph Kabila instaure en juillet 2003 un gouvernement d’union nationale. La question de la répartition du pouvoir pour la direction du pays est réglée par la mise en place, aux côtés du président, de quatre vice-présidents représentant les principales forces d’opposition armées et non armées. Cette transition démocratique aboutit à l’adoption d’une nouvelle Constitution, approuvée par référendum en décembre 2005 et à la tenue, en 2006, d’élections multipartites, les premières depuis l’indépendance. Ce scrutin historique, qui concerne 25 millions d’électeurs, est organisé sous le contrôle d’observateurs internationaux et la protection de plusieurs milliers de soldats de l’ONU et de l’Union européenne. Il oppose principalement Joseph Kabila, soutenu par une trentaine de partis réunis au sein de l’Alliance pour la majorité présidentielle (APM), au vice-président Jean-Pierre Bemba, chef de file du Mouvement de libération du Congo (MLC) — il est boycotté par l’opposant de longue date Étienne Tshisekedi, leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). À l’issue d’un scrutin considéré comme globalement régulier et marqué par une forte participation, Joseph Kabila est élu au second tour avec 58,05 p. 100 des suffrages.

3.3.2 Organisation des pouvoirs

La Constitution adoptée le 17 février 2006 pose les bases d’un État démocratique. Elle instaure un régime semi-présidentiel dans un État unitaire, mais fortement décentralisé — les vingt-cinq provinces (plus la ville de Kinshasa) qui composent l’État sont en effet dotées d’une large autonomie exercée par une Assemblée et un gouvernement provinciaux.

Le chef de l’État est le président de la République. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire. Le Premier ministre dirige le gouvernement et conduit la politique de la nation, élaborée en concertation avec le président de la République. Les domaines clé des affaires étrangères, de la défense et de la sécurité sont du ressort commun du président de la République et du Premier ministre.

Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement composé de deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. L’Assemblée nationale comprend 500 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. Les sénateurs sont élus au suffrage indirect par les Assemblées provinciales pour un mandat de cinq ans. Le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale, qui peut voter une motion de censure. Le président de la République a le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de crise persistance avec le gouvernement.

Le pouvoir judiciaire est indépendant de l’exécutif et du législatif. Divisé en trois ordres juridictionnels, il est chapeauté par la Cour de cassation (ordre judiciaire), le Conseil d’État (ordre administratif) et la Cour constitutionnelle.

3.4 Langues et religions

La population du pays est majoritairement chrétienne, 47 p. 100 pratiquent le catholicisme et 28 p. 100 le protestantisme. La communauté musulmane est restreinte. Un habitant sur cinq adhère à des croyances animistes. Les religions syncrétiques (tel le kimbanguisme, regroupant 3 p. 100 de la population) fusionnent d’éléments issus du christianisme et de croyances traditionnelles.

Le français est la langue officielle de la RDC. Sur les 220 langues locales parlées en RDC (bantoues pour la plupart), quatre se sont imposées comme des langues nationales véhiculaires : le swahili (voir Langues d’Afrique), dont le nombre de locuteurs est évalué à 35 p. 100 de la population congolaise, est parlé dans les grands centres et surtout l’est du pays (Katanga, Nord et Sud-Kivu, et sud-est de la province Orientale) ; le lingala (environ 30 p. 100 de locuteurs) est parlé à Kinshasa et dans les provinces de Bandundu, de l'Équateur et Orientale ; le kikongo (environ 15 p. 100 de locuteurs) dans le Bas-Congo, et le tshilouba (15 p. 100 de locuteurs) dans les deux provinces du Kasaï.

3.5 Éducation

En 2005, le taux d’alphabétisation s’élevait à 89,8 p. 100. Trois enfants sur quatre étaient scolarisés à la fin des années 1980. Cependant, les tensions politiques des années 1990 ont provoqué la chute de la fréquentation des écoles dans plusieurs régions, la scolarisation des enfants de douze à dix-sept ans étant tombée en dessous de 40 p. 100. Bien que la scolarisation dans le troisième degré soit très faible, le pays compte trois universités, situées à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani.

