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Convention nationale

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Convention nationale, pendant la Révolution française, assemblée représentative nationale formée le 20 septembre 1792, à la suite de l’Assemblée législative, et dissoute le 26 octobre 1795 pour laisser place au Directoire.

L’histoire de la Convention nationale, ainsi nommée à l’exemple des États-Unis d’Amérique, peut être divisée en trois périodes distinctes, séparées entre elles par des coups de force : d’abord une Convention girondine (jusqu’au 31 mai 1793, date de la proscription des Girondins), puis une Convention montagnarde (jusqu’au 27 juillet 1794, date de la chute de Maximilien de Robespierre) et enfin une Convention thermidorienne. Durant toute la période, la France — pourtant républicaine pour la première fois — a vécu une sorte de dictature de l’Assemblée dominée par ses membres successivement les plus forts.

2   UNE ASSEMBLÉE NÉE DE LA CHUTE DE LA MONARCHIE

Le 10 août 1792, les députés de la Législative, confrontés à la prise des Tuileries par le peuple parisien insurgé, recueillent le roi Louis XVI réfugié à l’Assemblée, entérinent sa déchéance et promettent la réunion d’une Convention nationale destinée à donner à la France une nouvelle constitution. Le principe fondamental du suffrage universel masculin est immédiatement adopté.

Les élections ont lieu les 26 août et 2 septembre 1792, dans le contexte infiniment troublé des « massacres « dans les prisons (à Paris, 1 100 à 1 400 détenus sont exécutés après un jugement sommaire). La participation électorale est extrêmement faible, à peu près 10 p. 100 du corps électoral, soit 700 000 votants. Le scrutin a lieu à deux degrés : les assemblées électorales issues du suffrage des assemblées primaires choisissent à haute voix les députés, les uns après les autres, sur la liste des candidats du département à la majorité relative.

La Convention comprend 749 députés, pour la plupart issus des élites cultivées de la nation : gens de justice (Maximilien de Robespierre, Pierre Vergniaud), gens de lettres (Camille Desmoulins, Jean-Louis Carra), gens de la finance ou du négoce (Joseph Cambon), savants ou médecins (Jean-Paul Marat), quelques nobles (Philippe d’Orléans, dit Philippe Égalité) et une cinquantaine d’ecclésiastiques (dont l’abbé Grégoire). Les députés, qui se répartissent dans l’Assemblée par affinité politique, se relaient successivement le pouvoir : quelque 250 Girondins, libéraux modérés se rassemblant derrière Brissot de Warville, s’imposent dès l’ouverture des débats ; une minorité de Montagnards, patriotes radicaux qui assujettissent progressivement les membres de l’hémicycle et détrônent les Girondins en mai-juin 1793 (Georges Danton, Maximilien de Robespierre et Jean-Paul Marat en sont les têtes de file) ; enfin, environ 400 modérés constituant la Plaine (ou Marais), faction d’indécis oscillant entre Gironde et Montagne, s’imposent à leur tour avec la réaction thermidorienne.

3   CONVENTION GIRONDINE (21 SEPTEMBRE 1792-31 MAI 1793)

Au cours de la première période de la Convention nationale, dite Convention girondine, l’Assemblée est sous l’influence des « brissotins « ou Girondins, révolutionnaires modérés opposés à la centralisation parisienne du pouvoir. Dès sa première réunion, le 21 septembre 1792, la Convention abolit la monarchie et décide le lendemain de dater ses décrets de l’an I de la République ; ainsi est créée la Ire République française. En décembre s’ouvre le procès du roi Louis XVI qui est condamné à mort pour trahison le 20 janvier 1793 et exécuté le lendemain. Sous l’influence des Montagnards de Robespierre, la Convention institue le Tribunal révolutionnaire (10 mars) et le Comité de salut public (6 avril) bientôt revêtu de pouvoirs dictatoriaux. Confrontée aux difficultés économiques et financières, elle instaure le cours forcé de l’assignat (11 avril) et vote la loi du maximum sur le prix du grain (4 mai).

Cette activité intense est menée dans un contexte politique et militaire extrêmement troublé. Sur le plan militaire, après les victoires de Valmy (20 septembre 1792) et de Jemmapes (6 novembre), les armées françaises peuvent durant l’hiver desserrer l’étau des armées coalisées et le général Dumouriez porte la contre-offensive jusqu’aux Pays-Bas autrichiens. La Savoie accueille le général Montesquiou en libérateur. Mais le printemps 1793 est catastrophique : vaincue à Neerwinden (18 mars), l’armée française doit se replier et, en Vendée, une insurrection éclate en mars 1793 contre le gouvernement révolutionnaire (voir guerre de Vendée).

Sur le plan politique, la Gironde est très rapidement confrontée à l’hostilité non seulement des révolutionnaires jacobins, très présents sur les bancs de la Montagne, mais également à celle des sections parisiennes de la Commune et à celle d’une partie croissante de la Plaine — Lazare Carnot se rapproche ainsi des Montagnards dans l’hiver 1792. À plusieurs reprises, les Girondins sont mis en cause soit pour leur excessif modérantisme — ils auraient souhaité ne pas exécuter le roi — soit pour trahison avérée — le général Dumouriez passe à l’ennemi en avril 1793. Fédéralistes, ils ont affirmé dès septembre 1792 vouloir « réduire Paris à 1/83 d’influence « : l’hostilité des Parisiens, entretenue par une presse jacobine déchaînée, leur est fatale. Les 31 mai-2 juin 1793, la Garde nationale parisienne fait pression sur la Convention qu’elle encercle de canons, et obtient la proscription de la plupart des dirigeants girondins (voir journées des 12 et 14 prairial an I).

