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Convention thermidorienne

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Convention thermidorienne, durant la Révolution française, troisième et dernière période de la Convention nationale, de la chute de Robespierre à l’ouverture du Directoire (27 juillet 1794-26 octobre 1795).

La chute de Maximilien de Robespierre, le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), ouvre une période de réaction contre le radicalisme de la Terreur montagnarde. Dominée par les députés conservateurs du centre de l’hémicycle (le Marais), la nouvelle Convention nationale — dite Convention thermidorienne — met en partie un terme aux grands élans révolutionnaires depuis 1789. Cependant, depuis quelques décennies, des études historiques ont rendu ses lettres de noblesse à cette période longtemps reconnue comme transitoire et annonciatrice du régime des Directeurs.

2   LA DOUBLE MISSION DES THERMIDORIENS

En quinze mois, la Convention thermidorienne a une double mission à mener : vaincre les ennemis de la France révolutionnaire à l’intérieur et à l’extérieur, et donner au pays une nouvelle Constitution républicaine.

2.1   La Constitution de l’an III

Deux constitutions sont déjà sorties des réflexions révolutionnaires : la Constitution de 1791 instituant la monarchie constitutionnelle, puis la Constitution montagnarde adoptée en 1793. Mais la chute de Maximilien de Robespierre rend caduc le régime précédent et laisse de facto le pays dans un vide constitutionnel.

Pour la plupart sincèrement attachés à la République qu’ils ont créée mais craignant à la fois une recrudescence jacobine et une réaction contre-révolutionnaire, les Thermidoriens adoptent le 22 août 1795 une nouvelle constitution. Cette Constitution de l’an III annonce un régime laissant un large pouvoir aux notables et aux élites : en réservant deux tiers des sièges de représentants aux Conventionnels, le « décret des deux tiers « — adopté le 30 août — assure la survie de la République. Preuve en est, lorsque les royalistes tentent une insurrection à la suite des élections d’octobre 1795, la Convention a les moyens de se prémunir du coup d’État et dépêche contre eux un jeune général acquis aux idées révolutionnaires : le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), Napoléon Bonaparte montre en effet, dans la répression de cette vaine tentative, une incontestable fidélité républicaine.

2.2   Succès militaire des Conventionnels

Le bilan de l’œuvre militaire de la Convention thermidorienne est également positif. Sous l’influence de Lazare Carnot et avec l’appui de jeunes généraux pénétrés d’idéaux révolutionnaires (tels Lazare Hoche et Jean-Baptiste Jourdan), les armées républicaines continuent à faire reculer les coalisés. Les Autrichiens sont chassés de Flandre, Mayence est prise, et la Hollande est vaincue le 30 janvier 1795. Plusieurs traités marquent l’échec de la coalition européenne contre la France : les traités de Bâle (5 avril et 22 juillet 1795) confirment les défaites prussienne et espagnole ; le traité de La Haye (16 mai) entérine pour sa part la disparition de la Hollande au profit d’une République sœur, la « République batave «. Enfin, après l’échec du débarquement anglais à Quiberon en juillet 1795, l’armée révolutionnaire peut définitivement mater la rébellion vendéenne et la Chouannerie bretonne.

3   LA FRANCE THERMIDORIENNE
3.1   L’apologie des sciences

Si le patriotisme donne aux soldats de l’an II et de l’an III une remarquable pugnacité, celle-ci est également valorisée par l’utilisation de plus en plus systématique des acquis de la science. Ainsi, le télégraphe optique mis au point par Claude Chappe devient un instrument indispensable de liaison entre les états-majors. Les Thermidoriens, pénétrés des idées physiocratiques et éclairées (voir siècle des Lumières et physiocrates), ont à cœur de fournir à la République des élites savantes : la création de l’École polytechnique le 21 ventôse an II (11 mars 1794) à l’instigation de savants comme Gaspard Monge, et celle de l’École normale supérieure le 9 brumaire an III (30 octobre 1794) sur le rapport de Joseph Lakanal en sont deux illustrations.

3.2   La « Terreur blanche «

Cette volonté de valoriser les élites intellectuelles est liée à l’affirmation d’un credo libéral en rupture avec le dirigisme des Montagnards. Le 24 décembre 1794, les maxima des prix et des salaires sont abolis et, le 31 janvier 1795, le libre commerce avec l’étranger est de nouveau autorisé.

Ces mesures, comme la violente répression qui a marqué les 9-10 Thermidor, placent les sans-culottes dans une situation extrêmement dangereuse et précaire. La fermeture du club des Jacobins le 11 novembre 1794 et le retour des Girondins ayant survécu à la proscription de juin 1793 confirment que l’heure est à une autre terreur, la Terreur blanche, qui frappe cette fois les terroristes d’hier. Dans le sud-est et à Paris, les violences contre les anciens Jacobins sont nombreuses. Deux « journées « révolutionnaires sanctionnent dans le sang la fin du mouvement parisien (1er avril et 20 mai 1795).

3.3   Les « incroyables « et « merveilleuses «

L’atmosphère semble donc propice à la contre-révolution. À Paris, les « incroyables « et les « merveilleuses « tiennent le haut du pavé, arborant ostensiblement un luxe proscrit durant le règne des sans-culottes, rossant avec enthousiasme ceux qui leur passent sous la main, refusant d’utiliser la lettre « R «, initiale d’une Révolution dont ils se sentent libérés. Toute une littérature dénonce la « trygocratie « robespierriste et submerge les quelques journaux révolutionnaires encore vivants comme le Tribun du peuple de Gracchus Babeuf.

Reste que la dernière période de la Convention nationale, moment de conquête et de nouvelle terreur, est également une période qui a contribué de façon décisive à l’enracinement de l’idée républicaine en France.

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