3.6 Arts et vie culturelle

Les arts et les traditions culturelles, bien qu’influencés par les cultures européennes dans les zones urbaines, demeurent préservés dans les régions rurales (voir art d’Afrique noire ; littérature d’Afrique noire). À côté des musiques traditionnelles, s’est développée une musique populaire, le soukous, essentiellement urbaine, influencée par la musique afro-cubaine (voir musiques d’Afrique noire). Le pays dispose de plusieurs musées, dont les principaux sont situés à Kinshasa et Lubumbashi.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

Malgré la richesse minière du pays, le plus grand d’Afrique centrale, son produit intérieur brut (PIB) a chuté de 10 milliards de dollars en 1991 à 5,7 milliards en 2003. Après vingt ans de guerre et des décennies de corruption, le Congo est sur la voie de la normalisation. La mise en place d’institutions démocratiques (référendum constitutionnel de 2005, élection présidentielle de 2006) apparaît en effet comme le préalable à la restauration de l’autorité de l’État et au redémarrage de l’économie grâce à l’aide internationale – les grandes mines ne sont exploitées qu’à 10 p. 100 de leurs capacités en 2003 et 60 p. 100 du budget de l’État est financé par les bailleurs de fonds au milieu des années 2000. La dette extérieure s’élève à 11,6 milliards de dollars en 2004, tandis que plus de 75 p. 100 de la population vit avec moins de 1 euro par jour. La RDC a pu accéder à l’initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) et elle a retrouvé pour la première fois depuis dix ans une croissance positive en 2002. À noter, cependant, qu’en raison de l’anarchie et de la désorganisation qui affectent le pays depuis de nombreuses décennies, toutes les statistiques sont à prendre avec prudence.

4.2 Agriculture, forêts, pêche

L’agriculture occupe la majorité de la population active et représentait 45,7 p. 100 du PIB en 2006. Bien que les terres du bassin congolais soient fertiles, 3 p. 100 seulement de la superficie totale du pays sont consacrés à la culture. La production annuelle se compose essentiellement de manioc, principale culture vivrière, de maïs et d’arachide. Le café constitue la principale culture commerciale, avant le caoutchouc, le coton, le cacao et le thé. Les cultures de rapport ont considérablement chuté au profit des cultures vivrières après la nationalisation, dans les années 1970, des plantations exploitées par des étrangers.

En 2006, le bétail comprenait 20 millions de volailles, 4,02 millions de caprins, 757 000 bovins, 900 000 moutons et 960 000 porcs. L’élevage bovin est concentré sur les hauteurs, en raison de la forte présence de la mouche tsé-tsé dans les plaines.

La pêche, pratiquée surtout en eau douce, fournit une partie importante de l’alimentation.

En 2006, la production de bois était de 75,8 millions de m3, principalement utilisés comme combustible domestique, l’acheminement du bois vers la côte étant extrêmement difficile.

4.3 Mines et industries

15 p. 100 de la population active travaille dans les secteurs miniers et industriels, qui contribuaient pour 27,7 p. 100 au PIB en 2006. Les ressources minières constituent la principale richesse du pays, qui détient la moitié des réserves mondiales de cobalt et l’une des plus importantes réserves mondiales de cuivre. Il était d’ailleurs le premier producteur mondial de cobalt avec 6 100 t de minerai en 1996, deuxième pour les diamants en 1995 avec 20 millions de carats ; avant 1991, le cuivre était toutefois le produit d’exportation le plus lucratif. Les autres ressources minières sont l’étain, l’or, l’argent, le zinc, le manganèse, le tungstène et le cadmium. Les gisements de pétrole en mer sont exploités depuis 1975. Enfin, le barrage d’Inga, sur le fleuve Congo, représente le plus important potentiel hydroélectrique d’Afrique.

L’industrie, qui s’est développée autour de l’exploitation de minerais, en particulier du cuivre, a été particulièrement frappée par la récession économique et par la destruction des infrastructures à cause de la guerre (routes, ports…).