4   CONVENTION MONTAGNARDE (2 JUIN 1793-27 JUILLET 1794)

En réponse à la menace extérieure ainsi qu’aux mouvements contre-révolutionnaires et à ceux des fédéralistes girondins, la Convention passée sous l’influence des Montagnards — d’où son nom de Convention montagnarde — adopte le 24 juin 1793 une nouvelle Constitution faisant une large place à la démocratie directe, ainsi qu’une deuxième Déclaration des droits de l’homme. Provisoirement reportée jusqu’à la paix, elle n’a jamais été appliquée. Parallèlement, sous l’influence des plus radicaux, elle institue le régime de la Terreur (5 septembre 1793) et vote la loi des suspects (17 septembre), sous l’autorité du Comité de salut public dominé par Maximilien de Robespierre depuis le mois de juillet. Immédiatement, la Terreur s’abat sur des personnages de premières importances : la reine Marie-Antoinette, les Girondins proscrits et le prince de sang Philippe Égalité. En octobre 1793 est adopté le calendrier républicain.

Pendant l’année où ils sont au pouvoir, les Montagnards doivent mener de constants combats à la fois sur les fronts de la guerre à l’extérieur et à l’intérieur et sur le front des luttes sociales et politiques.

Sur le plan militaire, le Comité de salut public — dont les membres sont chaque mois renouvelés par la Convention — confie pour l’essentiel les choix stratégiques à Lazare Carnot, qui devient pour la postérité l’« organisateur de la victoire «. En effet, des victoires comme celle de Fleurus (26 juin 1794) permettent aux soldats de l’an II de vaincre les puissances coalisées de l’Europe et de porter la guerre jusqu’en Allemagne et en Hollande.

Sur le plan politique, la Convention montagnarde, au sein de laquelle une minorité radicale domine l’ensemble des députés de la Plaine, doit combiner les exigences de la défense de la patrie avec la transformation à la fois économique, politique et sociale du pays. Selon les comités dirigeants — Comité de salut public, Comité de sûreté général —, la révolution doit être totale ; la chasse aux suspects, aspect le plus dramatique de la Terreur, associe la peur du complot intérieur et le désir de régénérer la société en l’épurant. Les excès de la Terreur (élimination systématique des adversaires de Robespierre : « dantonistes « ou « indulgents «, « hébertistes «, « enragés «) ainsi que des mesures économiques très dirigistes (lois sur l’accaparement, sur le maximum général et sur l’emprunt forcé) qui menacent le libéralisme auquel la majeure partie des députés est attachée, et un anticléricalisme exacerbé (institution du culte de la Raison, du culte de l’Être suprême), amènent ces derniers à organiser la mise en accusation de Maximilien de Robespierre et des membres du Comité de salut public devant la Convention : les 9 et 10 thermidor an II (27-28 juillet 1794), plus de cent responsables jacobins sont condamnés à mort et exécutés.

5   CONVENTION THERMIDORIENNE (28 JUILLET 1794-26 OCTOBRE 1795)

La chute de Robespierre ouvre une période de réactions, menées par les « thermidoriens «, contre les sans-culottes et les Jacobins. Tandis que les profiteurs et les agioteurs s’enrichissent, qu’une jeunesse dorée s’affiche dans un luxe éhonté (muscadins, incroyables et merveilleuses), la Convention thermidorienne doit faire face aux insurrections d’un peuple qui a faim (1er avril et 20-22 mai 1795) et à la menace royaliste lors du débarquement d’une armée d’émigrés à Quiberon, le 15 juillet 1795. Dans le midi de la France, une Terreur blanche (réactionnaire) succède à la Grande Terreur « robespierriste «.

Dominée par la bourgeoisie conservatrice, la Convention thermidorienne marque la fin de l’élan révolutionnaire. Son œuvre principale est le retour à la liberté économique (abrogation de la loi sur le maximum, le 24 décembre 1794), la confirmation de la séparation de l’Église et de l’État (21 février 1795) et la rédaction d’une nouvelle Constitution, instaurant un suffrage censitaire.

Sur le plan militaire, la Convention thermidorienne poursuit l’élan de l’an II et révèle la personnalité de généraux brillants, souvent très jeunes et sortis du rang comme Jean-Baptiste Jourdan, Jean Victor Moreau, Lazare Hoche ou Napoléon Bonaparte ; imprégnés des idéaux révolutionnaires de 1789, ils participent à la création, dans les territoires qu’ils conquièrent, du thème de la « Grande Nation « française, qui apporte la lumière et libère les peuples. La Convention est finalement dissoute le 26 octobre 1795, lors de l’instauration du Directoire.

6   LE LEGS DE LA CONVENTION

La Convention nationale est ainsi la première assemblée élue au suffrage universel, la première assemblée républicaine en France. Elle exerce un contrôle constant sur le pouvoir exécutif et montre une exceptionnelle capacité d’innovations en matière sociale, politique, économique et militaire ; le travail des députés envoyés en mission dans les départements ou aux armées permet de donner une cohérence à l’action de défense de la France et de la Révolution. Si la Terreur, le procès de Louis XVI ou la guerre de Vendée restent aujourd’hui encore objet de débats politiques et historiques houleux, il n’en demeure pas moins que la Convention a su sauver, avec la Révolution, les acquis de 1789 et exporter dans toute l’Europe ce que Saint-Just définissait comme une « idée neuve « : le bonheur.

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