4.4 Secteur tertiaire

L’unité monétaire instaurée en 1993, le nouveau zaïre, divisible en 100 makuta, qui valait 3 millions d’anciens zaïres, est redevenue le franc congolais après l’arrivée au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila. L’opération de substitution visait à enrayer l’hyperinflation ; elle n’a cependant pas produit les résultats escomptés. Depuis 1995, le système bancaire a pratiquement cessé de fonctionner, le cours de la monnaie étant fixé par le marché noir.

Les difficultés commerciales du pays sont renforcées par la dégradation des voies de communication. Le chemin de fer, avec un réseau de 3 641 km, représente un important moyen de transport à l’intérieur du pays, et permet des liaisons avec le port angolais de Benguela, ainsi qu’avec l’est et le sud de l’Afrique. La détérioration des routes (153 497 km), depuis 1990, perturbe l’approvisionnement des marchés et le transport des ressources naturelles. Le réseau fluvial, s’étendant sur 17 285 km de voies navigables, est particulièrement utilisé, le Congo étant partiellement navigable, de son embouchure à la ville de Matadi et en amont de Kinshasa. Le pays dispose de cinq aéroports internationaux.

Les communications dépendent largement des transports aériens et des services télégraphiques.

4.5 Commerce extérieur

Le commerce extérieur de l’ancien Zaïre, traditionnellement déficitaire, avait paradoxalement connu un faible excédent en 1991 ; le cuivre représentait alors plus de la moitié des recettes d’exportation du pays. La Belgique, les États-Unis, l’Allemagne et la France sont traditionnellement les principaux partenaires commerciaux du pays.

5 HISTOIRE
5.1 Premiers peuplements

Des outils de pierre, découverts entre le lac Albert et le lac Édouard et datant de deux millions d’années, témoignent de l’ancienneté du peuplement. La cuvette congolaise est alors couverte d’une dense forêt primaire. Au Ier millénaire, des agriculteurs bantous pénètrent dans le pays et s’établissent dans la zone côtière ainsi que sur les plateaux orientaux et méridionaux, où ils défrichent la forêt et développent des chefferies. Les Portugais établissent un premier contact avec le royaume bantou du Kongo en 1482, formé au xive siècle, lorsque le navigateur Diogo Cam découvre l’embouchure du fleuve qu’il nomme Congo. On considère qu’à son apogée le royaume s’étendait de l’actuel Angola jusqu’au Gabon. En 1489, une ambassade du Kongo rend visite au roi du Portugal et, en 1490, des missionnaires franciscains et des artisans portugais s’installent dans la région. Alfonso, fils du premier roi converti, devient roi du Kongo en 1507 et entreprend de christianiser le royaume. Cependant, le royaume décline puis s’efface, et les Portugais se tournent vers l’Angola, où la traite des Noirs (voir esclavage) rencontre moins d'oppositions locales.

Au xvie siècle, des Lubas fondent, au sud, l’Empire lunda, qui prospère grâce au développement du commerce entre les deux océans, Atlantique et Indien. Il éclate, au siècle suivant, en plusieurs royaumes. La traite des Noirs, déjà pratiquée dans le bas Congo depuis le xvie siècle, se répand dans le bas Kasaï et le Katanga. Au xixe siècle, elle se développe davantage dans le Nord où elle permet aux Zande, guerriers originaires du Soudan, d’accroître leur puissance. La pénétration européenne est très tardive, les Européens demeurant sur la côte, dans des comptoirs, jusqu’à la seconde moitié du xixe siècle.

5.2 Annexion par la Belgique

De 1874 à 1877, l’explorateur britannique Henry Morton Stanley explore le fleuve Congo.

Ses récits renforcent l’intérêt croissant des Européens pour l’Afrique, considérée comme une source de richesses. Le roi des Belges Léopold II fonde, en 1876, l’Association internationale africaine (AIA). Mandaté par l’association, qui est dotée, en 1879, d’un pouvoir de souveraineté sur les territoires découverts, Stanley retourne dans le bassin du Congo afin de créer des pôles d’échanges commerciaux et d’établir des relations avec les chefs locaux. L’explorateur, obtenant le soutien de Tippo Tip, un aventurier esclavagiste swahili, fonde plusieurs comptoirs, parmi lesquels Stanleyville (actuelle Kisangani) et Léopoldville (actuelle Kinshasa).

D’autres États, dont la France et le Portugal, ayant également des revendications territoriales sur le Congo, la conférence de Berlin, en février 1885, reconnaît la souveraineté du roi Léopold II sur une grande partie du bassin du Congo et un débouché de celui-ci sur la mer, scindant en deux l’Angola portugais.

Le nouvel État libre du Congo détient alors le monopole du commerce sur le caoutchouc et l’ivoire, et s’efforce de capter à son profit le commerce traditionnel. L’absence de moyens et de voies de communications pour exporter jusqu’à la mer les produits de la cueillette (le latex) incite les compagnies privées à développer le portage à dos d’homme. En 1897, la culture du coton et du cacao est introduite, ainsi que le travail forcé. Cette exploitation — et l’effroyable mortalité occasionnée par le portage — émeuvent l’opinion publique, et une campagne est lancée depuis le Royaume-Uni afin de dénoncer les abus du régime léopoldien. Elle a pour effet d’accélérer le processus de colonisation. En 1906, la production du cuivre a commencé dans le Katanga et, l’année suivante, des gisements de diamants sont découverts dans le Kasaï. En 1908, le Parlement belge vote l’annexion de l’État libre du Congo, qui, alors possession exclusive du roi des Belges, devient celle de la Belgique.

Au cours de la Première Guerre mondiale, les troupes congolaises combattent aux côtés des Alliés et conquièrent une partie du Tanganyika (actuelle Tanzanie) et le territoire allemand du Ruanda-Urundi, qui est placé sous mandat belge par la Société des Nations (SDN), en 1919.

L’industrie congolaise se développe considérablement au cours de la Seconde Guerre mondiale, contribuant à l’effort de guerre des Alliés par la livraison de cuivre et d’uranium, utilisé pour la fabrication des deux premières bombes atomiques. Le développement industriel se poursuit durant l’après-guerre. En 1955, alors que montent les revendications indépendantistes de l’Abako (Association des Bakongos), fondée cinq ans auparavant par Joseph Kasavubu, et du mouvement « Conscience africaine «, créé en 1951, Baudouin Ier lance l’idée d’une communauté belgo-congolaise. Un plan est proposé par le gouvernement belge, qui prévoit de former les élites congolaises à l’administration.

Cependant, après l’interdiction d’une réunion de l’Abako, des émeutes éclatent à Léopoldville, en janvier 1959, le gouvernement belge annonce l’organisation d’élections locales, s’engageant à conduire le pays vers l’indépendance. Mais les dissensions entre les formations politiques se multiplient, les unes, tel le Mouvement national congolais (MNC) dirigé par Patrice Lumumba, défendant la constitution d’un État fédéral, les autres, tel l’Abako de Joseph Kasavubu ou, poussée par les intérêts miniers, la Conakat (Confédération des associations katangaises) demandant la création d’un État confédéral.

Une table ronde réunissant à Bruxelles les dirigeants des partis politiques congolais, les chefs coutumiers et les représentants du gouvernement belge, en janvier et en février 1960, fixe au 30 juin de la même année l’indépendance du Congo. La Loi fondamentale, qui est promulguée ensuite, ne tranche cependant pas la question du fédéralisme.

5.3 Indépendance et sécession du Katanga

En mai 1960, les élections donnent la victoire au MNC de Lumumba, qui cède cependant la présidence à Kasavubu, après la proclamation de l’indépendance, à Léopoldville, le 30 juin 1960.

Dès cette date, les violences se multiplient, tandis que les partis exclus du gouvernement contribuent également aux troubles et que les forces armées congolaises se révoltent. Afin de ramener le calme et de protéger les Européens toujours présents dans le pays, les forces belges demeurées sur le territoire sont renforcées par des troupes venues de Belgique. La population interprète ces opérations comme une tentative de retour de la puissance coloniale. S’ensuivent des actes de violence contre les Européens, à Léopoldville. Le désordre s’accroît lorsque, le 11 juillet, Moïse Tschombé proclame l’indépendance de sa province du Katanga avec l’appui de l’Union minière et demande l’aide militaire belge.

Répondant à l’appel du Premier ministre Lumumba, le Conseil de sécurité des Nations unies demande le retrait des Belges et décide d’envoyer des Casques bleus rétablir l’ordre au Congo. La force de l’ONU remplace progressivement les troupes belges, mais n’intervient pas directement. Lumumba se tourne alors vers les Soviétiques.

Le 5 septembre 1960, le président Kasavubu annonce qu’il destitue Lumumba, lequel dépose à son tour Kasavubu. Cependant, l’armée congolaise dirigée par le colonel Mobutu, partisan de Kasavubu, prend le contrôle du gouvernement. Le 29 septembre, le président Kasavubu transfère son autorité à un gouvernement provisoire dirigé par Mobutu. Lumumba est incarcéré, puis assassiné le 17 janvier 1961, dans la province du Katanga, où il a été transféré. En janvier, le président Kasavubu forme un nouveau gouvernement provisoire composé de membres de l’ancien Parlement, avec Joseph Ileo pour Premier ministre, les partisans de Lumumba faisant de même à Stanleyville avec Gisenga.

Le 21 février 1961, le Conseil de sécurité autorise l’ONU à recourir à la force, afin d’éviter une guerre civile au Congo. À la fin de l’année, l’armée nationale congolaise et les troupes de l’ONU lancent une attaque militaire contre celles de Tschombé. Alors qu’il négocie un cessez-le-feu entre les troupes de l’ONU et les forces katangaises, le secrétaire général de l’ONU, Dag Hammarskjöld, trouve la mort dans un accident d’avion, dont les circonstances n’ont jamais été élucidées. En décembre 1962, les forces de l’ONU prennent le contrôle d’Élisabethville (aujourd’hui Lubumbashi). Tschombé prend la fuite et se réfugie à Kolwezi. Le 15 janvier 1963, il se rend et obtient l’amnistie pour lui-même et ses partisans.

Si la sécession katangaise a pris fin, la rébellion des lumumbistes se poursuit : en août 1964, Pierre Mulele et Gaston Soumaliot soulèvent l’est du Congo, les rebelles prennent Stanleyville (aujourd’hui Kisangani). Le gouvernement dépêche des troupes régulières, qui, appuyées par des mercenaires européens et sud-africains, tentent de reconquérir la ville. Devant la menace des rebelles d’exécuter des otages européens, des parachutistes belges, transportés par des avions américains, sautent sur Stanleyville qu’ils reprennent le 24 novembre. Jusqu’en 1968, la guérilla muleliste se manifeste, l’armée congolaise utilise à plusieurs reprises des mercenaires pour la réduire. Des maquis continuent cependant à subsister dans les massifs proches du lac Tanganyika — Laurent-Désiré Kabila participe à l’un de ces maquis, qui reçoit pendant quelques mois la visite de Che Guevara.

5.4 Le gouvernement Mobutu

Après l’échec d’un gouvernement de coalition, Mobutu prend le pouvoir fin 1965 et, ayant déposé Kasavubu, se proclame président. En 1966, il instaure un régime autoritaire de type présidentiel, s’appuyant sur un parti unique, le Mouvement populaire de la révolution (MPR), entériné par une nouvelle Constitution l’année suivante. Les mines exploitées par des sociétés étrangères sont nationalisées. En 1970, Mobutu, élu pour un mandat présidentiel de sept ans, lance un vaste programme d’africanisation et de « retour à l’authenticité «, à l’origine d’un conflit avec l’Église catholique, opposée à la déchristianisation des prénoms pour une reprise des prénoms traditionnels. En 1971, Mobutu décide de changer le nom du pays, qui devient le Zaïre, le nom du fleuve Congo, également Zaïre, celui des villes et du lac Albert qui est rebaptisé Mobutu (la partie ougandaise du lac conservant le nom du mari de la reine Victoria).

Les revenus du pays, toujours très dépendants de l’exportation du cuivre, diminuent considérablement à partir de 1974, la chute des cours provoquant une aggravation de la dette extérieure, au moment où la crise économique internationale consécutive au premier choc pétrolier touche le pays. En 1976, Mobutu est contraint de réintroduire les entreprises étrangères dans le pays.

Le président, malgré l’orientation autoritaire du régime, maintient toujours des relations étroites avec la Belgique et la France, qui, aux côtés du Maroc, interviennent en 1977, puis en 1978, pour contenir de nouvelles tentatives sécessionnistes du Katanga (alors appelé Shaba), les rebelles étant soutenus par l’Angola.

Après que le pays a abandonné, en 1986, le programme d’austérité conditionnant les prêts du Fonds monétaire international (FMI), le Zaïre sombre dans une crise économique qui alimente l’opposition au régime. En 1990 se multiplient grèves et manifestations de protestation contre la corruption gouvernementale, le pillage des ressources du pays par le président et son entourage, la violation permanente des droits de l’homme et l’absence d’expression démocratique. Mobutu, pressé par les pays occidentaux de démocratiser le régime, accepte la réunion d'une conférence nationale et légalise, en 1991, les partis de l’opposition. Mais la démocratisation demeure chaotique, le président s’opposant à la Conférence nationale instaurée pour élaborer une nouvelle Constitution. Jusqu’en 1994, aux coups de force du président — révocation autoritaire du Premier ministre Étienne Tshisekedi, opposant déclaré, suspension arbitraire de la Conférence nationale — répondent émeutes et manifestations violemment réprimées par la garde présidentielle de Mobutu. À partir de juin 1994, cependant, la situation s’améliore progressivement, avec l’accord conclu pour le partage du pouvoir entre le chef de l’État et le Haut Conseil de la république — parlement transitoire. Les élections programmées pour juillet 1995 sont cependant reportées.

La situation politique et sociale demeure, en effet, incertaine, et l’afflux, à partir de la fin de l’année 1994, de 1,5 million de réfugiés rwandais hutu (fuyant la reprise du pouvoir par les Tutsi du Front patriotique rwandais à Kigali en juillet 1994) à la frontière orientale du Zaïre contribue à aggraver les désordres internes. La situation se dégrade durant l’été 1996, quand l’armée zaïroise et les miliciens hutu, les Interahamwes, qui contrôlaient les camps de réfugiés s’allient contre les Tutsi Banyamulenges. Ces pasteurs guerriers, installés depuis les années 1930 au Kivu, ont combattu au Rwanda dans les rangs du FPR et veulent s’opposer à l’extension des cultures d’exportations sur leurs pâturages ; ils repassent la frontière avec l’armée rwandaise et infligent de sévères défaites à l’armée zaïroise. Les chefs militaires rwandais, notamment le général Paul Kagamé, veut régler la question des camps de réfugiés contrôlés par les responsables du génocide des Tutsi. À la mi-octobre 1996, les camps proches de la région de Bukavu subissent les attaques des rebelles tutsi zaïrois (les Banyamulenges) dirigés par un vétéran de la rébellion muleliste : Laurent-Désiré Kabila, reconverti dans le commerce de l’or et de l’ivoire dans les années 1980. Durant l’automne 1996, les réfugiés hutu refluent en masse vers le Rwanda. Face à ces déplacements de population se déroulant dans des conditions dramatiques, et après de multiples tergiversations, la communauté internationale n’intervient pas. Partant de la frontière orientale, la rébellion zaïroise, équipée et soutenue logistiquement par le Rwanda, l’Ouganda et l’Angola, progresse rapidement vers l’ouest, prenant les régions de Goma, Bukavu et Kisangani, ainsi qu’en direction du sud vers les régions minières du Katanga et du Kasaï où les compagnies minières négocient leur soutien à Kabila. Le mouvement, structuré autour de Kabila et de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) progresse très vite, occupant des régions abandonnées par les autorités. L’armée zaïroise, qui, à l’exception de quelques unités d’élites, ne reçoit plus de solde depuis des mois, se retire en pillant les villes sur son passage. Privé des régions utiles du Zaïre, le maréchal Mobutu ne peut réagir.

Après la chute de Kisangani et la destitution de Kengo Wa Dongo, le président Mobutu annonce la constitution d’un « comité de négociations «. Face à ce conflit qui prend peu à peu l’allure d’une guerre civile, dix-sept pays membres du « Mécanisme pour la prévention et la résolution des conflits « de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) organisent un sommet à Lomé en mars 1997. Un plan de paix reposant sur la cessation des hostilités et sur l’ouverture d’un dialogue politique est élaboré, mais il n’est pas appliqué. Sur le terrain, les forces de l’AFDL continuent leur progression en direction de Kinshasa. Parallèlement, les pressions internationales se multiplient, et devant l’aggravation de la situation humanitaire, les médiateurs des Nations unies, des États-Unis et de l’Afrique du Sud parviennent à organiser une rencontre entre Mobutu et Kabila. Elle se déroule le 4 mai 1997 à bord d’un navire sud-africain, mais les deux hommes campent sur leur position.

5.5 La présidence de Laurent-Désiré Kabila et l’enlisement dans la guerre civile

En mai 1997, les troupes de l’AFDL entrent dans Kinshasa, et Kabila s’autoproclame président de la nouvelle République démocratique du Congo (RDC). Mobutu quitte le pays pour se réfugier au Maroc, où il meurt à Rabat la même année. Concentrant tous les pouvoirs, Laurent-Désiré Kabila se heurte à une forte contestation de la part des anciens opposants à Mobutu, écartés du pouvoir et dont il fait arrêter certains (Tshisekedi est mis en résidence surveillée), ainsi que des anciens mobutistes eux-mêmes. Le régime s’appuie sur les populations de l’est du pays, en particulier le Katanga, région natale de Kabila. Il refuse, par ailleurs, toute enquête de la part de l’ONU sur la disparition d’au moins 200 000 Hutu dans les forêts de l’est du pays, vraisemblablement massacrés par ses alliés rwandais d’alors. Un rapport de l’ONU, publié en 1998, accuse pourtant la RDC et le Rwanda de « crimes contre l’humanité «.

Le comportement hégémonique des Rwandais qui ont aidé Kabila ne tarde pas à faire resurgir les sentiments nationalistes et anti-tutsi au sein de la population. En juillet 1998, Kabila renvoie plusieurs ministres, dont ceux d’origine rwandaise, et demande aux troupes étrangères ougandaises et rwandaises de quitter le territoire. Peu après, les Tutsi Banyamulenge, qui l’ont aidé à prendre le pouvoir, se soulèvent et menacent de s’emparer de la capitale et du port de Matadi, tandis que le chef de guerre rwandais James Kabare chasse les troupes gouvernementales du Kivu et poursuit ses opérations contre les réfugiés hutu. Kabila demande l’aide du Zimbabwe, du Tchad, de la Namibie, du Soudan, et surtout de l’Angola qui, en sauvant Kinshasa, prend à revers ses propres rebelles de l'UNITA.

En février 1999, la situation se stabilise de part et d’autre de la rive droite de la Lualaba et du Congo jusqu’à la province de l’Équateur. Malgré une tentative de conciliation au Zimbabwe, les belligérants restent sur leurs positions. En revanche, Arthur Z’Ahidi Ngoma, « coordinateur de la rébellion « depuis 1998, puis Ernest Wamba dia Wamba, les principaux leaders congolais du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le mouvement rebelle, font défection, et l’Ouganda annonce qu’il commence à retirer ses troupes.

En juillet 1999, un cessez-le-feu est conclu à Lusaka (Zambie) par les six États (Angola, Namibie, Zimbabwe, RDC, Rwanda, Ouganda) impliqués dans le conflit, mais l’accord de paix n’est réellement signé que le mois suivant par les mouvements rebelles. Cet accord prévoit notamment le déploiement de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc), forte de 5 500 Casques bleus, chargée de vérifier le cessez-le-feu de cette guerre dans laquelle sont engagés plus de 40 000 soldats étrangers. La raison essentielle du conflit étant le contrôle des matières premières (diamants notamment) par groupes rebelles interposés, les belligérants campent sur leurs positions et, bien qu’alliés, en viennent parfois à s’affronter (combats renouvelés à Kisangani entre Ougandais et Rwandais). Le pillage des régions occupées et le climat de terreur que font régner les troupes d’occupation dans l’est du pays poussent, bien souvent malgré eux, les Congolais à se regrouper derrière le pouvoir de Kinshasa, tandis que l’ONU, dépourvue de moyens coercitifs, hésite à s’engager.

5.6 La présidence de Joseph Kabila et les tentatives de réconciliation nationale

En janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné à Kinshasa dans des circonstances mal élucidées. Au lendemain de ses obsèques nationales, son fils, Joseph Kabila, est investi président de la République par le parlement provisoire réuni en session extraordinaire. Âgé de vingt-neuf ans, il a grandi à l’étranger, en Tanzanie et en Ouganda, avant de revenir dans l’ex-Zaïre en 1996. Formé militairement en Chine, il parle le swahili, le français et l’anglais. Dans son premier discours, il s’engage à restaurer la paix afin de relancer le processus démocratique. Pour obtenir un soutien international, il effectue des visites diplomatiques dans dix-huit pays. Manifestant sa volonté de renouveau, il forme un nouveau gouvernement en avril 2001 dont sont exclus les proches de son père et lève les restrictions sur les partis politiques en se prononçant pour la tenue d’élections au plus tôt.

Alors que le dialogue intercongolais se poursuit à la suite de l’échec des rencontres d’Addis-Abeba, en octobre 2001, l’éruption du Nyiragongo, dans l’est de la RDC, en janvier 2002, ravage plusieurs villages et la ville de Goma (chef-lieu du Nord-Kivu et de la rébellion prorwandaise), provoquant la mort de plusieurs centaines de Congolais. Fort d’une quasi-légitimité internationale, Joseph Kabila enregistre de nombreux progrès au cours de l’année 2002. Après le retrait officiel de toutes les armées étrangères (rwandaise, ougandaise, angolaise, namibienne et zimbabwéenne) entre l’été et l’automne 2002, le processus de paix et de réconciliation nationale connaît une avancée importante en décembre 2002, avec l’accord de Pretoria sur la transition en RDC. Finalisé en avril 2003 après de difficiles négociations, favorisées par le président sud-africain Thabo Mbeki, cet accord prévoit la mise en place d’un gouvernement d’union nationale et la création d’une nouvelle armée nationale incluant les groupes d’opposition armés. Après la promulgation d’une nouvelle Constitution, Joseph Kabila forme en juillet 2003 un gouvernement de transition avec les représentants du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) d’Azarias Ruberwa et du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Mbemba, ainsi que de l’opposition politique non armée et de la société civile. Pour autant, les affrontements se poursuivent dans l’est du pays, nourris par des rivalités ethniques entre bandes armées. Le départ des troupes ougandaises est suivi de massacres interethniques entre milices Hema et Lendu autour de la ville de Bunia, en Ituri. Ce regain de violence entraîne le déploiement, en juin 2003, d’une force internationale dirigée par la France et mandatée par l’ONU afin de protéger la population civile. Celle-ci est remplacée quelques mois plus tard par un contingent de Casques bleus — les effectifs de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) comptent alors près de 17 000 soldats, ce qui fait de la Monuc la plus importante des missions de maintien de la paix menées par l’ONU.

Alors que les affrontements continuent dans l’est du pays, la transition démocratique se poursuit en décembre 2005 avec l’adoption par référendum d’une nouvelle Constitution, approuvée par 83,8 p. 100 des suffrages. Elle s’achève en juillet 2006 par la tenue d’élections générales historiques — il s’agit du premier scrutin libre et démocratique depuis l’indépendance. Ces élections, qui concernent plus de 25 millions de Congolais (l’un des plus grands électorats dans le monde), font l’objet de la plus grande attention de la part de la communauté internationale et se déroulent sous haute surveillance. Marquées par une forte participation malgré les difficultés d’organisation et les violences, elles se soldent par la victoire de Joseph Kabila, avec 58,05 p. 100 des suffrages au second tour du scrutin présidentiel, face à Jean-Pierre Bemba, qui conteste ce résultat.

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